Quel rapport y a-t-il entre Spirou, personnage de bande dessinée, grand héros belge, et le peintre juif allemand Felix Nussbaum, assassiné à Auschwitz ?
Le dessinateur Émile Bravo (que nous avons eu grand plaisir à rencontrer lors du vernissage de l’exposition), dans sa tétralogie l’Espoir malgré tout, fait se rencontrer Spirou, personnage de fiction, avec cette figure réelle, victime de la Shoah.
Le Mémorial de la Shoah retrace cette rencontre à travers la confrontation des planches d’Émile Bravo et d’œuvres originales du peintre dans une exposition extraordinaire.
Parfaitement documenté, Bravo décrit les conditions de survie du couple d’artistes juifs allemands que forme le peintre avec son épouse, et intègre Spirou dans leur quotidien précaire.
Un véritable chef-d’oeuvre qui a reçu le Fauve d’Or de la meilleure série, à l’occasion du 49e Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême.
Suite à la sortie du quatrième et dernier tome de la série paru le 20 mai 2022 aux éditions Dupuis – qui fêtent leurs 100 ans cette année – le Mémorial de la Shoah nous invite à découvrir la rencontre Spirou/Nussbaum dans une exposition qui a débuté le 9 décembre 2022
«En voyant l’impressionnant travail d’Émile Bravo sur Spirou, son empathie et son admiration pour le couple formé par Felix et Felka Nussbaum qui vécurent cachés en Belgique avant d’être assassinés à Auschwitz, il m’est apparu évident qu’une histoire méritait d’être racontée autour de la bande dessinée la plus importante écrite sur la Shoah depuis Maus d’Art Spiegelman. » Didier Pasamonik, commissaire scientifique de l’exposition
Avec Spirou, L’Espoir malgré tout, grand récit initiatique, Émile Bravo interroge les notions d’héroïsme, d’engagement et d’humanité à travers la rencontre entre Spirou et Felix Nussbaum, le peintre juif assassiné à Auschwitz, dans Bruxelles occupée par les nazis.
Cette exposition explore les faits historiques et les sources sur lesquelles s’est appuyé Émile Bravo pour bâtir son propos.
Elle permet aussi de découvrir le peintre allemand Felix Nussbaum, et son épouse Felka Platek, dont l’œuvre est à lire sous l’angle d’une allégorie de la condition des Juifs en Belgique entre 1940 et 1944.
Mais cette histoire en cache une autre: celle du Journal de Spirou, dont le rédacteur en chef, Georges Evrard, dit Jean Doisy, est membre du Front de l’indépendance.
Dans les coulisses du journal, il mène une guerre invisible, offrant une couverture à des actions clandestines et recrutant, entre autres, Victor Martin, «l’espion d’Auschwitz», ou Suzanne Moons, qui contribua à elle seule au sauvetage de centaines d’enfants juifs belges….
Rapport de Victor Martin – Belgique,1942/1943.
Coll. Wiener Holocaust Library, Londres, Royaume-Uni.
La rencontre fictive entre Spirou et le peintre méconnu, figure de la Nouvelle Objectivité, Felix Nussbaum, et de sa femme Felka, déportés en 1944 à Auschwitz, entraîne le personnage de bande dessinée dans la tourmente de la Shoah.
Il découvre les déportations des Juifs depuis la Belgique et notamment de la Kazerne Dossin à Malines, principal lieu de départ des convois des Juifs déportés de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais.
Malines, le lieu de départ en déportation des Juifs belges.
Coll. Kazerne Dossin –Fonds Kummer
L’exposition replace également Spirou dans ses origines réelles.
En effet, Spirou, c’est aussi un hebdomadaire créé en 1938, dont le rédacteur en chef, Jean-Georges Evrard, dit Jean Doisy, est engagé dans diverses structures antifascistes depuis plusieurs années.
Dès 1940, il intègre le Front de l’indépendance, utilisant le journal et surtout le théâtre de marionnettes le Farfadet (qui inspirera Émile Bravo) comme couverture à ses actions de résistance.
