Bruno Decharme et Maurice Renoma, dans un geste de mécénat artistique et animés par une
fascination commune pour l’art brut, s’associent pour rendre cet art accessible au plus large public à travers un choix d’œuvres exceptionnelles du 15 septembre au 4 novembre 2022 à l’Appart Renoma (129bis rue de la Pompe, Paris 16e).
MATIÈRES l BRUT est une exposition qui témoigne de la passion des deux amis pour les créations issues de la rue, des productions d’autodidactes, de marginaux, d’âmes en errance, ceux que Jean Dubuffet nommait « l’homme du commun à l’ouvrage ».

Des femmes et des hommes qui n’ont que leur création pour survivre.
Cette exposition réunit 34 artistes, certains connus, d’autres découverts récemment.

Parmi les figures de référence, seront exposés : Aloïse Corbaz, Henry Darger, Janko Domsic, Madge Gill, Miguel Hernandez, Augustin Lesage, Judith Scott, Harald Stoffers, Adolf Wölfli.
Une attention particulière sera réservée à Achilles Rizzoli, avec Mother in Metamorphosis Idolized (encre sur papier), montrée au public pour la première fois.

Achilles-Rizzoli-1896-1982-Mother-in-Metamorphosis-Idolized-date-November-11-1938-encre-sur-papier-139-×-95-cm.-©-Jacky-Varlet-©-droits-reserves
Achilles-Rizzoli (1896-1982)
Mother in Metamorphosis Idolized- November, 11th 1938-encre-sur-papier-139×95cm ©Jacky Varlet ©droits-reserves


Également des œuvres de : Noviadi Angkasapura, Anselme Boix-Vives, John Byam, Jaime Fernandes, Giovanni Galli,Hans-Jörg Georgi, Martha Grünenwaldt, Guyodo (Frantz Jacques, dit), Itsuo Kobayashi, Zdenek Kosek, Alexandre Lobanov, Dwight Mackintosh, Edmund Monsiel, Koji Nishioka, Masao Obata, Miloslava Ratzingerova, Mary T. Smith, Scottie Wilson (Louis Freeman, dit), Mose Tolliver (Moses Ernest Tolliver, dit), Yasuyuki Ueno, Anna Zemankova, Carlo Zinelli.

Pour dialoguer avec cette collection exceptionnelle,Maurice Renoma présente ses «Photos Ratées »

Des clichés spontanés et intimistes, « accidents » de ses propres pulsions.
L’Appart Renoma et l’exposition MATIÈRES l BRUT s’associent à Outsider Art Fair Paris dans la démarche commune de montrer au plus grand nombre ces trésors de l’art brut.

L’Art Brut en quelques mots

Depuis son apparition, le concept d’art brut ne cesse d’interroger nos perceptions esthétiques, nos définitions de l’art et les certitudes concernant notre identité. Aujourd’hui, à travers le regard de
nouveaux collectionneurs, de chercheurs, d’un public de plus en plus nombreux, mais aussi par
l’intérêt naissant d’autres acteurs du champ de l’art, notamment contemporain, les interrogations
sur le concept évoluent.
Si l’art brut a survécu à Jean Dubuffet, son inventeur, il a connu aussi sa préhistoire enracinée
dans ce qu’on appelait, au début du XXe siècle, « l’art des aliénés », que les premières collections
psychiatriques surent préserver et qui retinrent l’attention d’intellectuels intuitifs.

Carlo Zinelli (1916-1974), Sans Titre, vers 1967

Dans les années 1940, Dubuffet, avec le concours d’autres artistes et intellectuels, initie une recherche et commence à collecter ces productions qu’il qualifie d’art brut.


Qui sont ces créateurs dont les œuvres représentent pour nous une sorte d’authenticité artistique, ces témoins d’un autre monde, objet tout à la fois de nos rêves et de nos craintes ? Ils sont étrangers à la culture des beaux-arts, étrangers aux rituels et aux lieux qui constituent celle-ci :
écoles, foires, circuits marchands, musées, institutions, supports de communication. Étrangers aux courants et influences stylistiques, aux labels et procédés techniques en usage.

