Dans « Blanc de Blanc », Shu Okuno ne raconte pas une histoire, il la brode, point après point, avec le fil invisible de l’émotion.
Un tailleur. Une aiguille. Du tissu. Et puis, soudain, le geste devient langage, l’atelier un théâtre du souvenir, et l’habit, la mémoire d’une vie.

L’art du geste comme peinture vivante de l’âme humaine
Ce seul en scène sans parole, subtil et envoûtant, est une ode à la poésie du corps, un hommage à ceux que l’on ne voit plus – les artisans, les anonymes, les “petites personnes” – et un miroir tendu à chacun de nous.

Présenté en 2024 dans une première version au Théâtre Transversal lors du Festival Off d’Avignon, le spectacle avait déjà séduit par sa puissance évocatrice et sa grâce gestuelle. Mais Shu Okuno, perfectionniste et poète du mouvement, a choisi de retravailler sa dramaturgie.
Trois résidences plus tard, aux côtés du comédien et metteur en scène Thibaut Boidin, il livre une nouvelle version affinée, à découvrir au Théâtre Golovine à 14h durant l’édition 2025 du Festival Off.
Une traversée de l’ombre vers la lumière
Au cœur de ce spectacle se trouve un personnage solitaire : un tailleur enfermé dans son monde de silence et de fil blanc. Son quotidien s’ouvre sur un monde intérieur foisonnant, à mi-chemin entre l’absurde et le sublime.
Entre danse, mime, théâtre corporel et éclats de gestes suspendus, le corps de Shu Okuno devient un territoire d’exploration où chaque mouvement révèle un fragment de mémoire.
Shu Okuno signe ici une œuvre d’une rare délicatesse, influencée par son héritage japonais autant que par sa formation auprès de Marcel Marceau.
Mais loin de l’imitation, il a trouvé son propre langage : un art du geste qui puise dans la simplicité esthétique japonaise et la densité expressive de la danse contemporaine.
Une musique qui épouse les mouvements
La partition musicale est signée Jordane Tumarinson, compositeur et pianiste découvert par Shu Okuno pendant les confinements. Les notes de piano, sensibles et épurées, accompagnent le spectacle comme une respiration profonde. Elles deviennent l’âme sonore du personnage, faisant surgir les images d’un passé réinventé.
Quant à la scénographie minimaliste, elle est conçue par Nanako Ishizuka, architecte japonaise reconnue, collaboratrice du cabinet Dominique Perrault Architecture.
Écologique, épurée, elle crée un espace ouvert à tous les imaginaires, où la lumière joue avec le vide pour sublimer le geste.
Une œuvre internationale, profondément humaine
De Tokyo à Paris, en passant par Cologne, Zagreb ou encore Kobe, Shu Okuno a imposé son style : un art universel, sans paroles, où chaque spectateur comble les silences par ses propres souvenirs. C’est ce qui rend « Blanc de Blanc » si personnel, si universel à la fois.
Ce spectacle est aussi un récit intime. Celui d’un artiste japonais arrivé en France sans connaître la langue, confronté au silence et à l’exil. Ce silence, aujourd’hui, il en a fait sa matière première. Il ne cherche pas à peindre avec des mots, mais avec des gestes. Shu Okuno est un peintre-mime, un poète du mouvement, et « Blanc de Blanc »est son autoportrait en haïku visuel.
Une reconnaissance artistique en plein essor
Formé à l’École Internationale de Mimodrame de Paris, diplômé de Paris 8, primé à Albi, invité dans de nombreux festivals internationaux, Shu Okuno est aujourd’hui l’une des voix les plus singulières de l’art du geste en Europe. Sa Compagnie franco-japonaise OBUNGESSHA, active en France et au Japon, prône une esthétique sans paroles, centrée sur le Beau, le Subtil et l’indicible.
Soutenu par le Ministère de la Culture du Japon et des institutions françaises comme le CND, Shu Okuno mène également un travail de transmission, tant à travers des ateliers que par l’enseignement universitaire, notamment à l’Université de Kônan (Kobe) dès 2025.
« Blanc de Blanc », un chef-d’œuvre de silence et de lumière, où l’art du geste devient mémoire du monde.
À ne pas manquer cet été au Festival OFF d’Avignon.
INFOS PRATIQUES
« Blanc de Blanc »
Auteur, chorégraphie & interprétation : Shu OKUNO
Compositeur : Jordane TUMARINSON
Oeil extérieur : Thibaut BOIDIN
Scénographie : Nanako ISHIZUKA
Du 5 au 26 juillet 2025 à 14 h (relâche les lundis)
1 Bis Rue Sainte-Catherine – 84000 Avignon
T. 04.90.86.01.27