J’ai découvert trois pièces la semaine dernière et si j’ai choisi de vous présenter en premier celle qui se joue le jeudi à 21h au Théo Théâtre c’est parce qu’il ne reste que deux représentations avant le départ de la troupe pour Avignon.
Il s’agit d’une pièce écrite par Harold Pinter en 1958.
HOT HOUSE a été montée plus de 20 ans après, le au Hampstead Theater de Londres dans une mise en scène de l’auteur.
En France, la pièce est créée au Théâtre de l’Atelier en 1986 dans une mise en scène de Robert Dhéry sous le titre de Hot House ou Le Chauffoir avec Michel Bouquet dans le rôle de Roote.
L’histoire
C’est Noël. Dans un établissement médical – probablement un hôpital psychiatrique – Roote, le directeur – un ancien militaire au caractère atrabilaire – s’entretient avec son adjoint le docteur Gibbs. L’heure est grave. En effet, deux évènements imprévus sont venue perturber le cours de la vie de l’établissement. Le numéro 6457 est mort et le numéro 6759 vient d’accoucher…
Qui a assassiné le patient 6457 ? Qui est le père de l’enfant ? Où est donc passé Lamb, le cadre subalterne responsable des serrures ? Que contient la mystérieuse cabine 2-A ? Comment mesurer les impulsions électriques engendrées par l’activité neurale ? Et pourquoi le gagnant de la tombola de Noël n’est-il pas venu chercher son canard ?
Les réactions des uns et des autres vont s’enchaîner jusqu’à atteindre un point de non retour …
Les personnages
Professeur A. Roote, Directeur général (Ugo BARD)
Suite à son passé militaire, il est sujet à des crises d’hyper stimulation et d’hyper vigilance en réaction à un trouble post-traumatique sous- jacent. Souffre d’insomnie et manifeste une très grande irritabilité. Bouffées de chaleurs répétées comme manifestation extérieures dustress. Forme d’hypertrophie du moi soupçonnée avant son entrée dans l’institution (diagnostic rejeté depuis).
Considère son accession au grade de directeur comme la reconnaissance méritée de son parcours au service de l’Etat. Révolutionne le fonctionnement de l’institut en rendant directement visite aux patients dans leurs chambres, «loin de l’atmosphère protocolaire pesante, dans un esprit de saine et franche camaraderie ». Apprécie tout particulièrement le whisky de qualité qu’il consomme très régulièrement, un alcool qui, selon ses termes : « fortifie le corps et raffermit l’esprit. »
Mais est-il aussi « right man in a right place » que ça ?
Docteur D. Cutts, Cadre Supérieur (Emilie Rodriguez)
Docteur en physique-chimie, notamment spécialisée dans le génie électrique.
Nymphomane exacerbée, son hyper sexualité se manifeste notamment par l’emploi récurrent d’un vocabulaire tendancieux ainsi que par un comportement extrêmement tactile et une manipulation obsessionnelle compulsive des objets qui l’entourent. Littéralement obsédée par l’idée de paraître « suffisamment féminine » elle profite du fait qu’elle soit l’unique femme cadre de l’institution entière, pour se montrer hyper manipulatrice envers ses collègues masculins.
Docteur P. Lush, Cadre supérieur représentant ministériel (Léo Joudi)
Diplômé en psychatrie dans le domaine de la pédiatrie, il est également employé par le ministère dans le cadre de l’évaluation des résultats obtenus par les établissements de Sir Fred Moah, avec pour objectif « d’identifier les éventuels vices de procédures et de fluidifier les rapports patients- soignants ». Il a, à ce titre, intégré l’équipe de cadre sous la double casquette de médecin et de rapporteur.
Enfant, il était atteint de troubles oppositionnels avec provocations dont il s’est soigné après de longues années de travail. Il en a gardé cependant un certain attrait pour le conflit ainsi qu’une légère catatonie qu’il compense par un narcissisme latent et une personnalité extrêmement joueuse. Il considère ses propres collègues comme « des patients comme les autres, et dont il faut prendre soin ! »
Docteur C. Gibbs, Cadre supérieur, Adjoint de direction (Rodolphe Milton Vivant)
Diplômé de Psychologie, Psychologie expérimentale et Criminologie. S’engage dans le corps de l’armée de terre à la sortie de l’université. Mobilisé, il vit extrêmement mal la confrontation aux exactions de guerre, ainsi que la proximité avec ses camarades soldats. Il est toutefois remarqué pour sa dévotion sans faille.
