Une pièce extraordinaire!
Si je vous dis Victor Hugo, le général De Gaulle, Napoléon, Marlène Dietrich et …Bob Marley! Tous réunis sur une île où un barman énigmatique les invite à une discussion à bâtons rompus entre deux cocktails (et parfois une petite fumette)
C’est le pitch de cette pièce tout simplement géniale de Dan Harel mise en scène par Bernard Bitan (qui incarne ce fameux barman!)
Une pièce qui met en avant l’influence des aléas du destin
L’auteur, Dan Harel , nous explique :
« Nous avons tous eu des décisions importantes à prendre, un jour. Elles sont guidées par nos convictions d’une part et par nos intérêts d’autre part. Parfois, ils sont alignés. Parfois, ils sont totalement opposés.
Dans les années 80, j’ai rencontré cet homme qui nettoyait les bureaux où je travaillais à l’époque. Un jour, il m’explique qu’il a été l’un des grands patrons du nucléaire russe. S’étant opposé au régime, il avait été déporté au goulag. Pendant 20 ans, il avait payé. Il était brisé. Il n’a jamais revu sa famille. Mais il ne regrettait rien. Jamais.
J’imagine parfois en pensant à lui, qu’il a retardé l’invention d’armes destructrices et sauvé le monde. Et moi avec. Pourtant, personne ne l’a jamais remercié. Et surtout, il avait gardé son sens de l’humour, faisant sienne la phrase de Chaplin « La vie est une tragédie vue de près, mais une comédie avec du recul ».
Puis, en pensant à tous ceux qui un jour font ce choix de leurs convictions profondes contre celui des intérêts des puissants, ceux qui sont salués de leur choix courageux par la célébrité et la postérité, il me vint l’idée de les faire se rencontrer dans un bar pour qu’ils échangent ensemble à travers les siècles… »
Et voilà pourquoi ces cinq grands noms de l’histoire de l’humanité se retrouvent ici, sur cette île .
« Quand Dan Harel m’a proposé de lire pour la première fois sa pièce, mon coup de foudre pour le texte et pour l’idée ont été immédiat tant les thèmes abordés sont puissants et universels sous la première couche de lecture. […]
on réalise secrètement que cette pièce a tous les ingrédients pour devenir « culte ».
J’ai aimé le rythme, les différentes dimensions que devra suggérer la mise en scène, l’humour subtil et intelligent qui prend sa consistance dans de grands et de petits faits historiques, servis en discussion de comptoir PAR les personnages historiques: Jouissif !
Et même si tout se prêterait au burlesque, la sincérité qui sera demandée aux personnages dans leurs jeux, nous plongera dans une délicieuse atmosphère « oxymorique », avec des contradictions qui nous sembleront logiques, ou les anachronismes seront aussi drôles qu’assumés » BERNARD BITAN metteur en scène du BARMAN DE L’ÎLE
Tout est dit et je ne vous dévoilerai rien de plus car je risquerais, emportée par l’enthousiasme qu’a suscité cette pièce, de trop vous en dire… Vous découvrirez par vous mêmes ces dialogues où l’humour côtoie les pensées les plus profondes.
Par contre, s’il est une chose dont je peux vous parler c’est l’immense talent des comédiens.
Ils sont tous excellents et incarnent à merveille, chacun.e dans son style, les personnages de l’histoire.
Et je dois avouer qu’en tant que passionnée (et de ce fait habituée) à fréquenter très régulièrement les théâtres , le talent des comédiens me saute aux yeux dès les premières minutes (ou pas mais en l’occurrence ce fut le cas!)
En même temps rien de surprenant car ces comédiens ont tous un beau palmarès!
Prenons FABIEN FLORIS
Issu des Cours Florent, il s’est illustré dans les rôles de Ruy Blas de Victor Hugo, mis en scène par Manuel Olinger, d’Alceste (prix d’interprétation masculine du public, Avignon Off 2005). Il incarne un Napoléon Bonaparte à la fois plus vrai que nature … mais aussi particulièrement drôle lorsqu’il emprunte ses tongs à Bob !
Bob c’est ANGELO PATTACINI, comédien français d’origine italienne et haïtienne.