LE THÉÂTRE DU FARFADET
crédits photos zenitudeprofondelemag.com
C’est en rencontrant le fils de Suzanne Moons, qui se rêve marionnettiste, que Georges Evrard a l’idée d’un théâtre itinérant sponsorisé par le Journal de Spirou, couverture idéale pour la Résistance. Alors que, sur scène, André Moons fait un tabac auprès des jeunes, dans la coulisse, c’est tout un réseau qui s’active. Le théâtre du Farfadet sillonnera la Belgique dès décembre 1942 et permettra ainsi de couvrir autant le sauvetage des Juifs (notamment grâce à Suzanne Moons, alias «madame Brigitte », qui sauve à elle seule plusieurs centaines d’enfants juifs belges), que des actions de sabotage (Jean-Jacques Oblin)
Il recrute également, pour le Comité de défense des Juifs, Victor Martin, « l’espion d’Auschwitz » …
Ses fonctions de rédacteur en chef du Journal de Spiroului permettent d’établir un lien privilégié avec les dizaines de milliers de lecteurs à qui, chaque semaine, il enjoint de tenir bon face à l’adversité. Certains suivront ses conseils et intégreront les rangs de la Résistance.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’exposition débute par un couloir d’entrée avec le rapide rappel sur le personnage de Spirou, son origine et ses différents dessinateurs.
UNE PLÉIADE DE CRÉATEURS
Créées en 1922 par l’imprimeur Jean Dupuis, les éditions Dupuis lancent, le 21 avril 1938, le premier grand journal pour la jeunesse en Belgique, un tabloïd de 16 pages.
Jean Dupuis demande au dessinateur français Robert Velter, qui signe Rob-Vel, de créer la mascotte du journal. Il est aidé en cela par sa femme Davine, dessinatrice elle aussi, et par le dessinateur Luc Lafnet.
Appelé sous les drapeaux en mai 1940 puis blessé, Rob-Vel est contraint de vendre Spirou aux éditions Dupuis.
Le héros sera dessiné successivement par Jijé et Franquin, puis par une pléiade de dessinateurs, de Jean-Claude Fournier à Olivier Schwartz, en passant par Émile Bravo.
Ensuite, après avoir ouvert un rideau qui nous fait symboliquement entrer dans la bande dessinée…
crédits photos zenitudeprofondelemag.com
… la première partie est consacrée au Spirou d’Émile Bravo.
À partir d’un entretien filmé inédit de l’auteur, d’objets familiaux lui appartenant, de plusieurs planches originales de Spirou, on en découvre plus sur sa personnalité et son appropriation du personnage de Spirou…
LA DEUXIÈME PARTIE DE L’EXPOSITION : LA BELGIQUE DANS LA GUERRE
La deuxième partie, la Belgique dans la guerre, replace le contexte dans lequel se déroule Spirou. L’Espoir malgré tout, à savoir la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale.
En septembre 1939, la Belgique en revient à son strict statut de neutralité, massant des troupes tant face à la France que face à l’Allemagne.
Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent le pays.
Se souvenant des massacres de civils d’août 1914, des millions de Belges prennent la fuite dans la désorganisation la plus totale. Le gouvernement quitte Bruxelles le 17 mai. Le pouvoir est confié à un collège de secrétaires généraux, les plus hauts fonctionnaires de l’administration, qui deviendront les interlocuteurs de l’occupant. L’armée belge n’est pas de taille. Après dix-huit jours de combat, le roi capitule, en désaccord avec le gouvernement. C’est le début de l’Occupation. Dès le 20 mai, le général von Falkenhausen est nommé gouverneur de toute la Belgique et, le 1 juin, on lui ajoute le nord de la France (Nord et Pas-de-Calais). Un commandement militaire se met en place: le MBB – Militärbefehlshaber in Belgien und Nordfrankreich. Avec ses cinq Oberfeldkommandantur (OFK) réparties géographiquement à Bruxelles – la capitale –, Gand, Liège, Mons et Lille, le MBB peut tenir les objectifs de Berlin. Il fait preuve de pragmatisme et de réalisme pour orchestrer avec les services policiers nazis – aidés par les polices belges et les collaborateurs – l’administration civile, la répression de la Résistance et les déportations des Juifs de Belgique et du nord de la France…
TROISIÈME PARTIE : SPIROU RENCONTRE FÉLIX ET FELKA
Felix est un peintre juif allemand installé en Belgique avec sa femme Felka, également artiste.
Spirou est immédiatement touché par ces réfugiés rattrapés par la barbarie nazie qu’ils avaient fuie. L’amitié s’installe entre eux, Spirou est confronté à la réalité d’une répression insidieuse et criminelle bien réelle, qui touche indistinctement hommes, femmes, vieillards, enfants… Il se révolte contre cette situation et, avec Fantasio, il aidera ces artistes clandestins jusqu’à ce qu’ils disparaissent en 1944. Or, Felix Nussbaum et Felka Platek ont réellement existé.
