J’ai enfin trouvé le temps de me rendre à l’Archipel!

Parce qu’il faut vous dire que ce spectacle, je l’avais râté au Festival d’Avignon et que je tenais absolument à le voir.

 Je n’ai pas été déçue et quelque chose me dit que je retournerai peut-être…

Ce spectacle a pour origine un livre autobiographique paru en 2007 et l’adaptation théâtrale m’a paru une évidence tant le ton est émouvant et grave à la fois.

L’histoire familiale de Derec rejoint l’Histoire et c’est en cela qu’elle nous parle à tous de façon universelle.

Mais pas d’envolée identitaire provocante ni misérabiliste, loin de là. Juste une voix, celle de Jean-François, une voix si particulière et reconnaissable entre toutes pour peu que l’on fréquente de manière régulière les salles de Théâtre. 

Il lui aura fallu 40 ans pour comprendre ses origines, lui qui se croyait breton et que moi- moi-même d’ailleurs je pensais comme tel.

Son nom de famille a été coupé et comme il le dit avec drôlerie à l’ouverture de la pièce, son zizi aussi… Mais cela n’avait aucune signification pour lui.

Il lui a fallu la complicité amoureuse de Christine,  à 10 ans, pour entâmer là- dessus un parcours raisonné et plutôt existentiel…

« L’action se passe à Grenoble. J’ai 10 ans.
Christine, 11 ans, me propose de me montrer ses seins si je baisse mon pantalon.
Je suis timide, je décline la proposition. Elle me lance :
« Je sais pourquoi tu ne veux pas me le montrer. Parce que tu es juif et que tu as le zizi coupé en deux ! »
Le ciel m’est tombé sur la tête.
Ma mère était-elle au courant qu’elle avait mis au monde un enfant juif ?
Devais-je lui dire ?
Comment arrêter d’être juif et devenir un vrai Grenoblois comme tout le monde ?
 »

La mise en scène de Georges Lavaudant, sobre et juste, met en valeur la voix profonde du comédien qui conserve tout au long du spectacle un ton alerte et poignant.

À titre personnel,  j’aurais peut-être aimé quelques ruptures de ton afin de pallier un débit par moments trop monocorde. Mais cela n’enlève rien à la qualité d’interprétation de Derec qui évolue avec brio et émotion sa chronique familiale car dans ce spectacle, plusieurs voix se mêlent dont celle de sa mère, drôle elle aussi et si humaine.

Courez voir ce spectacle et vous y passerez un joli moment dans la salle bleue de l’Archipel.

En sortant,  il est probable que vous recentriez sur votre propre identité, qu’elle soit juive ou pas…

Infos pratiques

PROLONGATIONS ! > > REPRISE À PARTIR DU 1er FÉVRIER 
Du 1er février au 12 avril 2020
Les samedis à 20H et les dimanches à 16H

LE JOUR OÙ J’AI APPRIS QUE J’ÉTAIS JUIF

Un seul-en-scène de et avec : Jean-François Derec
Mise en scène : Georges Lavaudant
Lumières : Georges Lavaudant et Cristobal Castillo-Mora

Durée : 1h15
Salle : Bleue

Théâtre de l’Archipel – 17 BD de Strasbourg – Paris 10e.

Réservations ICI

Article écrit par notre chroniqueuse cultu Brigitte Corrigou

Un grand merci à l’attachée de presse Dominique Lhotte de nous avoir permis de découvrir ce spectacle.