Formé au conservatoire du 7ème arrondissement sous la direction de Daniel Berlioux qui a débuté sa carrière principalement sur les planches. Lauréat du concours d’écriture Conservatoire En Scène pour la pièce « Douteux », écrite par Victor Alesi qui sera jouée au Rond Point des Champs élysées, il y rencontre Pierre Notte qui le mettra en scène dans L’Homme qui dormait sous mon lit, ainsi que Jacques Nerson avec qui il travaillera sur la pièce « Le jour qui vient » de Christian Giudicelli.
Quelques apparitions au cinéma , notamment dans le film de Valérie Lemercier « Marie Francine » ainsi que dans plusieurs réalisations de Humpfrey Gerbault Lebrun (Farès de la petite ceinture, Cosmopop 2064, Taco Blanco).
ANGELO PATTACINI adopte parfaitement le côté « cool » intrinsèque au personnage qu’il incarne mais sait aussi se montrer grave, révélant une profondeur de réflexion qui fait réfléchir…
PIERRE JOUVENCEL est VICTOR HUGO
(ce qui finalement est très cohérent vu qu’on lui doit la création de la pièce Victor Hugo Un géant dans un siècle, couronnée par le prix du meilleur auteur contemporain au Festival d’Avignon en 2022). Pratiquant le théâtre depuis plus de 30 ans dans diverses compagnies et sous diverses formes, de l’improvisation aux textes classiques, Pierre Jouvencel a créé sa compagnie en 2014, la Compagnie Élégie, afin de donner à entendre ses propres spectacles. Parallèlement à un travail de comédien, il écrit depuis plusieurs années des pièces de théâtre. En 2014, il créé le spectacle Les Fleurs du Mal accompagné par Valentin Catil au violoncelle.
Puis ce sera Victor Hugo Un géant dans un siècle joué au festival Off d’Avignon en 2018, 2019, 2021 et 2022 ;. Parallèlement il a adapté et mis en scène À Feu et à Sand qui raconte la passion amoureuse et dévastatrice entre George Sand et Alfred de Musset. Il participe également en 2023 à la création la Ballade des âmes nues mise en scène par Éléna Bermani autour des textes de Charles Bukowski et Alda Mérini qui sera au festival d’Avignon 2023. Une nouvelle création les Fleurs du Jazz avec Juliette Pradelle, chanteuse et Cédric Chauveau, pianiste autour de l’oeuvre de Baudelaire sera créée en 2024 ainsi qu’un projet Hugo–Aragon en collaboration avec la compagnie Rêves de théâtre.
SMADI WOLFMAN est MARLÈNE DIETRICH
Smadi Wolfman passe les vingt premières années de sa vie en Israël, où elle entame sa formation de comédienne au lycée artistique de Tel-Aviv. Elle s’installe en France pour intégrer l’école Jean Périmony tout en suivant les cours de l’institut d’études théâtrales à la Sorbonne, puis suit les cours de l’atelier-école de Marcel Maréchal et se perfectionne auprès d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. En 1996, elle est lauréate du prix de tragédie Sylvia Montfort dans le rôle d’Électre.
Au théâtre, elle traverse l’univers de Molière, Marivaux, Feydeaux, Guitry, Ionesco et Caudel, mais aussi Bobet et bien d’autres auteurs contemporains. Elle travaille à plusieurs reprises sous la direction d’Anthéa Sogno et dans les mises en scène de J.-L. Jacopin, Hervé Dubourgeal, J.-L. Moreau, J. Descombe, et Michel Fagadeau la dirige dans Brooklyn Boy aux côtés de Stéphane Freiss à la Comédie des Champs-Élysées. Elle était aussi à l’affiche de l’énorme succès Hors Piste d’Éric Delcourt. Au cinéma, elle tourne dans une vingtaine de films sous la direction, entre autres, de G. Braoudé, S. Suissa, X. Gélin, T. Arrouet et G. Lellouche. On se souvient notamment de Petit Désordre amoureux d’Olivier Peray, Le Clone de Fabio Conversi ou Glenn de Marc Goldstein, films dans lesquels elle tenait le rôle féminin principal. À la télévision, on la retrouve dans les réalisations de S. Graal, J.-P. Vergne, E. Woreth, C. Douchan, J.-M. Seban, P. Jamain, JP. Mocky, C. Douchan et dans la série Le lycée, réalisée par M. Courtois et E. Dahene. Depuis 2012, elle joue la médecin légiste dans la série Cain. Depuis plusieurs années, Smadi poursuit une carrière parallèle entre la France et Israël. L’hébreu, l’anglais et le français, qui sont ses trois langues de naissance, lui permettent de figurer dans des productions internationales. Smadi a écrit plusieurs pièces de théâtre pour enfants et a récemment traduit un documentaire sur Amos Oz pour Art
PIERRE DENY est CHARLES DE GAULLE
Après avoir suivi une formation à l’INSAS de Bruxelles, École nationale de théâtre avec André Delvaux et Chantal Akerman, il débute en 1980 au TNP de Villeurbanne avec Roger Planchon dans Don Juan de Molière. Il joue ensuite dans une vingtaine de pièces, de Steinbeck, Marivaux, Goldoni, Brecht, Pinter, mais aussi Enzo Cormann, Serge Kribus, Carlotta Clerici, Yann Reuzeau ou Serge Valletti1.