Au fil des pages, on découvre les toiles de Felix Nussbaum et deux aspects de la condition d’artiste : celui qui peint pour exister, pour exprimer ses émotions, sa souffrance, incarné par Felix…
Belgique, vers 1943.
© Museumsquartier Osnabrück,
photographe Christian Grovermann.
… et l’artiste qui peint pour survivre, réalisant, comme Felka, des objets décoratifs.
Une partie de leurs tableaux a disparu après leur déportation.
Leur présence dans la bande dessinée d’Émile Bravo permet de redécouvrir leur histoire et leurs œuvres.
La quatrième partie aborde la question des indésirables…
… à savoir l’internement par les Belges des «ressortissants de puissances ennemies » dans des camps en France.
Pendant la drôle de guerre, la Belgique et la France décident d’interner des civils allemands présents sur leur territoire.
Ce sont pour les autorités des « ressortissants de puissances ennemies », alors même que la plupart ont fui l’Allemagne nazie, comme le peintre Felix Nussbaum. Ils sont sans doute près de 13.500 à être ainsi arrêtés par les autorités belges, qui demandent au gouvernement français de les « accueillir » dans ses camps d’internement. Les hommes sont dirigés vers le camp de Saint-Cyprien, alors que les femmes vont au camp de Gurs.
7 500 réfugiés arrivent à Saint-Cyprien, les autres ayant été rattrapés par l’avancée des troupes allemandes qui envahissent la France en mai 1940.
Les conditions d’internement sont très mauvaises. Au total, près de 40 000 « indésirables » arrêtés en France et en Belgique sont internés en France à la fin de la IIIe République et lors des offensives éclair de l’armée allemande.
La cinquième partie évoque le contexte de Bruxelles occupée.
Bruxelles est rapidement confrontée aux difficultés du ravitaillement. Les timbres de rationnement font leur apparition dès l’été 1940. C’est dans les villes que la faim se fait le plus sentir. Dans le même temps, la vie continue. Les théâtres et les cinémas rouvrent leurs portes, les activités sportives et culturelles reprennent. En septembre, les écoliers retrouvent leurs classes.
En tant que lieu de pouvoir, Bruxelles abrite également diverses formes de résistance : presse clandestine – près d’un tiers des journaux illégaux belges y sont fabriqués –, résistance armée et attentats, mais aussi résistance civile et sauvetage.
La menace vient également du ciel, à partir de 1943, lorque les bombardements alliés se multiplient. Avec Anvers, Bruxelles est la ville où vivent le plus grand nombre de Juifs. Dès l’automne 1940, un arsenal de mesures spécifiques leur est imposé : enregistrement, interdictions professionnelles, couvre-feu plus rigoureux… Mais c’est l’obligation du port de l’étoile qui rend cette persécution visible aux yeux des Bruxellois, marquant l’amorce de mouvements de solidarité pour permettre aux Juifs de se cacher.
La sixième partie est consacrée à la résistance à l’occupant
Elle est centrée autour du Journal de Spirou, de la personnalité de son rédacteur en chef Jean Doisy et de la création du théâtre du Farfadet.
Il s’appelle Georges Evrard, dit Jean Doisy. Sous ce pseudonyme, il est journaliste (Le Moustique, 1932-1955) et rédacteur en chef du Journal de Spirou (1938-1955). Il est également écrivain, scénariste de bande dessinée (« Valhardi » avec Jijé) et créateur de Fantasio, le compagnon de Spirou. Sous son vrai nom, il est investi en politique dans diverses organisations antifascistes. Secrétaire administrateur de la Ligue belge contre le racisme (dès 1936), il milite aussi au sein des Amis de la démocratie allemande et applique, autant dans son action politique que privée, les principes humanistes qu’il défend ardemment.
JEAN DOISY
Dès 1940, il entre en Résistance puis intègre l’état-major du Front de l’indépendance.
Chargé du recrutement, il enrôle, entre autres, pour le Comité de défense des Juifs, Victor Martin «l’espion d’Auschwitz », et Suzanne Moons, dite « Brigitte », qui sauvera 600 enfants entre 1942 et 1944. Mais combien de lecteurs du Journal de Spirou a-t-il entraîné dans la Résistance ?
