SEMAINE DE L’ART : PARIS, UNE FOIS DE PLUS, S’IMPOSE COMME LE LIEU INCONTOURNABLE DE L’EFFERVESCENCE CULTURELLE

Paris accueille en effet une pléiade d’expositions – indoor mais aussi outdoor – qui témoignent de la vitalité et de la diversité de la création contemporaine.

Parmi ces rendez-vous, plusieurs événements se distinguent par leur(s) innovation(s) et leur capacité à renouveler le regard porté sur l’art.

OFFSCREEN Paris – dont c’est la quatrième édition – se déploie dans un lieu d’exception : la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière.

Sur le site d’un édifice historique longuement associé à l’histoire médicale et artistique de la ville, cette manifestation se présente comme un parcours immersif, articulé autour d’une sélection précise de 28 artistes, issus de l’avant-garde, des pratiques historiques ou des créations contemporaines. Dénommé comme un salon à direction curatoriale, OFFSCREEN se distingue par la synergie qu’il établit entre le contexte architectural et les propositions artistiques. La présélection d’artistes, représentés par une dizaine de galeries françaises et étrangères, explore à la fois l’image fixe et en mouvement, mêlant installations, vidéos et pratiques innovantes.

Parmi les figures majeures célébrées cette année, Shigeko Kubota occupe une place d’honneur en tant que pionnière de l’art vidéo, dont l’héritage s’étend sur cinq décennies.

Vue d’installation Shigeko Kubota, Galerie Fergus McCaffrey, OFFSCREEN 2025, La Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, photo GRAYSC. Courtesy OFFSCREEN

Un cycle de discussions publiques réunira, le mardi 21 octobre, les curateurs du MoMA, de la DIA et du ZKM pour évoquer l’impact de cette artiste sur la reconnaissance de la vidéo en tant que forme artistique autonome.

En complément de cette programmation, la section « Acquisitions et découvertes » réunira au cœur des « Magasins » des œuvres récemment intégrées aux collections du Centre Pompidou et du ZKM, témoignant des tendances actuelles et des recherches en cours dans le champ des médias.

L’histoire de la Salpêtrière, centrale à la compréhension de cette sélection, sera également explorée à travers un ensemble exceptionnel de tirages photographiques d’Albert Londe, issus des séances du Dr Charcot. Ces images, en collaboration avec la Galerie Baudoin Lebon, élaborent un dialogue entre iconographie médicale, recherche clinique et construction des savoirs sur l’hystérie.

L’aspect performatif n’est pas absent, puisqu’une œuvre de longue durée, intitulée In This Mortal House Building 3, sera présentée par Maria Stamenković Herranz dans le cadre de la résidence curatoriale de la Maison OFFSCREEN.

Vue d’installation, performance de Maria Stamenković Herranz, This Mortal House Building 3.  OFFSCREEN 2025, La Chapelle Saint-Louis, de la Salpêtrière, photo GRAYSC, courtesy OFFSCREEN

Sur six jours, la construction, puis la destruction, d’une spirale de briques crues les yeux bandés amplifie la réflexion sur la vulnérabilité et la résilience.

Les échanges et débats enrichis par le programme « Conversations » rassembleront critiques, artistes et journalistes liés à différents médias culturels, tels que Artforum ou Madame Figaro, illustrant la porosité croissante entre l’art, la critique et la société.

INFOS PRATIQUES

OFFSCREEN PARIS

La Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière
Entrée par le square Marie Curie

du 21 au 26 octobre 2025


Autre exposition intéressante à voir actuellement à Paris à la Galerie Jean-François Cazeau:

Photogrammes et Rayogrammes : 1940-1950, œuvres de Pierre Jahan

Cette exposition met en valeur les techniques innovantes d’un artiste qui bien que peu connu (ou en tous cas pas assez) du grand public est une figure pionnière de la photographie.

Photogrammes, photomontages et …photos brûlées

Pierre Jahan fait partie, avec Moholy-Nagy , Man Ray et Christian Schad, de ces artistes ayant pratiqué la photographie sans appareil : le photogramme (ou rayogramme dans le terme de Man Ray).

Il s’agit d’une technique qui permet d’obtenir des photographies par simple interposition d’un objet entre le papier photosensible et la source lumineuse. Ce procédé fixe l’image et fait apparaître des silhouettes en négatif sur la photographie finale.

L’Herbier surréaliste (1945-1948), présenté dans l’exposition, est sans doute la série de photogrammes la plus surprenante de Pierre Jahan.

L’artiste revient aux origines scientifiques du procédé souvent utilisé dans la botanique, tout en le détournant. Ainsi, des exemplaires de graminées et autres plantes se superposent sur ces photographies.

L’une des caractéristiques – totalement fortuite – de cette série de photographies : leurs contours partiellement brûlés.

Cela est dû à l’incendie de l’appartement et de l’atelier de Pierre Jahan en 1948. Le photographe a choisi d’en faire un élément supplémentaire d’esthétisme… et de surréalisme.

INFOS PRATIQUES

Pierre JAHAN. Photogrammes et Rayogrammes : 1940-1950

Galerie Jean-François Cazeau

8 rue Sainte-Anastase, 75003 Paris

T . +33 1 48 04 06 92 / +33 6 03 79 76 26

jfc@galeriejfcazeau.com

www.galeriejfcazeau.com

Exposition du 24 octobre au 20 décembre 2025

Du mardi au samedi de 14h à 19h

Dans un registre plus expérimental, la résidence de mentorat Reiffers Initiatives dévoile une collaboration unique entre Daniel Buren, qui habille en permanence la façade du fonds de dotation Reiffers, et Miles Greenberg, concepteur d’un univers tumultueux de sculptures monumentales et de performances immersives.