A la télévision, Pierre Deny joue dans plus d’une centaine de films et de téléfilms dont des séries très populaires comme Une femme d’honneur, Julie Lescaut, L’Instit, Joséphine, ange gardien, La Nouvelle Maud, Camping Paradis, Braquo, Demain nous appartient1.
Au cinéma, il tourne sous la direction d’Andrzej Wajda, Margarethe von Trotta, José Pinheiro et Sylvie Testud1.
Pierre Deny a également fait partie de la Ligue nationale d’improvisation avec un certain nombre de matchs en Équipe de France.
BERNARD BITAN est LE BARMAN
Bernard Bitan sortira primé du Conservatoire National d’Art Dramatique. Formé par des maîtres tels que Alain Souchère ou encore Suzanne Flon, c’est par le théâtre classique qu’il commence en interprétant des rôles dans les répertoires de Molière, Marivaux, Beaumarchais, Corneille à Paris et dans de nombreux festivals en France, et jouera du Courteline, Prévert, Feydeau, Queneau…
En 1994, il co-écrit, produit et fait la mise en scène du Musical à succès : « Le Sel et le Miel » qui tournera plusieurs années et sera joué plus de 300 fois dans les plus grands théâtres parisiens et français (Casino de Paris, Gymnase, Olympia.) au Grand Théâtre de Genève et au Cirque Royal de Bruxelles.
En 1999, Il adapte et met en scène Mégalopolis de Herbert Pagani avec Francis Lalanne; et enchaîne plusieurs productions dont Salt and Honey, la version américaine du Musical Le Sel et le Miel (NYC, Philadelphie, LA) mais aussi la version concert en 2008 à Jérusalem pour être l’un des spectacles officiels des 60 ans de l’Etat d’Israël.
Il produit l’adaptation en français de Avenue Q (meilleur Musical de Broadway) avec Bruno Gaccio à Bobino en 2012 pour une centaine de représentations.
Plus récemment sur scène en Israël en tant qu’acteur dans « Le Prénom » d’Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte mis en scène par Elie Chouraqui qui deviendra son acolyte et le mettra également en scène dans « Miroirs » au Théâtre National Cameri de Tel Aviv, une pièce dont il est l’auteur.
Il dirigera ensuite Sophie Rachel Attal dans « Maman, mets un sweat et calme-toi ! ». En 2023, il se lance dans un seul en scène “Je n’ai pas dit mes derniers maux” qu’il écrit et met en scène. C’est un succès en Israël, à Paris et à Genève.
En 2024, son Musical, Le Sel et le Miel est réadaptée en hébreu. Il signe une nouvelle mise en scène XL avec 50 artistes et fait salle comble au Théâtre de Jérusalem et à l’Opera de Tel Aviv.
Quand je vous disais que ces comédiens sont des « pointures »….
Allez vite voir cette pépite si vous êtes au Festival d’Avignon !
C’est à 13h10 au Théâtre des Brunes.
Un grand merci à L’Agence LM de m’avoir invitée à découvrir cette magnifique pièce.
INFOS PRATIQUES
LE BARMAN DE L’ILE
Une pièce de
Dan Harel
Mise en scène par
Bernard Bitan
Avec
Pierre Jouvencel, Pierre Deny, Angelo Pattacini, Smadi Wolfman, Bernard Bitan et Fabien Floris
FESTIVAL D’AVIGNON
du 3 au 21 juillet à 13h10
(Relâche les lundis)
THÉÂTRE DES BRUNES
32 Rue Thiers, 84000 Avignon
Réservations au : 04 84 36 00 37