Décoré de la croix de guerre avec palme, il meurt en 1955 avant d’avoir pu raconter son combat.
Les parties 7, 8 et 9 sont consacrées à la persécution des Juifs en Belgique.
La Shoah a englouti 46% de la population juive de Belgique.
L’administration militaire allemande promulgue elle-même les ordonnances contre les Juifs.
Les nazis, faute d’effectifs suffisants, s’assurent que leurs décisions sont mises en œuvre par les administrations communales belges. Le 29 août 1941, une ordonnance limite la libre circulation des Juifs, qui sont soumis au couvre-feu. Le 17 janvier 1942, ils sont interdits de quitter le pays. Le 25 novembre 1941, le commandant militaire crée l’Association des Juifs en Belgique (AJB). Ses dirigeants sont des personnalités communautaires désignées par l’occupant. La raison d’être de l’AJB est «d’activer l’émigration des Juifs», c’est-à-dire la déportation à l’Est. Les Juifs sont obligés de devenir membres de l’AJB.
Le 1 décembre 1941, le commandant militaire ordonne l’exclusion des enfants juifs des écoles non juives. Le 27 mai 1942, les nazis imposent le port de l’étoile jaune en public à tous les Juifs de plus de 6 ans.
Le 15 juillet 1942, le commandant du camp de Breendonk est chargé d’installer le camp de rassemblement pour Juifs dans la caserne Dossin à Malines.
Du 15 août 1942 au 12 septembre 1942, la Sipo (Sicherheitspolizei « Police de sûreté ») organise six grandes rafles de Juifs.
Au total, ces actions massives permettent la déportation de 4336 Juifs à Auschwitz-Birkenau.
Face aux persécutions et aux déportations qui les visent, les Juifs tentent d’échapper aux nazis par tous les moyens, parfois au péril de leur vie. Le Comité de défense des Juifs (CDJ) se forme en septembre 1942, sur l’initiative du Front de l’indépendance. Son principal instigateur, Hertz Jospa, réunit des membres, juifs et non juifs, de tous les horizons politiques, pour aider les Juifs à passer dans la clandestinité. Ce mouvement se spécialise dans le sauvetage des enfants. Yvonne Jospa met sur pied la «Section Enfance» du CDJ.
Au cœur de cette section, un focus est fait sur le rapport Victor Martin, informateur envoyé par la Résistance juive belge en Pologne pour découvrir ce qu’il se passe à l’Est pour les Juifs déportés.
Qui est Victor Martin ?
Bien qu’étranger au monde juif, Victor Martin est profondément choqué par la tournure que prend l’occupation de la Belgique. Il qui souhaite mettre sa personnalité, sa connaissance parfaite de l’allemand, au service de la Résistance. Grâce à des amis, il sollicite d’entrer dans le Front de l’indépendance, mouvement de résistance au sein duquel se trouve le Comité de défense des Juifs. Celui-ci souhaite envoyer un émissaire pour connaître la vérité sur Auschwitz. Victor Martin est l’homme de la situation et part en février 1943 en Allemagne.
Après quelques haltes, il arrive en Silésie et y découvre le ghetto « ouvert » de Sosnowiec, puis rencontre des Français enrôlés dans le Service du travail obligatoire près du camp de Monowitz (Auschwitz III).
Il revient avec la conviction qu’il s’agit bien là d’un camp « de la mort ».
Après avoir été arrêté deux fois sur le chemin du retour, Victor Martin parvient à revenir en Belgique et remet son rapport en mars 1943 à la Résistance belge qui va le transmettre au gouvernement belge à Londres et aux alliés.
Les conclusions de Victor Martin vont motiver encore davantage les actions de sauvetage des Juifs Belges.
L’avant-dernière partie, intitulée « La Galerie du peintre » présente les 6 tableaux originaux de Felix Nussbaum.
Notamment une esquisse de son oeuvre ultime avant la déportation, la plus emblématique, le Triomphe de la mort.
Le Triomphe de la mort ,1944
© Felix Nussbaum Haus/Museumsquartier Osnabrück, Allemagne
L’artiste a pressenti le pire et a su le mettre en images. Effondrement total , ruine de la culture, et surtout la mort omniprésente… tout Auschwitz est résumé dans cette oeuvre ultime.
Les œuvres ont été prêtées par la Felix Nussbaum Haus, à Osnabrück.