C’est parmi les malades mentaux doués de capacités hautement créatives que Dubuffet a mené ses recherches, mais aussi parmi les spirites et ceux vivant dans l’isolement des campagnes, dans l’anonymat des villes ou dans une solitude qu’on pourrait qualifier d’autistique.

Si le territoire de l’art brut est celui de « l’homme du commun à l’ouvrage », selon
l’expression du peintre, on pourrait tout aussi bien dire que leur destin est « hors du commun »,
puisqu’une étrange nécessité les propulse dans une fièvre de création où ils s’absorbent tout entiers.

L’inventivité qui caractérise ces artistes, d’un genre particulier, est redevable essentiellement à leurs capacités psychiques propres, jusque dans les emprunts qu’ils font à la culture de tous.
La plupart d’entre eux ne s’adressent pas à nous mais à une altérité, se pensant investis d’une
mission d’ordonnance – du monde – dictée par une instance « supérieure ».

MAURICE RENOMA/ BRUNO DECHARME, ÉCHANGES INFORMELS

MR : Pourquoi fait-on cette exposition ensemble ?


BD : Peut-être parce que ton histoire et ta façon de voir les choses correspondent parfaitement
avec l’art brut : un chaos organisé, l’art du patchwork, ta liberté.

MR : Tu l’as bien dit, l’art du patchwork… Mes créations consistent à mélanger des matières, des tissus, des inspirations, des sensations, des images, différentes approches artistiques, comme la photo.

BD : L’art brut, cette mosaïque éclectique composée d’artistes et d’œuvres aussi uniques que variées, est mon filtre de vie. Tout, ou presque, s’y réfère.

MR : Nos points d’intérêt communs se rejoignent autour cette exposition : Matières l Brut.

MAURICE RENOMA : L’Appart Renoma n’est pas une galerie normale. C’est plutôt un lieu ouvert de rencontres et d’échanges. Nous sommes honorés de ta présence et de pouvoir exposer des œuvres d’artistes extraordinaires issues de ta collection.


BRUNO DECHARME : Cette exposition va montrer les œuvres de certains « classiques de l’art brut », comme on les appelle, mais aussi d’autres oeuvres produites par des artistes d’aujourd’hui. L’idée est de donner au public un aperçu de l’art brut dans toute sa diversité.

MR : Ces artistes sont pour moi une source d’inspiration. C’est eux qui donnent le ton. Moi, je suis un couturier de la rue, « je pompe dans la rue », il n’y a pas plus riche que la rue.
La création vient de la liberté de l’esprit, du vagabondage.

BD : Si ces artistes sont pour nous des sources d’inspiration, il faut toujours avoir à l’esprit leurs conditions de vie. En marge de la société, dans une forme d’altérité psychique, ils vivent souvent dans le plus grand dénuement, et les exposer est une façon de leur dire combien ils nous sont proches.

MR : Ces productions et ces artistes ont toujours été des sortes de modèles, mais également des énigmes pour les artistes « normaux ».


Comment, en effet, des gens aussi fracassés par la vie parviennent-ils à produire des œuvres aussi magnifiques ?

C’est fabuleux, un miracle.

BD : J’entends parfois dire que ces œuvres peuvent être dérangeantes. À cela je réponds : Heureusement!

Pour moi l’art doit déranger, dans le sens de nous amener à regarder différemment le monde.
Étrangers au monde de l’art, ces artistes de l’art brut nous montrent le hors-cadre, le hors-norme. Si l’effet de leurs productions est subversif, il l’est d’une façon spontanée, sans calcul. Il n’y a jamais de leur part la volonté de « choquer le bourgeois ». L’art brut nous indique un décalage, nous fait faire un pas de côté.

MR C’est tout ce qui nous intéresse.

