SEMPÉ À RUEIL-MALMAISON

Sempé à Rueil Malmaison

Incontournable!

Avec près de 300 dessins originaux dont beaucoup inédits, cette exposition d’envergure nationale entend permettre au visiteur de découvrir l’itinéraire virtuose de l’artiste.


« Je m’en aperçois des années après : je peux dessiner une vieille dame dans la rue ou sur un vélo, et ce peut être moi de façon déguisée. Parce qu’elle porte avec elle la même incertitude que je ressens chaque matin devant ma table de travail. »

On connait tous les dessins de Jean-Jacques Sempé…

Dessin réalisé pour Marius de Marcel Pagnol, éditions Bernard de Fallois, 2004 © J.J. Sempé
Dessin réalisé pour Marius de Marcel Pagnol, éditions Bernard de Fallois, 2004 © J.J. Sempé

Ses albums, ses publications régulières dans la presse française (L’Express, Télérama, Paris Match…) ou étrangère (The New Yorker, Punch )…
Mais avec cette expo, Martine Gossieaux et Marc Lecarpentier nous dévoilent une sélection des centaines de dessins inédits qui demeurent dans les cartons de son atelier…

La ville de Rueil Malmaison nous invite donc à les découvrir dans un parcours chronologique qui reconstitue l’étonnant parcours de Jean-Jacques SEMPÉ.

Une belle idée !

EXERCICES DE STYLE : DE BORDEAUX À PARIS

En 1951, Sud-Ouest-Dimanche publie les premiers dessins de Sempé… signés «DRO».

Renvoyé par son courtier en vins après plusieurs erreurs tragiques où, mélangeant les résultats obtenus par les alambics, il donnait à un vin médiocre des qualités de grand cru classé, il falsifie ses papiers
et s’engage dans l’armée pour venir à Paris.

Dès son arrivée, en 1952, il collabore à de nombreux titres avec des centaines de dessins publiés (Ici Paris, France Dimanche, Samedi- soir, Noir et Blanc, Le rire, etc.) mais continue à travailler pour Sud-Ouest Dimanche. Au delà du gag qui reste évidemment nécessaire, apparaît, un regard encore ou mais déjà facétieux sur le monde qui l’entoure.

Dès 1954, Sempé invente le personnage du Petit Nicolas dans Moustique, journal belge.

Avec son copain René Goscinny, il en fait ensuite une bande dessinée mais elle s’arrête rapidement.

Ce n’est que trois ans plus tard qu’Henri Amouroux demande aux deux complices de reprendre l’idée sous forme d’histoires illustrées que les éditions Denoël publient en 1960.

En 1956, PARIS MATCH publie pour la première fois une page complète de dessins de Sempé.

En effet, le directeur, Roger Thérond, grand amoureux de dessins d’humour, encourage régulièrement Jean-Jacques Sempé et finit par lui proposer une collaboration régulière.

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SEMPÉ – Dessin paru dans Paris Match, 1958 © J.J. Sempé

Le voilà donc en dernière page de Paris Match aux côtés de Chaval, Bosc, et plusieurs dessinateurs américains. SEMPÉ reste aujourd’hui le collaborateur régulier le plus ancien du magazine auquel il fournit un dessin tous les quinze jours…

Pubs pour le laboratoire Lebrun

À partir de 1957 et pendant dix ans, tout comme d’autres dessinateurs tels André François, Tim, Dubout, Savignac, ou Chaval, Sempé répond positivement aux demandes de laboratoires pharmaceutiques.
Il réalise notamment plusieurs cahiers publicitaires pour les laboratoires Lebrun…

Comment on s’enrhume pour les laboratoires Lebrun 1957. Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour, éditions Martine Gossieaux © J.J. Sempé

Volltreffer, premier album de SEMPÉ.

À la fin des années 50, plusieurs amateurs avertis font appel à Sempé. Alors qu’il est encore très rare en France de voir publier un album de dessins d’humour, c’est un éditeur de Zurich qui, le premier, lui propose d’éditer une sélection de sa production.

Le premier album de Sempé : Volltreffer, Diogenes Verlag, 1958 © J.J. Sempé
Le premier album de Sempé : Volltreffer, Diogenes Verlag, 1958 © J.J. Sempé

Volltreffer (En plein dans le mille) sera le premier album de Sempé, (qu’envieront beaucoup de dessinateurs de son entourage). Viendront ensuite des commandes de couvertures pour Punch, hebdomadaire anglais, puis la proposition de Ronald Searle d’un album, Women and children first (qui ne verra finalement le jour que quelques années plus tard, faute de financement).

Après avoir déménagé des dizaines de fois dans Paris, SEMPÉ emménage dans le 18e arrondissement, Cité Les Fusains à Montmartre. Se refusant à juger le ridicule des autres, il affirme son don pour prendre certaines situations à la légère, sans émettre le moindre jugement.