L’exposition présente également des objets réalisés par Felix Nussbaum et un tableau de Felka Platek.
La Felix-Nussbaum-Haus du Museums quartier Osnabrück abrite la plus importante collection du peintre Felix Nussbaum.
Les débuts de la collection d’Osnabrück remontent à 1970. À cette date, le premier fonds des œuvres de Nussbaum arrive dans sa ville natale grâce à l’engagement de son cousin Auguste Moses-Nussbaum (1923-2021). Il s’agit des tableaux que Felix Nussbaum avait confiés, en 1942, aux docteurs Grofils et Lefèvre, à Bruxelles, pour qu’ils les gardent en sécurité.
Certaines de ces œuvres ont été acquises par la ville d’Osnabrück et ont constitué la base de la collection Nussbaum, qui a été continuellement élargie et complétée. En 1994, la Niedersächsische Sparkassenstiftung (Fondation de la Caisse d’épargne de Basse-Saxe) a acquis une grande partie des tableaux et a ouvert la voie à la construction de la Felix-Nussbaum-Haus (la Maison Felix Nussbaum), qui a été conçue selon les plans de l’architecte Daniel Libeskind et inaugurée en 1998. Dans les années qui ont suivi, la Fondation Felix Nussbaum et d’autres fondations, ainsi que des prêteurs privés, ont permis l’agrandissement de la collection, qui compte aujourd’hui plus de 230 œuvres.
Avec 27 tableaux, la Felix-Nussbaum-Haus possède également la plus grande collection d’œuvres de Felka Platek au monde.
La dernière partie présente un focus sur la bande dessinée sous l’Occupation en Belgique et en France à partir de journaux originaux.
Pourquoi la bande dessinée belge a-t-elle vécu à ce point un âge d’or entre la fin des années 1940 et les années 1970 ?
La chance est une explication, mais il y en a une autre : rien n’aurait été pareil sans la période de l’Occupation.
Le cas d’Hergé et de Tintin est bien connu : la guerre a réellement permis au héros belge de devenir un best-seller en librairie, pendant et après la guerre, en dépit des accusations portées à son encontre pour « incivisme ».
Il y a le cas moins connu du Journal Bravo ! qui a permis l’éclosion d’un talent comme Edgar P. Jacobs.
Il y a aussi le cas des éditions Gordinne (aujourd’hui : Hemma), un bastion de la résistance wallonne. Ceci pour la partie francophone. Il y a enfin le cas particulier du tycoon de la bande dessinée flamande Willy Vandersteen, qui œuvra pour la propagande nazie sous pseudonyme, et dont le rôle n’a été révélé que récemment.
L’exposition se termine par un espace Jeune Public qui permettra à chacun de réaliser sa propre case de bande dessinée à partir des personnages du Spirou d’Émile Bravo.
Un parcours famille a été conçu spécialement et il est visuellement présent tout au long de l’exposition grâce à une signalétique inspirée du personnage de Spirou.
Il est accompagné d’un livret de 16 pages en libre-service à l’entrée de l’exposition.
AUTOUR DE L’EXPOSITION
RENCONTRE Spirou, une mémoire plurielle Jeudi 12 janvier – 19h30 Avec la disparition progressive des témoins, la mémoire de la Shoah repose de plus en plus sur le travail des historiens, des chercheurs, des documentalistes qui doivent raconter ces histoires avec le plus de vérité possible. Mais aussi sur celui des artistes ! Depuis le Maus de Spiegelman, la production des bandes dessinées sur le sujet est conséquente mais rares sont les rencontres entre des figures réelles, victimes de la Shoah : Felka et Felix Nussbaum, et un personnage de bande dessinée aussi internationalement connu que Spirou. Émile Bravo et Jean-David Morvan s’y sont essayés, mêlant, chacun à sa façon, fiction et Histoire. Ils sont confrontés à Bertrand et Christelle Pissavy-Yvernault, historiens du Journal de Spirou. En présence des auteurs Émile Bravo et Jean-David Morvan, et des historiens Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. Animée par Olivier Delcroix, journaliste à Le Figaro | RENCONTRE La bande dessinée sous l’Occupation Dimanche 19 février – 14h30 On connaît tous la « légende noire» d’Hergé, sa collaboration pendant l’Occupation qui a permis à son personnage, Tintin, de devenir une icône du XXe siècle. Mais cette situation particulière n’est pas unique. Alors