BRUNO DECHARME

À l’issue d’études de philosophie, Bruno Decharme commence à travailler dans le cinéma : il réalise des courts-métrages, des clips, des films publicitaires et des documentaires. En 2000 sort Rouge ciel, un essai sur l’art brut, le premier long-métrage consacré à ce sujet (90 min). S’ensuivent de nombreux portraits filmés d’artistes bruts.
En 2012, Bruno Decharme réalise un film sur Faiz Ali Faiz, une des grandes voix du Qawwalî, et sa rencontre avec le musicien Titi Robin.
À la fin des années 1970, il commence à constituer une collection d’art brut qui comptait en 2021 plus de 5 000 œuvres et recensait 400 artistes, réunissant des pièces majeures des principaux créateurs de l’art brut du XVIIIe siècle à nos jours.

En 1999, il fonde l’association abcd (art brut connaissance & diffusion), un laboratoire de recherche dont les travaux prennent corps à travers des expositions, des publications et la production de films, sous la direction de Barbara Safarova.
En 2021, il fait don de près de 1 000 œuvres de 229 artistes au Musée national d’art moderne – Centre Georges-Pompidou, permettant ainsi de créer un département d’art brut jusqu’alors ignoré dans les collections de ce musée.

MAURICE RENOMA

Maurice Renoma est un visionnaire inclassable qui a su créer, de la mode à l’image, une esthétique
pulsionnelle donnant vie à un univers transgressif et foisonnant.

En 1963, la boutique White House Renoma ouvre ses portes : considérant la mode comme une forme
d’art à part entière, Maurice Renoma commence à exprimer à travers le vêtement une vision originale
et libérée de tout préjugé esthétique.

Renoma bouscule les codes et marque un réel tournant dans l’histoire de la mode : toute une génération porte d’ailleurs son nom, la « Génération Renoma ».
Au début des années 1990, Maurice Renoma développe une passion pour un nouveau moyen d’expression : l’image.

C’est la vie même qui devient le sujet principal de ses créations. Son parcours se présente comme une suite continue d’expériences et de productions visuelles sur des supports différents : il passe de l’argentique au numérique, du noir et blanc à la couleur, du nu au paysage et à la nature morte.
Dans l’art comme dans la mode, il est autodidacte.
Il expérimente le patchwork, la réutilisation et la réappropriation en liberté et sans tabou : les images et les matières deviennent des formes à modeler et à mélanger pour créer des associations audacieuses, inédites.

PHOTOS RÂTÉES …


À l’occasion de cette exposition, Maurice Renoma a choisi de présenter une sélection de photographies inédites.Des photos prises sans intention ni réflexion ; des accidents du présent.

Ces images n’ont pas été conçues pour devenir des objets artistiques. Elles sont des accidents, des
prises ratées qui sont parfois la genèse d’œuvres abouties de son parcours.
Au début des années 1990, Maurice Renoma se tourne instinctivement vers la photographie. Il y trouve un medium qui lui permet d’exprimer spontanément sa façon de voir le monde, de se comporter, d’exister.
Ces premières images constituent de véritables carnets de notes visuelles et saisissent les mouvements de la vie, des ombres et des corps.
Son geste est automatique et intime, voué à capter le bruit de l’existence, la forme des émotions, la
dimension des actes manqués.
Cette photographie de l’intime fige les sujets dans des situations « volées », par accident, dans les
instants avant et après la vraie mise en pose ; les flous créés préservent le mystère des individus et
effacent les frontières entre fiction et réalité, ombre et lumière, perversions et vertus.

Cette magnifique œuvre d’Aloïse Corbaz (de la collection Bruno Decharme) est exposée à l’Appart Renoma.

Cependant, dans le cadre d’une collaboration autour de l’Art brut avec l’Appart Renoma, c’est elle que l’Outsider Art Fair Paris qui se tient actuellement à la Galerie Richelieu a choisie pour son affiche.

affiche outsider art fair 2022-zenitudeprofondelemag.com

INFOS PRATIQUES

L’EXPOSITION « MATIÈRES | BRUT » À l’APPART RENOMA

129bis rue de la Pompe, 75116 Paris (entrée par la boutique)

du 15 septembre au 4 novembre 2022
L’accès à l’exposition est gratuit sur réservation
du mardi au samedi de 11h à 18h.