Bien sûr que si l’on se penche sur les expositions incontournables, à Paris actuellement il y en aurait beaucoup plus que 5 … mais aujourd’hui, j’ai choisi de vous dévoiler celles-ci .
J’AI UNE FAMILLE AU PALAIS DE LA PORTE DORÉE
L’exposition J’ai une famille présente les œuvres d’artistes contemporains d’origine chinoise qui se sont installés en France au cours des années 1980-1990, au moment où la politique de réforme et d’ouverture de la Chine et la fin de la Guerre froide dessinaient un nouvel ordre mondial.
Alors que leurs œuvres traduisent avec une grande diversité leur parcours de migration et leurs réactions face à un monde en mutation, ces artistes forgent en France un réseau d’amitiés solidaires, partageant des expériences et des destins similaires face à l’isolement, à l’adversité, parfois au racisme.
Leurs histoires sont singulières mais les convictions culturelles et artistiques qui les ont poussés à l’exil, leurs cheminements communs, les relations qu’ils ont tissées, évoquent une famille.
L’exposition retrace sur plus de trente ans la trajectoire de ces artistes, fédérés par Hou Hanru et Evelyne Jouanno : Yan Pei-Ming, Ru Xiao Fan, Chen Zhen, Jiang Dahai, Huang Yong Ping, Yang Jiechang, Shen Yuan, Wang Du, Du Zhenjun et An Xiaotong (noms classés par date d’arrivée).
3 QUESTIONS À HOU HANRU ET ÉVELYNE JOUANNO, COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION, AVEC ISABELLE RENARD
J’ai une famille réunit dix artistes installés en France dans les années 1980-1990 et appartenant à l’avant-garde chinoise. Comment la caractériser ?
Hou Hanru : Il n’y a pas d’unité de style, ces artistes ont des univers très différents. Tous se sont construits entre la Chine et l’Occident, en rejetant la formation académique du réalisme socialiste, en revisitant la tradition chinoise et en s’inspirant de l’art contemporain occidental avec des installations ou performances volontiers provocatrices. Critiques, ils partagent aussi une volonté de guérir par l’art notre monde en crise.
Évelyne Jouanno : C’est la première fois que ces dix artistes aujourd’hui internationalement reconnus sont ré- unis. L’exposition est pensée comme un tout organique articulant des œuvres-clés réalisées au cours des trois dernières décennies. L’exil, le postcolonialisme, la société de consommation, la place des nouvelles technologies, l’importance du féminin et celle de la spiritualité constituent des thématiques communes et les grandes sections de l’exposition.
Pourquoi ce titre ?
E. J. : Au-delà des langages personnels que ces artistes ont développés et de leur apport créatif incontestable, il s’agit aussi de mettre en lumière les liens d’amitié solidaires et durables qui se sont tissés depuis leur arrivée en France, dans un contexte de migration et de globalisation. La notion de « famille » est rare dans le monde de l’art contemporain. Elle joue pourtant un rôle moteur dans son organisation et est à valoriser à l’heure de l’indivi- dualisme. Ce titre fait par ailleurs écho à celui que nous avions choisi pour une première exposition organisée au Musée en 2011, déjà avec Isabelle Renard, directrice adjointe du Musée national de l’histoire de l’immigration, et portant sur la migration dans leur collection d’art contemporain : J’ai deux Amours.
Comment ces artistes racontent-ils dans l’exposition l’expérience de l’exil et de l’altérité ?
E. J. : Dès l’entrée le visiteur devra choisir entre deux accès surmontés de panneaux lumineux indiquant d’un côté « EC Nationals » (Ressortissants CE) et de l’autre « Others » (Autres), comme au point de contrôle des passeports dans un aéroport. Chacun des deux passages est délimité par une cage rappelant celle d’un lion. Des planches ayant séjourné dans la cage aux lions du Parc zoologique de Paris en portent encore les traces et les odeurs. Cette installation de Huang Yong Ping, une nouvelle version d’une œuvre conçue pour le CCA de Glasgow en 1993, témoigne de l’expérience de l’artiste “étranger” traversant les frontières, et de l’absurdité d’un monde globalisé où le contrôle des « autres » et la discrimination s’affichent dès l’arrivée dans un pays. Une réalité qui est toujours d’actualité.
H. H. : Shen Yuan évoque son expérience bouleversante de la migration avec une installation de chaussures chinoises traditionnelles et modernes pour femmes courant sur un mur. Il y a aussi la Round table de Chen Zhen. Elle est entourée de chaises provenant de différents pays et sur lesquelles il est impossible de s’asseoir. Une table de réunion imaginée pour les 50 ans de l’ONU et servie pour une discussion impossible. Au-delà de ces œuvres, l’expérience de l’altérité est au centre du travail de tous ces artistes.
Pour eux, l’émigré n’est pas quelqu’un qui cherche un refuge mais qui voyage entre les cultures pour inventer un autre monde.
EXPOSITION J’AI UNE FAMILLE
DU 10.10.2023 AU 18.02.2024
MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION | AQUARIUM TROPICAL
293 avenue Daumesnil – 75012 Paris | www.palais-portedoree.fr
À noter que le Palais de la Porte Dorée ouvre cet automne une saison Asie avec deux expositions inédites au Musée national de l’histoire de l’immigration, celle que je viens d’évoquer et une autre consacrée à l’histoire et à la diversité des migrations d’Asie de l’Est et du Sud-Est. Ces deux expositions seront accompagnées tout au long de l’automne et de l’hiver de rencontres, débats, films et spectacles. Elles sont l’occasion de revenir sur les liens historiques entre migrations asiatiques et colonisation, et de mettre en lumière la vie des Français d’origine asiatique aujourd’hui, d’un point de vue social, culturel, mais aussi des préjugés et discriminations dont ils peuvent être l’objet.
RISS : LE PROCÈS PAPON AU MUSÉE DE LA SHOAH
Seul procès d’un fonctionnaire de Vichy pour crimes contre l’humanité, le procès Papon (1997-1998) a marqué son époque. Envoyé spécial de Charlie Hebdo à Bordeaux, Riss en a donné l’un des rares reportages complets, et le seul qui soit illustré.
La force de ces croquis, c’est d’abord le regard de leur auteur, l’œil du caricaturiste qui sait capter la force et l’émotion de telle déposition, le ridicule de tel témoin de moralité ou la comédie jouée par l’accusé tout au long des débats.
Sauf exception, Riss ne s’intéresse pas aux à-côtés du procès. On est enfermé, avec lui, dans la salle d’audience, et toujours du côté des victimes.
Exposition RISS : LE PROCÈS PAPON
à partir du 19 octobre 2023
Mémorial de la Shoah, Paris
17, rue Geoffroy–l’Asnier | Paris 4e
www.memorialdelashoah.org
Entrée gratuite | 3e étage
Ne serait-ce que pour la beauté du lieu (et aussi pour l’originalité des oeuvres exposées!) je vous invite à aller découvrir à la Bourse de Commerce …
« MYTHOLOGIES AMÉRICAINES »
BOURSE DE COMMERCE – PINAULT COLLECTION`
MIKE KELLEY
« Ghost and Spirit »
LEE LOZANO
« Strike »
Evidemment si vous ne l’avez pas encore vue, courrez vite à la Boutique Renoma de la rue de la Pompe pour découvrir l’expo 23. 23 qui fait partie de la série d’évènements dédiés au 60 ème anniversaire de la MAISON RENOMA
Vraiment incontournable !
Un dialogue sur la création artistique entre passé et avenir!
La démarche intime qui anime Maurice Renoma depuis 60 ans pour la réalisation de ses créations est celle de croiser plusieurs modes narratifs au sein d’un même objet artistique, sans que l’un l’emporte sur l’autre.
Alors que la photographie a toujours joué un rôle important dans son travail en tant que créateur de mode, Maurice Renoma estompe les limites entre les arts et revendique la porosité des frontières entre l’art et la vie.
Il produit un événement culturel qui participe à la réinvention de la rétrospective en brouillant les cartes entre réflexion et hasard, production artistique et besoin d’expression, réel et fiction.
Le point de départ : la boutique Renoma
Ouverte le 23 octobre 1963 au 129bis rue de la Pompe, Paris 16ème, elle devient au fil des années un lieu mythique de la vie parisienne.
Après 60 ans, elle se présente comme un concept store où photographie, scénographie, design
et mode se mêlent.