qu’est mise en œuvre l’« aryanisation » des éditeurs juifs français, comme Paul Winkler, créateur du Journal de Mickey et les frères Offenstadt, éditeurs des Pieds nickelés, et quelques autres, comment la bande dessinée a-t-elle traversé l’Occupation ? En présence de Pascal Ory, historien, professeur émérite des Universités Paris I Panthéon Sorbonne, membre de l’Académie française, Tal Bruttmann, historien, Maël Rannou, doctorant, directeur de la lecture publique et des transmissions à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, et Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, directeur d’ActuaBD.com Animée par Jean-Christophe Ogier, journaliste. |
RENCONTRE Shoah et bande dessinée : un sujet toujours d’actualité Jeudi 12 janvier – 16h30 La Shoah, on le sait depuis la grande exposition Shoah et bande dessinée qui a eu lieu au Mémorial en 2017, est de plus en plus souvent mobilisée par le 9e Art. Quelles sont les motivations et les méthodes qui permettent aux auteurs de bande dessinée d’approcher le sujet des génocides, de les appréhender, avec quel travail sur la mémoire ? Rencontre autour de quelques publications récentes.(Les Artisans de la haine, de Catel Muller, Hervé Duphot, Scie Tronc, Jean-David Morvan, Jul, Kkrist Mirror, Jean-Philippe Stassen, Julie Scheibling, David Evrard, Facundo Percio, David Vendermeulen, Arnaud Locquet, Rafael Ortiz, préface de Pierre-André Taguieff, Cicad, 2022, de Une histoire du génocide des Arméniens, de Gorune Aprikian, Jean Blaise Mitildjian et Kyungeun Park, Petit à Petit, 2022, de À la recherche de Jeanne, de Zazie Tavitian et Caroline Péron, Calmann-Lévy, 2022, et de Ils sont partout, de Valérie Igounet, Jacky Schwartzmann, Lara et Morgan Navarro, Les Arènes, 2022. ) En présence des auteur.es. Animée par Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, directeur d’ActuaBD.com | POUR LES FAMILLES (enfants à partir de 10 ans) Visite guidée les mercredis 21 et 28 décembre les jeudis 22 et 29 décembre les mardis 21 et 28 février de 14h30 à 16h Exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah Dès 10 ans, le public découvre à travers le personnage de Spirou, la vie sous l’Occupation et le destin des Juifs de Belgique. En visitant l’exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah, petits et grands accompagnent le héros dans cette vision inédite de la Seconde Guerre mondiale. Réservation obligatoire Maximum 15 personnes POUR LES ENFANTS Visite-atelier les jeudis 23 février et 2 mars de 14h30 à 17h Pour les enfants de 9 à 12 ans Spirou, l’éveil d’une conscience À travers le personnage de Spirou, icône de la bande dessinée belge, les enfants découvrent la vie quotidienne en Belgique sous l’occupation allemande. Des pénuries alimentaires à la mise en place progressive de l’exclusion des Juifs de la société, ils suivent les questionnements et prises de conscience des deux inséparables amis, Spirou et Fantasio. Après une visite guidée de l’exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah, les enfants participent à un atelier sur la bande dessinée. Tarif : 6 €, sur réservation Renseignements et inscriptions (dans la limite des places disponibles) adeline.salmon@memorialdelashoah.org Tél. : 01 53 01 17 87, du lundi au vendredi, de 9h30 à 13h |
Cette exposition est vraiment incontournable surtout si vous avez des ados mais je pense que dès 9/10 ans elle est accessible. Vous pouvez retrouver le lien du mémorial de la Shoah dans la barre latérale ce qui vous permettra d’être informé en temps réel des animations et ateliers qui sont organisés autour de l’exposition.
Je remercie infiniment l’agence C’La Vie de m’avoir permis de la découvrir.
INFOS PRATIQUES
SPIROU DANS LA TOURMENTE DE LA SHOAH
Commissariat scientifique : Didier Pasamonik.
Commissariat général : Caroline François, chargée des expositions.
En partenariat avec les éditions Dupuis.
Mémorial de la Shoah, 17, rue Geoffroy–l’Asnier, Paris 4e – Tél. : 01 42 77 44 72
Ouverture de 10h à 18h – Tous les jours, sauf le samedi – Nocturne jusqu’à 22h le jeudi.
Entrée gratuite
Métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville