En cette saison théâtrale, la Comédie Bastille lève le rideau sur une œuvre passionnante.
« L’affaire Corneille – Molière », une pièce de Marc Tourneboeuf, mise en scène par Julien Alluguette.
Cette pièce interroge avec finesse et érudition la paternité des œuvres de Molière, question qui a suscité de nombreux débats au fil des siècles.
Traversant les époques de 1672 à 1968, en passant par les années folles, elle nous convie à une enquête palpitante.
Le point de départ : la Sorbonne, avril 1968, au cœur d’un Paris en ébullition…
Henry Marais, éminent professeur à la Sorbonne, ravive une controverse littéraire (*):
Et si Pierre Corneille était le véritable auteur des pièces attribuées à Molière ?

Intrigués par cette hypothèse, trois étudiants – Alaïa, Arthur et Avrell – se lancent dans une quête effrénée de la vérité. Leur investigation les mène à travers les méandres du temps et de l’histoire, où chaque découverte est aussitôt contredite, où les obstacles se multiplient, suggérant l’existence d’une volonté obscure désireuse de préserver ce secret.

La distribution
Une pléiade d’excellents comédiens : Marc Tourneboeuf ou Adib Cheikhi, Jean-Philippe Bêche ou Fabian Richard, Damien Bellard ou Lancelot Courcieras, Grétel Delattre ou Cécile Covès, Iona Cartier ou Mathilde Cerf, et Nathan Robain ou Martin Jaugey.
Ils endossent avec brio une multitude de rôles insufflant vie à plus de trente personnages en jouant de variations de voix et d’attitudes (et de costumes aussi bien sûr), nous entraînant dans un tourbillon théâtral où se mêlent intrigue, humour et réflexion.


Forts de leur talent, ils accomplissent la prouesse de rendre les personnages facilement reconnaissables et immédiatement identifiés en dépit d’entrées et de sorties de scène extrêmement rapides…
Mise en scène (Julien Alluguette), scénographie (Georges Vauraz) et décors (conçus par le Studio Baba) s’alignent pour constituer un écrin visuel parfait!
Une mise en scène moderne qui contraste avec l’intemporalité du sujet.
Julien Alluguette (le metteur en scène de la pièce) nous explique :
« C’est une pièce qui débute en 1968, avec trois étudiants de La Sorbonne qui veulent étudier sur cette fameuse affaire dans le cadre d’un concours d’éloquence. S’en suit alors au fur et mesure de leurs découvertes un tourbillon temporel allant de 1672 aux années 1920. Pour autant je ne souhaitais pas en faire une pièce « vintage » aux aspects désuets. l’ai donc opté pour une mise en scène épurée mais inventive, où les accessoires auront une place importante, mais mettre avant tout en valeur le texte
et le jeu des acteurs. «
Les lumières de Denis Koransky – chaque lieu dispose de sa propre ambiance
lumineuse – enrichissent l’atmosphère.
La musique
Les compositions musicales de Nathan Robain enrichissent l’atmosphère.
L’artiste/musicien est présent au pied de la scène, jouant en live à l’aide d’une boite à samples, ce qui induit – musicalement parlant – la projection dans les différentes époques.
Nous passons ainsi d’une soirée guindée à la Comédie Française, à un café puis à une course poursuite en voiture.
Et pour finir, le décor :
Graphique et efficace, le décor joue avec des effets de transparence et de profondeur pour naviguer rapidement d’un tableau à l’autre. Il y a aussi ces photos visibles, articles, noms, éléments de recherches des trois jeunes gens, qui tissent ainsi les fils rouges de leur enquête. Tout ceci contribue à nous inclure totalement dans cette affaire.
Les costumes signés par Mona Le Thanh et Marion Viel apportent s’il en était besoin, une touche d’authenticité et d’élégance.
Bref tout est parfaitement à sa place !
RENCONTRE AVEC L’AUTEUR
Interrogé sur la genèse de la création de cette pièce, Marc Tourneboeuf (l’auteur de la pièce) nous confie :
« …en découvrant le destin plutôt tragique de l’un des acteurs principaux de cette histoire, le poète Pierre Louÿs, qui a consacré sa vie à la chose littéraire et notamment à l’affaire Corneille Molière.
À l’époque, en 1919, il est le premier à mettre le doigt sur les similitudes qui existent entre les deux dramaturges classiques mais tout le monde lui rit au nez.
Le personnage est haut en couleur, de santé chancelante, héroinomane, consommateur abusif d’alcool …
Pris de pitié pour son histoire et d’admiration pour son opiniâtreté j’ai d’abord eu envie de rendre la parole à ce malheureux obstiné aujourd’hui totalement oublié.«
Notre avis : Ne manquez pas cette occasion unique de plonger au cœur d’une énigme littéraire fascinante!
Réservez vos places dès maintenant et laissez-vous emporter par cette aventure théâtrale hors du commun.
Un immense merci à l’attachée de presse Dominique Lhotte qui nous a invités à découvrir cette belle pièce.
(*)En 1919, l’écrivain Pierre Louÿs avait déjà émis l’hypothèse que Molière n’était que le prête-nom de Corneille…
En octobre 1919, le poète et bibliophile Pierre Louÿs feuillette deux volumes pour le moins poussiéreux. D’un côté, Mélite, la première œuvre du gigantesque dramaturge Pierre Corneille. Ce travail a la particularité d’être une comédie. De l’autre, Le Bourgeois gentilhomme, signé Molière, ce monstre de la comédie théâtrale à la française, considéré comme le meilleur auteur de son siècle.
Pierre Louys est persuadé d’avoir mis le doigt sur quelque chose d’explosif. Poète lui-même, romancier, journaliste également, l’homme de lettres, respecté de ses pairs, reste figé face à ce qu’il perçoit maintenant comme une évidence : Molière, acteur, chef de troupe de génie, n’a jamais été l’auteur de ses pièces connues du monde entier. Non, sa plume est le plus sublime prête-nom d’entre tous : elle s’appelle Pierre Corneille.
… théorie relancée au début des années 2000. Cependant, des études récentes, notamment celle menée par Florian Cafiero et Jean-Baptiste Camps en 2019, tendent à réfuter cette thèse, affirmant que « Molière fait partie de ceux qui s’isolent le mieux. Il s’identifie extrêmement bien. Il n’y a vraiment pas de doute. »
INFOS PRATIQUES
L’AFFAIRE CORNEILLE MOLIÈRE
de Marc Tourneboeuf
Mise en scène : Julien Alluguette assisté de Blandine Guimard
avec (en alternance) Marc Tourneboeuf ou Adib Cheikhi,
Jean-Philippe Bêche ou Fabian Richard,
Damien Bellard ou Lancelot Courcieras,
Grétel Delattre ou Cécile Covès,
Iona Cartier ou Mathilde Cerf
et Nathan Robain ou Martin Jaugey
Scénographe : Georges Vauraz
Conception décor : Studio Baba
Créateur Lumières : Denis Koransky
Créateur Musiques : Nathan Robain
Costumes : Mona Le Thanh et Marion Viel
Représentations du 9 février au 29 juin 2025
mercredi & vendredi à 19h
jeudi & samedi à 21h
et le dimanche à 17h.