À l’occasion de 23.23, la boutique Renoma se transforme en véritable galerie où toute époque et tout art se confondent : looks vintage et looks créatifs, photographies et collages, art de la table et mobilier y sont exposés.
Les pièces iconiques de l’histoire Renoma habillent les vitrines.
Le Souplex – sous-sol de la boutique qui fut ateliers de couture et cabines d’essayage des stars – devient un espace d’immersion et d’interaction audiovisuelle. La vie de Maurice, ses objets d’enfance, ses premières créations, ses vidéos privées, ses ambitions sont au centre des projecteurs, révélant le côté intime et familier de sa personnalité :
un voyage au centre de… la tête de Maurice Renoma !
Dans ces deux espaces, l’affiche est l’évolution créative de l’artiste durant ces 60 ans de révolutions.
EXPOSITION FUSIONS
Depuis plusieurs années, Maurice Renoma signe des collaborations artistiques pour la réalisation d’œuvres fusion avec d’autres plasticiens : ces derniers interviennent librement sur ses photos pour les emmener dans leur univers esthétique et ainsi créer des œuvres hybrides et singulières.
Ces projets explorent le métissage entre les différents médiums artistiques, et confirment le soutien de Maurice Renoma aux artistes qui abordent des thèmes forts, hors des sentiers battus.
Parmi eux : Jef Aérosol, William Bakaimo, François Bard, Jorge Luis Miranda Carracedo, Jace, Famakan Magassa, Carlos Quintana, Enrique Rottenberg, Dominique Zinkpè et Lyzane Potvin, sa toute dernière rencontre dont l’œuvre inédite est exposée pour la première fois à l’Appart à l’occasion de 23.23.
exposition TRANSGRESSIONS
C’est en 1963 que le Blazer Renoma fait sa première apparition. 40 ans après, une nouvelle proposition artistique en découle et ce vêtement devient le point de croisement entre des langages différents : la mode et l’art, l’architecture et le stylisme, le passé et le présent.
Vêtement, sinon uniforme autrefois utilisé dans la marine et porté dans les collèges britanniques, le blazer est devenu un signe distinctif, auquel Maurice Renoma a su redonner une nouvelle aura.
Le geste artistique est celui d’inviter d’autres artistes à réaliser une œuvre selon leur thématique sur ce fameux blazer qui a contribué à accroître la réputation de Maurice Renoma comme styliste avant-gardiste.
Les artistes ont été appelés à agir à leur convenance sur la matière textile, en la peignant, la pliant, la découpant, la fractionnant, la cousant, la marouflant, la rehaussant de collages ou d’objets, pourvu qu’elle demeure une véritable œuvre d’art.
En détournant le blazer de sa fonction sociale, les artistes lui confèrent un autre statut, qui va bien au delà de son auto-expressivité, et acquiert une dimension d’ordre poétique. Parmi les figures du monde entier qui ont répondu présentes : Arnal, Ben, Erro, Klasen, Kuroda, Segui, Villeglé,..
exposition INSPIRATIONS
Nombreux sont les artistes qui ont fréquenté la boutique Renoma, véritable factory où la mode et les arts ont estompé leurs frontières depuis son ouverture en 1963.
Des amis, des clients, des sources d’inspiration : parmi eux, Salvador Dalí, Pablo Picasso, Andy Warhol ont particulièrement marqué la vie et l’histoire de ce jeune créateur qu’était Maurice Renoma au début de sa carrière.
Il décide ainsi, à l’occasion des célébrations des 60 ans de la Maison Renoma, de rendre hommage à ces rencontres exceptionnelles à travers des pièces spécialement conçues, et cela avec la dernière technologie qu’il a à disposition : l’intelligence artificielle. Toujours à l’écoute et dans l’expérimentation, Maurice Renoma profite une fois de plus pour brouiller les cartes de la linéarité temporelle et mélanger les codes narratifs, conciliant le passé avec l’avenir de son parcours artistique.
renoma POP
En 1960, John Fitzgerald Kennedy est nommé président des États-Unis. Ses discours et ses réformes incarnent à la fois l’envie de changement de la jeunesse américaine de l’après-guerre et l’american way of life, ce rêve américain dont les mots d’ordre de liberté et recherche du bonheur influencent le monde entier.
