Le lauréat du Prix Cazes, l’un des prix les plus anciens et les plus singuliers de la scène littéraire française, bientôt dévoilé.
Le Prix Cazes
Cette distinction, fondée en 1935 par Marcellin Cazes, figure légendaire de la restauration parisienne, a traversé les époques en conservant son esprit d’origine: célébrer, en toute liberté, une œuvre littéraire contemporaine, loin des contraintes institutionnelles et des feux tapageurs de la mondanité. Il s’agit donc cette année, de la 89ème édition du Prix Cazes.
Une tradition née dans l’effervescence intellectuelle
Située au coeur du quartier littéraire de St Germain des Prés, la Brasserie Lipp est un haut lieu de mémoire.

Véritable institution, elle garde intact le charme d’un lieu où résonne encore l’écho des grandes heures de la vie parisienne.
Fondée en 1880 par Léonard Lipp sous l’enseigne “Brasserie des bords du Rhin”, elle fut reprise en 1920 par la famille Cazes, auvergnate d’origine mais parisienne de cœur, qui l’agrandit pour mieux accueillir ce que Marcellin Cazes appelait joliment “les trois clientèles de Lipp”.
À midi, les hommes d’affaires ; au crépuscule, les intellectuels ; et le soir venu, “le tout-Paris”.
Écrivains, éditeurs, artistes, magistrats, figures du Quartier Latin : tous trouvaient dans cette maison un refuge élégant où les esprits pouvaient se croiser sans jamais s’entrechoquer.
Un palmarès en liberté
Depuis près de neuf décennies, le Prix Cazes s’attache à débusquer des talents singuliers, parfois encore dans l’ombre des projecteurs, mais dont la voix porte. Libéré de toute logique de carrière ou de stratégie éditoriale, il est décerné par un jury de personnalités exigeantes, pour qui la lecture demeure un exercice de curiosité, de finesse et d’enthousiasme.
Sous la présidence de Léa Santamaria, et avec des membres tels que Mohammed Aïssaoui, Nicolas d’Estienne d’Orves, Christine Jordis ou encore Marie Charrel, le jury 2025 a su composer une sélection où diversité stylistique et puissance narrative se conjuguent avec brio.
Les finalistes de l’édition 2025
Pour cette 89e édition, six œuvres sont en lice :
– Rien n’est plus grand que la mère des hommes de Diana Filippova (Albin Michel) : un texte dense et méditatif sur les origines, le lien à la terre et les figures maternelles universelles.
– Un perdant magnifique de Florence Seyvos (L’Olivier) : une exploration subtile de la fragilité humaine, portée par une écriture d’une grâce discrète.
– Les deux tilleuls de Francis Grembert (Arléa) : récit d’un enracinement rural, d’une mémoire vivante, où les arbres deviennent gardiens des histoires oubliées.
– La loi du moins fort de David Ducreux Sincey (Gallimard) : un roman social à la tension maîtrisée, interrogeant les mécanismes de domination à l’échelle intime.
– Un coup de pied dans la poussière de Baptiste Fillon (Le bruit du monde) : fresque sensible d’une jeunesse en quête de sens, entre lucidité et rage contenue.
– Malestroit de Jean de Saint-Chéron (Grasset) : chronique délicate d’un monde qui s’efface, dans la veine d’un classicisme littéraire assumé.
La littérature, comme une respiration
Derrière cette initiative discrète mais ô combien précieuse, se dessine un attachement profond à la parole écrite, à sa capacité de dire le réel sans jamais l’enfermer. Le Prix Cazes, en cela, incarne un idéal littéraire rare : celui d’une distinction sans bruit, où l’on célèbre avant tout la qualité d’un texte, son audace ou sa douceur, son pouvoir d’émotion ou de révélation.
Le jury 2025
Léa SANTAMARIA (Présidente), Gérard de CORTANZE, Mohammed AISSAOUI, Eric ROUSSEL, Christine JORDIS, Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES, Mathilde BREZET, Gautier BATTISTELLA, Marie CHARREL, Claude GUITTARD (secrétaire général)
Une maison, une âme
Il n’est pas anodin que cette récompense soit remise chez Lipp, temple de la mémoire intellectuelle et artistique de Paris.
Classée “lieu de mémoire” par le ministère de la Culture, cette brasserie aux boiseries d’acajou continue d’accueillir le tout-Paris, de la scène politique à la sphère culturelle, sans jamais trahir son héritage. Lipp est, plus qu’un décor, un personnage à part entière de la vie littéraire française.
Dans une époque où tout s’accélère, le Prix Cazes offre une halte bienvenue : une célébration de la littérature dans ce qu’elle a de plus libre, de plus intemporel, et de plus profondément humain.
En 2024, Nathan Devers recevait le Prix Cazes pour Penser contre soi-même (Albin Michel).
La révélation du lauréat 2025
Le lauréat a été désigné hier soir à la brasserie Lipp à St Germain des Prés à Paris.
En cette soirée mythique où une foule se pressait dans la salle du fond de la non moins mythique Brasserie Lipp, le public était réuni dans une atmosphère festive, où de nombreuses personnalités du monde de l’édition ainsi que des journalistes spécialisés dans le domaine littéraire étaient présents.
C’est avec grande fierté que Francis Grembert a été récompensé pour son œuvre « Les deux tilleuls » (Arléa), ajoutant ainsi un nouveau chapitre à l’histoire du Prix Cazes.

Hâte de connaître les révélations de la prochaine édition!