La transformation de l’espace public parisien par ces œuvres témoigne d’un regard critique et sensible sur l’environnement urbain.


L’histoire du cinéma est également à l’honneur à la Cinémathèque française, qui dédie une rétrospective complète à Orson Welles.

Pour célébrer le 40e anniversaire de la disparition du maître, cette exposition d’envergure explore la richesse de son œuvre, à travers une présentation exhaustive, complétée par conférences et projections.


Enfin, la Fondation Cartier inaugure ses nouveaux espaces situés au 2, place du Palais-Royal, avec son « Exposition générale » retraçant quarante années de programmation.

Conçue par Jean Nouvel, cette présentation esquisse une cartographie des enjeux contemporains liés à la société, à la technologie et à l’environnement.

Cette Exposition Générale retrace quarante ans d’art contemporain à la Fondation Cartier à partir d’une collection façonnée au fil de sa programmation.

Articulée autour de quatre grandes lignes de force qui traversent la Collection, l’Exposition Générale présente la diversité des engagements artistiques portés par l’institution.

Elle s’ouvre sur un laboratoire architectural (Machines d’Architecture) où maquettes, dessins, fragments et installations donnent à voir, en dialogue avec l’environnement urbain, une pluralité d’approches et d’appropriations critiques de l’architecture. Composant une ville réinventée, ces formes côtoient les mondes vivants qui invitent à interroger le rôle de l’institution dans la conservation des écosystèmes menacés et les limites de l’anthropocentrisme (Être Nature). L’exposition explore également la création comme espace d’expérimentation et de décloisonnement, démontrant comment de nouvelles porosités entre art, artisanat et design renouvellent les langages plastiques (Making Things). Enfin, elle convoque des pratiques artistiques mêlant technologie, fiction et savoirs scientifiques qui esquissent d’autres manières de lire et d’habiter le monde (Un Monde Réel).

En périphérie de ces expositions thématiques, des présentations adjacentes révèlent les trajectoires et démarches individuelles ou collaboratives de certains artistes phares de la collection. Tissant formes et cultures humaines et non-humaines, techniques et pratiques émancipées de la hiérarchie traditionnelle des beaux-arts, l’Exposition Générale esquisse une nouvelle cartographie de la création contemporaine : une alternative à l’encyclopédie muséale qui renouvelle la fonction de l’institution comme espace public d’expérimentation et de fabrication de nouveaux savoirs.

Exposition Générale emprunte son titre aux expositions organisées par les Grands Magasins du Louvre dès la fin du XIXe siècle dans le bâtiment haussmannien qu’occupera la Fondation Cartier, édifiée pour la première Exposition Universelle parisienne de 1855.

À travers toute son histoire, ce dernier n’a cessé de se réinventer comme lieu d’exposition, révélant une continuité profonde entre ses métamorphoses successives et les dispositifs de mise en espace qui les ont accompagnées. Son évolution démontre une véritable histoire scénographique qui restitue l’évolution des mœurs et des usages modernes de l’architecture : conçu d’abord comme Grand Hôtel (c. 1855-1880) pour accueillir les visiteurs de l’Exposition universelle, il se transforme progressivement en Grands Magasins (1880-1977), faisant de ses salons des halls d’exposition commerciale, véritables « palais marchands » que l’on visite « comme on va au musée ». Cette vocation se prolonge avec le Louvre des Antiquaires (1977-2018), dont l’organisation spatiale, faite de boutiques en enfilades reliées par de longs couloirs, instaure une continuité de vitrines où des expositions d’objets et d’art décoratifs sont régulièrement organisées.

Rassemblant objets et marchandises de tous horizons, ces événements ont participé à l’élargissement du champ culturel, à la circulation de nouveaux savoirs, à la démocratisation de la culture matérielle et des artefacts au XIXe siècle – une histoire qui dialogue aujourd’hui avec la philosophie de la collection.

La mise en espace d’Exposition Générale conçue par le studio Formafantasma rend apparent le dispositif d’exposition et réactualise la dimension sociale et expérimentale des « Expositions Générales » et autres manifestations commerciales qui ont accompagné l’évolution des pratiques muséales. Formafantasma conçoit un dispositif tridimensionnel, en interaction avec l’architecture dynamique du bâtiment, dont il exploite les différents points de vue et hauteurs. Les supports en textile – structures modulables en tissu montés sur des profilés aluminium et contenant leur propre système d’éclairage – orientent le visiteur parmi les oeuvres et la signalétique de l’exposition.

En se prolongeant dans la ville, l’Exposition Générale embrasse au-delà de son bâtiment le patrimoine architectural de son nouvel environnement urbain : la place du Palais-Royal ainsi que la galerie Valois, passage souterrain reliant anciennement le métro et les grands magasins, accueillent des interventions artistiques qui inscrivent à l’échelle urbaine les lignes de force de l’exposition.

D’octobre 2025 à février 2026, une série de dessins d’Andrea Branzi illustrant son projet de 2008 pour le Grand Paris et développé en collaboration avec l’architecte italien Stefano Boeri est présenté dans la Galerie de Valois.

En valorisant sa porosité avec la ville et l’espace public, la Fondation Cartier réaffirme son ancrage parisien et fait de l’exposition un lieu de fabrique collective de récits, connaissances et formes, en prise directe avec son époque.

Et puis, bien évidemment, impossible de passer à côté d’ART BASEL 2025 qui se tient actuellement au Grand Palais et aussi dans plusieurs lieux parisiens : Place Vendôme, Palais d’Iena, Petit Palais…

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