Et l’humoriste cède la place à l’artiste …

Grâce au relatif succès du Petit Nicolas et alors qu’Alex Grall publie en
1962 son premier album de dessins humoristes, Rien n’est simple, chez Denoël
, avec de nombreux dessins repris dans Volltreffer et Punch.
Plus de quarante titres suivront, traduits dans de nombreux pays.

Sempé s’installe rive gauche.

Comme pour se moquer de lui-même, de ceux qui tentent de l’aider en lui soufflant de (mauvais) conseils et de ceux qui s’imaginent qu’il déniche ses idées dans la rue en observateur avisé, Sempé publie en 1963 dans le journal Elle et dans Paris Match, une série de dessins qui racontent la triste condition du dessinateur d’humour.

Dessin paru dans Paris Match en 1962 Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour, éditions Martine Gossieaux © J.J. Sempé
SEMPÉ – Dessin paru dans Paris Match en 1962 Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour, éditions Martine Gossieaux © J.J. Sempé


En 1965, Françoise Giroud lui propose une collaboration hebdomadaire
dans L’Express,
où il observe à bonne distance l’actualité en respirant élégamment l’air du temps.
Parallèlement aux dessins que publient Le Figaro et Le Nouvel Observateur, Sempé prend plaisir à écrire de courtes histoires qu’il illustre…

En 1965, il publie Monsieur Lambert, où il est question de politique, de football, d’artichauts vinaigrette ou de lapin chasseur, mais surtout de … «ce sang-froid nécessaire à toute opération amoureuse d’envergure »

Monsieur Lambert est un petit roman illustré, où s’enchaînent scènes et tableaux, sans aucune nécessité d’intrigue ni de narration.

SEMPÉ Monsieur Lambert, Editions Denoël, 1965 © J.J. Sempé
SEMPÉ – Monsieur Lambert, Editions Denoël, 1965 © J.J. Sempé


Monsieur Lambert est l’un des personnages secondaires de cette humanité monotone et multiple. Sempé a voulu suivre attentivement sa vie quotidienne, dans toute sa banalité, avec ce qu’elle comporte de drôlerie poétique et de mécanique, de généralement humain et de précisément français, d’éternel et de daté. 

L’Express – La vie moderne : Durant dix ans, avec une totale liberté, SEMPÉ observe « la vie moderne » pour L’Express.

Chaque semaine, il porte un regard tendrement acéré sur la société de consommation qui naît sous ses yeux.

SEMPÉ - Dessins parus dans L'Express (période de1968 à 1969) © J.J. Sempé
SEMPÉ – Dessins parus dans L’Express (période de1968 à 1969) © J.J. Sempé


Il regarde naître, nostalgique, un urbanisme raide qui ne s’embarrasse guère de fantaisie. Il s’amuse et s’inspire d’une actualité qu’il regarde de loin en moquant gentiment la foule du métro, la circulation, les manifs, les gros titres des kiosques à journaux, ou la télévision.

Chroniqueur jamais badin et rarement désinvolte, il observe et photographie avec son filtre intemporel le monde qui l’entoure avec étonnement et amusement.

L’information-consommation

Projet de maquette de Jean-Jacques Sempé pour la couverture du livre L’Information Consommation, éditions Denoël, 1968 © J.J. Sempé

SEMPÉ – Projet de maquette de Jean-Jacques Sempé pour la couverture du livre L’Information Consommation, éditions Denoël, 1968 © J.J. Sempé


Sempé publie en 1968 ce qui reste son seul album clairement inspiré de l’actualité: L’Information-Consommation.
D’aucuns voient dans ce livre peu connu un écho à Mai 68 où l’auteur moque l’époque et prend ses distances avec les engagements politiques des uns et des autres.

LA COMÉDIE HUMAINE : Scènes de la vie ordinaire

Au fil des ans, le travail de SEMPÉ évolue. Très vite, et quel que soit
le thème abordé, l’humour n’est plus le seul objectif du dessin.

Le choix du contexte, la dimension du décor, le traitement des détails proposent un regard plus profond sur la société. L’opposition entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, produit une situation cocasse sans que soient condamnés ceux qui la créent ou la subissent.

Dessin de couverture de l’album Vaguement compétitif, Éditions Denoël, 1985 © J.J. Sempé
Dessin de couverture de l’album Vaguement compétitif, Éditions Denoël, 1985 © J.J. Sempé

Hanté par la chose très ordinaire qu’est le décalage entre le petit être humain et les problèmes qui se posent à lui, Sempé invite à savourer le contraste entre un univers illimité et notre esprit étriqué. 

Le « petit bonhomme de Sempé » devient emblème de nos fragilités.
En quarante albums, de 1962 à 2018, le dessinateur de presse s’impose comme « LE » dessinateur humoriste qui nous offre le joyeux et salutaire miroir de nos comportements, pensées, faiblesses et balourdises.

PARIS

Un peu de Paris et d’ailleurs, Éditions Martine Gossieaux, 2011 © J.J. Sempé
Un peu de Paris et d’ailleurs, Éditions Martine Gossieaux, 2011 © J.J. Sempé

Paris l’impressionne, Paris l’éblouit, Paris le fascine...