L’époque est celle de ce large mouvement social qui, dans les années 1960, touche aussi à un ensemble de phénomènes culturels et artistiques qui expriment une nouvelle vision de l’individu et de la société.
La Pop Culture notamment s’affirme en opposition aux traditions, et commence à se manifester dans les pratiques et les comportements de toute une génération : l’art et la vie perdent toute séparation.
La publicité, les médias, l’image, la bande dessinée et la télévision sont les principales sources d’inspiration de ce mouvement qui se déverse dans tous les domaines de la culture, touchant les arts plastiques autant que la musique, la mode, la littérature. Tout produit doit être consommé sans modération.
Le 23 octobre 1963, les jeunes Maurice et Michel Renoma ouvrent leur première boutique et dédient leur firme au président américain et à l’idée qu’il incarne : elle s’appelle White House Renoma.
L’assassinat de Kennedy juste un mois après, le 22 novembre 1963, oblige non seulement les frères à rebaptiser leur boutique Renoma, mais une génération entière à affirmer encore plus sa soif de révolution, de joie et d’engouement pour lutter contre le racisme et les forces réactionnaires qui agissent à travers la peur.
La grande époque de la consommation trouve ses représentants culturels : pour n’en citer que quelques-uns, Andy Warhol dans la peinture et la sérigraphie, Elvis Presley et les Beatles dans la musique, Roy Lichtenstein dans les comics et la bande dessinée, Richard Hamilton dans les collages, César dans la sculpture.
Renoma incarne la Pop Culture dans la mode, et accueille les désirs de cette nouvelle génération consommatrice de vie, visionnaire et généreuse. Les couleurs, les formes, le patchwork, l’envie de liberté, le mélange des arts, la rupture avec le passé, la vivacité : ce n’est pas simplement une marque de vêtements qui devient un phénomène culturel, mais un mouvement entier qui utilise une nouvelle esthétique pour exprimer son identité et ses opinions. La génération Renoma.
Bref – et surtout si comme moi vous avez été jeune dans ces fameuses années pop – vous ne pouvez pas louper cette expo !
INFOS PRATIQUES
EXPO 23.23
Boutique & Appart Renoma
www.renoma-shop.com
129bis rue de la Pompe, 75116 Paris
du mardi au samedi de 10h à 19h
EXPOSITION
THEOPHILE-ALEXANDRE STEINLEN (1859-1923)
L’EXPOSITION DU CENTENAIRE
Musée de Montmartre
Le Musée de Montmartre consacre une exposition à Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), artiste emblématique de Montmartre à la fin du XIXe siècle.
Cette exposition marque le centenaire de sa disparition ; elle rend hommage à cet artiste inclassable qui fut dessinateur, graveur, peintre et sculpteur et qui n’appartint qu’à une seule école : celle de la liberté.
Un fil conducteur se détache au sein de sa production extrêmement prolifique : celui de l’engagement, tant l’artiste associa art et politique, en se faisant témoin critique de son temps.
Steinlen fit circuler ses motifs d’une technique et d’un médium à l’autre, entre presse illustrée, art du livre, affiche et tableau. Le peuple des humains, mais aussi celui des chats qui en est comme un double carnavalesque mais à l’irréductible étrangeté animale, sont les principaux sujets de l’artiste qui s’intéressa également aux genres classiques de la peinture, en particulier le nu et le paysage.
Steinlen croyait en la mission sociale et politique de l’art, comme voie et voix vers un monde meilleur.
© Studio Monique Bernaz
Association des Amis du Petit Palais, Genève
© Studio Monique Bernaz, Genève
Le peuple des humains, mais aussi celui des chats qui en est comme un double carnavalesque mais à l’irréductible étrangeté animale, sont les principaux sujets de l’artiste qui s’intéressa également aux genres classiques de la peinture, en particulier le nu et le paysage. Méfiant envers toutes les chapelles, Steinlen croyait en la mission sociale et politique de l’art, comme voie et voix vers un monde meilleur.
En signant l’affiche iconique La Tournée du Chat Noir, Théophile-Alexandre Steinlen est désormais associé au Montmartre artistique et bohème de la fin du XIXe siècle, quartier emblématique devenu mythique du Paris 1900.
