Le Festival Off touche à sa fin et je ne saurais le laisser se terminer sans vous présenter PAULINA interprétée par Clémence Caillouel que je suis allée applaudir au SHAM’S.

PAULINA vous dérangera ou enthousiasmera mais une chose est sûre,  ne vous laissera pas indifférent(e).

Sur scène, Clémence Caillouel porte une jupe en lambeaux et un soutien-gorge…

Ses bras, son torse et ses jambes sont maculés de sang…

Clémence Caillouel (PAULINA)
Clémence Caillouel (PAULINA)

Et elle parle. D’un ton atone. Un long monologue à la manière d’une litanie, parfois entrecoupée d’épisodes narratifs. Tristes.

Comme toutes les femmes dont elle nous dévoilera les noms, Paulina s’est fait violer, battre à mort puis la voiture dans laquelle on l’avait violée lui a roulé dessus .. et c’est comme ça. Et elle nous le raconte les yeux vides, sans la moindre émotion visible. Alors que nous spectateurs, on a envie de pleurer … ou d’exterminer furieusement ces hommes responsables de toutes ces vies brisées à jamais.

Paulina Elizabeth Luján Morales avait 16 ans, elle était mexicaine. Le 12 mars 2008 elle est enlevée, violée et assassinée dans l’état de Chihuahua, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.

Paulina est l’une des victimes du féminicide mexicain. Des femmes tuées parce qu’elles sont des femmes. Des milliers de femmes assassinées dans la violence la plus extrême et en toute impunité.

Ce spectacle est une sonnette d’alarme.

Il en faut.

Les « Paulina » sont encore trop nombreuses de par le monde pour que nous choisissions de fermer les yeux. De ne pas les voir et de ne pas entendre leurs appels au secours.

Le spectacle a pour fondement un texte d’Angélica Liddell adapté de « La maison de la force » (Prix national de littérature dramatique, Espagne, 2012).

Angélica Liddell écrit : « Quand je parle de mon propre destin dans « La maison de la force », ce n’est pas du narcissisme. Je le fais pour pouvoir parler des femmes assassinées de Ciudad Juarez : la sensibilité part toujours de l’individu pour aller vers le collectif. »

À voir pour la performance exceptionnelle de Clémence Caillouel, autant que pour (re)prendre conscience du drame que vivent ces INNOMBRABLES FEMMES ASSASSINÉES OU/ET HUMILIÉES (comme celle qui, enfermée dans une chambre d’hôtel à Venise raconte sa souffrance) DANS LA PLUS TOTALE IMPUNITÉ.

 

JESSICA WALKER est membre fondateur du Teatro del Silencio, l’une des plus importantes compagnies chiliennes des années 90. Au sein du Laboratorio Teatro, elle développe depuis 18 ans un théâtre expérimental qui repose sur l’union entre technique et spiritualité et fait naître un théâtre intime, explosif, émotionnel et vivant.

PAULINA  a d’abord été joué pendant 2 ans en langue espagnole. Depuis Février 2017, le spectacle se joue aussi en français. En septembre 2017, PAULINA reçoit le 1er Prix du Festival Les Floréales Théâtrales au Théâtre de Ménilmontant. Le spectacle a été produit par la compagnie La Volada de 2016 à 2018. La production déléguée est reprise par antisthène à partir de janvier 2019.

Infos pratiques

PAULINA d’après Angélica Liddell

Spectacle joué en espagnol et en français

Traduit de l’espagnol par Christilla Vasserot

DU 5 AU 28 JUILLETRELÂCHES : 8, 15 et 22 Juillet

à 22h au SHAM’S

25, rue Saint Jean Le Vieux
84000 – Avignon

Mise en scène : Jessica Walker

Interprète(s) : Clémence Caillouel

Régisseur : German De Diego

RÉSERVATIONS : +33 (0)7 68 61 84 45 – +33 (0)6 60 96 84 82

 

 

 

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