Personnalité particulièrement parcimonieuse, méfiante et méthodique. Enthousiaste et dévoué quant à sa mission de cadre au sein de l’établissement, manifeste un grand intérêt pour les soins liés aux neurosciences. Très loyal, notamment envers son supérieur dont il subit quelques abus. Un lien est possible avec la recherche d’une figure paternelle, ayant été élevé par sa mère exclusivement. Gêne importante, voire maladive en présence de toute personnalité féminine, probablement due à la présence surprotectrice de cette même mère chez laquelle il vit toujours par ailleurs. Quelques légers troubles obsessionnels compulsifs observés (ex : Bégaiement, soudaine tension musculaire…) ATTENTION : Possibilité de réactions violentes et soudaines ; son passé militaire n’y est probablement pas étranger. Individu EXTRÊMEMENT calculateur, mais pas de comportement manipulateur observé.
Lamb, Cadre Subalterne (Rémi Poureyron)
Historique inconnu, date d’arrivée inconnue, aucun profil établi. Taille moyenne, poids moyen, personnalité neutre. Informations complémentaires : souriant.
L’intégralité de l’action se déroule dans le bureau de la direction.
Au centre sur le bureau, un téléphone, les différents agendas et les dossiers des patients. Contre le mur du fond se trouve le matériel médical, les livres de médecine neurochirurgicale et les différents traités de psychiatrie, ainsi que quelques représentations de l’anatomie humaine, notamment concernant la boîte crânienne et les hémisphères cérébraux. Contre le mur, côté cour, sont accrochés les portraits des directeurs ayant précédé Monsieur Roote…
A l’avant-scène, côté cour, se dresse le mini bar rempli des meilleures bouteilles de whisky – fournies par le ministère – à la grande joie du Directeur, grand connaisseur en la matière. Les visiteurs peuvent se servir librement.
A l’avant-scène, côté jardin, trône le fauteuil d’expérimentation.
Ce dernier est légèrement surélevé et muni de sangles. Un casque en métal est relié au plafond par des câbles électriques.
Maintenant que je vous ai tout dit – ou presque – la pièce peut commencer !
Mon avis
Du pur Pinter! La force du texte réside dans les propos apparemment anodins qui plongent néanmoins le spectateur dans un abîme de suppositions.
Qu’a voulu dire Roote ? Et pourquoi donc la neige s’est-elle changée en boue ??? Et surtout, comment tout cela va-t-il finir ???!!!
Les comédiens collent parfaitement à leur rôles respectifs.
Ce genre de pièce ne se raconte pas, elle se regarde et je vous avertis que si vous voulez la voir il vous faudra vous dépêcher puisqu’il ne reste que deux jeudis !
Après le 4 avril, si vous voulez les voir, il vous faudra aller à Avignon !
Quelques mots sur la compagnie La Tanière
Les membres de La Tanière se sont rencontrés dans une modeste école de théâtre parisienne, à l’atmosphère légère et conviviale. «La fin des études approchant, nous avons cherché à nous regrouper autour de projets communs, partageant une même formation artistique et un même désir de création. La démarche de notre association s’illustre parfaitement à travers les thèses de l’essayiste Idriss Aberkane, qui a conceptualisé l’économie de la connaissance. Cette démarche fonde notre pratique du théâtre:rapprocher les talents et élargir les ressources techniques au service d’un projet (…) La Tanière, c’est ce petit atelier caché dans lequel se forgeront nos spectacles. C’est un monde souterrain environné de mystère, peut-être chaleureux et accueillant, peut-être sombre et glacial. C’est le cocon dans lequel nous avons choisi de nous rassembler et de construire ; car,comme l’expliquait Jean Cocteau, « Une pièce de théâtre devrait être écrite, décorée, costumée, accompagnée de musique, jouée, dansée par un seul homme. Cet athlète complet n’existe pas. Il importe donc de remplacer l’individu par ce qui ressemble le plus à un individu : un groupe. »
Infos pratiques
HOT HOUSE D’HAROLD PINTER
Mise en scène Théo Genin
Avec Ugo Bard, Léo Joudi, Emilie Rodriguez,
Rémi Poureyron , Rodolphe Milton-Vivant
Jusqu’au 4 avril 2019 – Tous les jeudis à 21h
Théo Théâtre – 20 rue Théodore Deck 75015 Paris
[…] Le mois dernier, j’étais invitée à la présentation des pièces de la Saison 2019/2010 au THÉO THÉÂTRE. […]
Harold Pinter… très tentant au demeurant, mais le lieu ne m’inspire pas.. J’ai assez donné dans le domaine pendant ma carrière. Merci de l’info ma chéwie. Belle soirée
Merciiii ! Belle soirée à toi aussi! Bisous!
merci ma belle bisous