Originaire de Lausanne, en Suisse, il s’établit dès son arrivée à Paris en 1881 dans le quartier de la Butte qu’il habite et arpente sans relâche au cours de sa vie. Membre du cabaret du Chat Noir et dessinateur privilégié de la revue associée, il en fréquente les acteurs principaux, avec qui il collabore. Il contribue à véhiculer l’« esprit montmartrois » caractérisé par l’humour et l’anticonformisme. Par cet ancrage et ce rôle liés au Chat Noir, il était logique que le Musée de Montmartre consacre une exposition à cet artiste incontournable de Montmartre, à l’occasion du centenaire de sa mort.
Porté par des idées de justice et de liberté sociales, l’artiste n’a de cesse d’utiliser son crayon pour railler et dénoncer les pouvoirs politiques, religieux et bourgeois, oppresseurs et tyranniques. Il se fait ainsi le porte-parole du peuple, des marginaux et des déclassés – animaux, enfants, femmes, hommes – sans hiérarchie, mettant en scène leurs dures conditions de vie. Si nombreux ont fait de Steinlen un militant anarchiste, il est en réalité un « destructeur taciturne » et pacifiste.
Au cours de sa carrière et le long de son œuvre, il décline certains motifs iconographiques privilégiés qu’il déploie à travers une grande variété de techniques, sans plus de hiérarchie que ses sujets : dessin de presse, affiche, estampe sous toutes ses formes, peinture, pastel, sculpture… Il refuse de la même manière dans ses sujets toutes les classifications académiques.
Selon un parcours chrono-thématique, l’exposition retrace la carrière de Steinlen et donne un aperçu de la richesse de sa production à travers une sélection d’une centaine d’œuvres, dont une grande proportion de peintures à l’huile, moins connues que son œuvre graphique, largement représentée également dans l’exposition, ainsi que des sculptures.
Le parcours est organisé en trois principaux mouvements : Montmartre et le Chat Noir ; le peuple comme sujet et but de l’art ; enfin, entre peinture d’histoire et nus intimes, le rapport aux genres classiques de l’histoire de l’art, toujours au service d’une vision politique de l’art.
Le parcours commence avec les œuvres de sa production des premières années parisiennes, liée au cabaret du Chat Noir, déjà empreinte des convictions et de l’engagement de l’artiste : le cercle anarchiste qu’il rejoint éveille chez Steinlen son intérêt social et politique. La figure du chat qu’il déploie dans cet environnement apparaît déjà comme un symbole de liberté et l’emblème des marginaux. Elle témoigne des réflexions de Steinlen sur les agissements des hommes et les rapports de domination, tout comme sa production massive d’illustrationspour des revues aux positions politiques souvent radicales.
- Un second corpus rassemble une sélection de travaux témoignant de l’engagement de l’artiste au service du peuple : « Tout vient du peuple, tout sort du peuple et nous ne sommes que ses porte-voix » écrit Steinlen. Par ses œuvres allégoriques de la Révolution populaire contre l’oppression et ses peintures donnant à voir la misère et la souffrance des travailleurs – paysans, mineurs, charretiers, trieuses de charbon, prostituées… –, Steinlen dénonce la dure réalité sociale. Véritable reporter, il va jusqu’à pénétrer la prison de Saint- Lazare, où étaient enfermées des prostituées, et livrer une véritable enquête de terrain. Son arme est son crayon.
- Le troisième et dernier ensemble réunit desœuvres pensées au prisme des grands genres académiques : peinture d’histoire, paysage, nu. Steinlen reprend les codes de la peinture religieuse pour son rêve d’une société meilleure.
Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923)- L’exposition du centenaire
Du 13 octobre 2023 au 11 février 2024
COMMISSARIAT
Leïla Jarbouai, conservatrice en chef, arts graphiques et peintures du musée d’Orsay
Saskia Ooms, ancienne responsable de la conservation du Musée de Montmartre
Avec la contribution scientifique d’Aurore Janson, assistante de conservation du Musée de Montmartre
Musée de Montmartre Jardins Renoir
12, rue Cortot – 75018 Paris Tél. : 01 49 25 89 39
Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h
La librairie-boutique est ouverte aux horaires du musée, y compris le dimanche et les jours fériés.