Odile, lavandière de l’Histoire
Actuellement à l’affiche au théâtre du Guichet Montparnasse à Paris, « Odile lave le linge des autres, UN COMBAT DE 1938 à 1998 » est bien plus qu’un simple monologue.
C’est une traversée sensible, drôle, et bouleversante de tout un siècle à travers les yeux d’une femme ordinaire devenue héroïne de l’ombre.
Une pièce portée seule en scène par l’autrice, metteuse en scène et comédienne Martine Ladoire-Tornil, fondatrice de la Compagnie des Arceaux, qui signe ici une œuvre nécessaire.
Une vie de linge, de luttes, de dignité
Odile naît en 1920 dans un petit village. Sa vie bascule dès 14 ans lorsqu’elle doit quitter l’école – malgré l’obtention brillante de son certificat d’études – pour reprendre le poste de lavandière de sa mère malade.
La pièce débute en 1938, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Odile, 18 ans, s’engage bientôt dans la Résistance, lavant même le linge tâché du sang des hommes, en silence mais en force.
Après la guerre, les lavoirs de campagne ferment les uns après les autres.
Odile monte à Paris.
Elle y devient lingère chez une veuve aisée, féministe, qui l’ouvre au militantisme. Petit à petit, Odile trouve sa voix, s’instruit, s’engage, et saisit sa liberté grâce à l’évolution du droit des femmes. Elle finit par devenir sa propre patronne grâce à la loi de 1965 qui permet enfin aux femmes mariées d’avoir un compte en banque et de travailler sans l’autorisation de leur mari. De là, elle ouvre un lavomatic. Le progrès social passe aussi par la machine à laver !
Un récit individuel, une mémoire collective
Ce qui rend cette pièce profondément humaine, c’est la manière dont la petite histoire croise la grande. Le destin d’Odile rejoint celui de milliers d’autres femmes : ouvrières, mères, résistantes, citoyennes.
À travers ses épreuves et ses combats, se dessinent en filigrane les grandes avancées féminines du XXe siècle :
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Le droit de vote (1944)
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L’accès à son propre salaire (1965)
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L’IVG (1975)
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La fin du délit d’adultère (1975)
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Le divorce par consentement mutuel (1975)
La parole d’Odile est directe, vibrante, souvent teintée d’humour, de tendresse, parfois de colère. Elle est aussi toujours empreinte d’une profonde humanité. Elle parle aux femmes nées autour des années 50, qui y reconnaîtront leur propre parcours. Elle interpelle les jeunes, les hommes comme les femmes, en leur offrant un miroir sur le passé et un éclairage sur les combats qu’il reste à mener.
Une interprétation habitée, une mise en scène incarnée
Martine Ladoire-Tornil, seule sur scène, donne vie à Odile avec une justesse bouleversante. Elle est tour à tour adolescente, lavandière, résistante, lingère, militante… Chaque époque qu’elle traverse se reflète dans sa voix, son regard, son langage.
Une performance de haute volée, servie par une écriture sensible, vive, jamais didactique, toujours ancrée dans le vécu.
Cette pièce féministe, oui, mais jamais militante au marteau, nous fait rire, pleurer, réfléchir. Elle rend hommage aux invisibles, aux travailleuses de l’ombre, aux lavandières de la dignité.
Un moment de théâtre rare, utile, et vibrant
Odile lave le linge des autres est une pièce précieuse dans un monde où les droits conquis semblent parfois vaciller. Elle nous rappelle, avec force et délicatesse, que rien n’est jamais acquis, et que la solidarité est encore notre meilleur levier pour avancer.
À voir absolument, pour se souvenir, comprendre, transmettre… et continuer le combat, ensemble.
Dernières représentations ! Ne tardez pas à réserver !
INFOS PRATIQUES
« Odile lave le linge des autres, UN COMBAT DE 1938 à 1998 »
de et avec Martine Ladoire-Tornil
Mise en scène : Martine Ladoire-Tornil
du 25 Avril au 1er Juin 2025
Les vendredis et samedis à 19h, les dimanches à 17h
Théâtre du Guichet Montparnasse, Paris
Merci à l’attachée de presse Dominique Lhotte qui nous a invités à découvrir ce spectacle
