Un film-documentaire sorti le 19 avril dernier plutôt « synchro » avec l’actualité politique française puisqu’il évoque la montée du FN dans cette région frontalière.
Synopsis:
Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach.
Il y a 30 ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu.
Régis ne reconnait plus la ville de son enfance.
Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés?
Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir à l’heure où la peur semble plus forte que jamais.
Un film profond que j’ai choisi de vous présenter non pas de mon propre point de vue mais par le biais des propos de Régis Sauder, le réalisateur :
- QUEL A ETE LE POINT DE DEPART DE VOTRE PROJET?
« L’idée de faire un film sur mon héritage ne m’a jamais quittée, et elle est liée au lieu d’où je viens et où tout a commencé. En 2014 avec l’explosion du vote FN, Forbach s’est retrouvée sous les feux des projecteurs. Philippot s’est présenté aux élections municipales et est arrivé en tête au premier tour [… ] Forbach n’est pas un lieu anodin pour moi. J’y suis né, j’y ai grandi et une partie de ma famille y vit encore…
- LES TOURS BLEUES DE LA CITE DU WIESBERG…
J’ai passé une grande partie de mon enfance dans cette cité car j’avais une grand-mère qui s’occupait de moi et qui vivant au 6ème étage de l’une de ces grandes tours bleues […] Quand je filme cette cité, c’est une partie de mon passé que je filme…
D’ailleurs très naïvement la première fois que je suis venu avec une caméra, je croyais que j’allais filmer chez moi, comme si je n’avais jamais quitté cet endroit. Or évidemment ce n’est plus chez moi […]
- COMME LE DIT FLAVIA, LA DIRECTRICE D’ECOLE, « VOUS ÊTES VENU DENONCER LA MONTEE DU FN »?
La notion de trahison, c’est quelque chose qu’on m’a renvoyé. J’avais « réussi » donc je n’appartenais plus à mon milieu d’origine mais en revenant faire ce film je prouve mon attachement aux gens et au lieu…
[…]Le fait que je sois le narrateur du film a son importance. Ma voix se mêle à celle des autres. C’est un récit commun où il y a un va-et-vient entre ce qui est dit par ces amis et mon histoire. C’est ce que symbolise la mise en scène de l’interpellation » Tu sais, Régis… ».
- IL Y A UN DOUBLE RECIT DANS LE FILM …
Il y a d’abord l’histoire d’un homme qui revient dans un milieu où les gens ont d’autres parcours sociaux. Un parcours transclasse …
Le film offre aussi une réflexion politique: la montée du FN traverse le film ….
- LE FILM VIENT S’INSCRIRE DANS UN MOUVEMENT QUI DEFEND L’IMPORTANCE DES RECITS DE VIE…
Je voulais raconter mon histoire et celle des gens que je croise. Je voulais aussi ouvrir un espace où les spectateurs puissent se projeter, réfléchir à la notion de honte sociale.
- LA PATRONNE DU CAFE EST COMME LE CHOEUR GREC DU FILM. ELLE COMMENTE LE CHAOS AMBIANT…
C’est effectivement sa fonction. Sur trois années de tournage, elle livre quelque chose du temps qui passe. C’est la seule que je filme dans son lieu de travail et qui s’inscrit dans une action. Pour moi le café du marché, sur la place centrale est l’oeil du cyclone. C’est d’ailleurs là que Philippot s’est rendu lors de la campagne municipale.
- RETOUR A FORBACH A BEAU ETRE UN FILM RETROSPECTIF, IL EST RACONTE AU PRESENT ET RESOLUMENT TOURNE VERS L’AVENIR…
En effet, ce jeune garçon que l’on voit à la fenêtre de ce qui fut ma chambre d’enfant signe vraiment le départ. C’était un geste fort de terminer par cette maison qui se vend et ces gens qui arrivent. La vie continue.
Aujourd’hui Forbach a un maire PS aux origines polonaises… c’est dans ce mouvement-là que peut se construire la possibilité du vivre ensemble.
Merci à Régis SAUDER d’avoir réalisé cet excellent film-documentaire. Retour à Forbach fait partie de ces films qui font réfléchir et ce bien longtemps après être sorti de la salle.
Un film à voir.
Le réalisateur REGIS SAUDER
Régis Sauder est né en 1970, à Forbach et vit aujourd’hui à Marseille.
Après des études de neurosciences, il s’oriente vers le cinéma documentaire.
On lui doit de nombreux films dont deux long-métrages sortis en salles: NOUS, PRINCESSES DE CLEVES en 2011 et ETRE Là en 2012.
Il a également réalisé des installations pour le théâtre et des musées. Il est actuellement président de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion, l’ACID.
Infos pratiques
Retour à Forbach, 2017
Réalisation, Image: Régis Sauder
Durée: 1h18
Son: Pierre-Alain Mathieu
Montage: Florent Mangeot
Assisté de Frédéric Bernadicou
Montage & Son: Mathieu Z’Graggen
Mixage: Régis Diebold
Etalonnage: Gautier Gumpper
Production: DOCKS 66, Aleksandra Cheuvreux & Violaine Harchin en coproduction avec ANA FILMS, Milana Christitch et VOSGES TELEVISION.
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