Entre Montparnasse et Saint- Germain-des-Prés, à pied, en scooter ou à vélo, SEMPÉ promène sa curiosité et sa timidité dans des lieux comme Chez Lipp, Le Flore, La Closerie des Lilas, Castel, Le jardin du Luxembourg … Il fréquente les clubs de Jazz, rencontre Françoise Sagan, Jacques Tati, Jacques Prévert, Savignac, Goscinny avec lesquels il se lie d’amitié.

SAINT TROP’ l’intrigue et l’amuse…

En 1964, après avoir publié ses deux premiers albums, Jean-Jacques Sempé découvre Saint-Tropez où il séjournera durant plusieurs étés. Etonné par l’ambiance et les fêtes auxquelles on l’invite, il observe ce monde étrange qui se cache derrière les lunettes ou les yachts et brosse le portrait d’une société qui fume, boit et danse, avec l’insouciance que permet l’époque.

… des dessins qui posent un regard ironique sur cette communauté qui voudrait oublier le réel mais n’échappe pas aux désillusions…

SEMPÉ, amoureux du sport

C’est au patronage de Bordeaux que SEMPÉ découvre les règles du football. Volontiers bluffeur, il s’invente futur international puisque fils d’un célèbre joueur bordelais. Mais, c’est à la piscine – où la caissière le fait rentrer gratuitement – qu’il prend plaisir à apprendre à nager, avant que le vélo et le ski lui procurent de vraies joies.

SEMPÉ Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour, éditions Martine Gossieaux non daté © J.J. Sempé
SEMPÉ Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour, éditions Martine Gossieaux non daté © J.J. Sempé

Il réalisera plusieurs dessins sur les différentes disciplines qu’il aime et pratique, suit avec passion les Jeux Olympiques et ébauche chaque jour ou presque, alors qu’il cherche une idée, le portrait d’une petite dame ou d’un sportif guilleret à bicyclette...

DOUCE MÉLANCOLIE: PETITS ET GRANDS RÊVES

Sempé ajoute peu à peu la douceur de l’aquarelle et des larmes de poésie
à sa palette, notamment pour rendre hommage aux musiciens.
Le trait, qui estompe la réalité, s’allège pour saisir la grâce d’un chat endormi, le charme d’une jeune ballerine, ou l’insouciance d’un groupe d’enfants sur la plage.
Chaque dessin, où toute légende a disparu, prend l’allure et la force d’une brève nouvelle, d’un haïku ingénu, ou d’une fable sensible.

Le directeur du New Yorker, Mr Shawn, ne s’y trompe pas : Il publie, le 14 Août 1978, un dessin de Sempé en Une du magazine.

Une poule en « Une »

« Un jour », raconte Sempé, « je ne sais pas à quoi je pensais, j’étais à ma table de dessin et je me dis: j’ai envie de faire une poule. Alors je me mets à faire une poule. Et ça me prend beaucoup de temps parce que j’avais envie qu’on comprenne que la poule était bête, mais qu’elle avait peur aussi, et qu’elle avançait tout doucement. Puis je me suis demandé ce que j’allais faire avec ça. Je me suis dit: « Imaginez New York, avec tous ces bâtiments, si je leur envoie une poule ils vont se dire que je suis devenu complètement piqué ». Ça ne fait rien, je l’envoie quand même, ma poule. Et ils la publient en couverture. Je me suis dit: 

C’est drôle, il se passe des tas de choses sur terre, des choses bien, des choses affreuses… c’est merveilleux qu’un magazine publie, en première page, une poule!

Jean-Jacques Sempé, dessinateur


Jean Jacques Sempé a réalisé depuis plus de cent couvertures pour le New Yorker.

On pourrait évoquer la passion de Sempé pour la musique …

Musiques, Éditions Denoël / Éditions Martine Gossieaux, 2017 © J.J. Sempé

… ses nombreuses collaborations avec Raoul Taburin, Marcellin Caillou, Patrick Modiano ou Patrick Süskind…

Marcellin Caillou, Éditions Denoël, 1969 © J.J. Sempé,

mais j’imagine qu’il vous tarde d’avoir toutes les informations pratiques qui vous permettront d’aller découvrir cette magnifique exposition à l’Atelier Grognard, à deux pas du Château de la Malmaison.

Alors les voici :


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MyLovellyDolls
4 années il y a

Mince, mon premier commentaire n’apparait pas 🙁

MyLovellyDolls
4 années il y a

Coucou ma Béatrice ! 🙂 Merci beaucoup pour cet article sur Sempé que j’aime beaucoup, de fait, j’ai été abonné à l’Express pendant un moment car j’aimais beaucoup ce magazine. Hélas, je n’ai plus guère le temps et je préfère privilégier mes lectures autres, tels que romans ou…jardinage ! 😉 Je t’envoie de gros bisous et te souhaite une très belle semaine 🙂 <3 Nathalie

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