Notre « RENCONTRE AVEC … » nous emmène aujourd’hui à la découverte de l’univers du musicien compositeur joueur de banjo Siphan Upravan.

Z.P: Bonjour Siphan, pourrais-tu te présenter brièvement à nos lectrices. À commencer par ton enfance. As-tu grandi dans un univers musical ou pas du tout ?

S.U : Ma grand-mère était musicienne. Ma mère jouait du piano, du violon et pratiquait le chant.

Mon père, lui, jouait de la guitare. Lorsque j’étais encore tout petit il m’avait dit :« Apprends à jouer de la guitare et tu ne seras jamais seul! »…

Mais cela n’avait pas suffit pour me motiver. Par contre lorsque mon oncle me fit sortir du lycée où je vivais en pension 7 jours sur 7 à 8000 kms de mes parents pour aller écouter Bambi et Paul Reinhardt, je suis devenu accro, j’ai acheté – en cachette – ma première guitare et je suis devenu copain avec eux. Paul m’a initié à l’accompagnement manouche

Z.P :Est-ce que tu as toujours su que tu voulais faire de la musique un métier? .

S.U : J’ai toujours su que je ferais ce que je voulais! Ce qui est bien plus important et plus profond que vouloir faire de la musique! Je me souviens que lorsque j’avais 5 ans je me disais déjà « Qu’est-ce que je peux faire pour vivre ma vie sans emmerder ma mère! »

Quand mes parents sont rentrés d’Asie, en fait cela faisait deux ans que je jouais (beaucoup), que je sortais (beaucoup aussi) le soir (*).

À leur arrivée en France, je me suis rapidement rendu compte que cela serait difficile de revivre au quotidien sous autorité familiale…

(*) ce qui ne m’empêchait pas de bosser à l’école, au contraire, car j’avais compris que c’était la condition pour ne pas alerter les parents!

Je suis donc parti pour Paris. Là, j’ai vécu de petits boulots et j’ai eu alors la chance de rencontrer un orchestre qui cherchait un banjoïste. Mon niveau était alors trop faible et je n’ai été pris qu’à la condition de travailler énormément!

Je faisais 9 heures de musique par jour (dont 3 manches d’une heure et demie chacune pour subvenir à mes besoins financiers.)

Z.P : Venons-en à tes créations musicales. Inspirations spontanées ou as-tu besoin de te poser avant toute création?

S.U : Cette question est très importante pour moi! En fait comme je te disais tout à l’heure, ce n’est pas tant être baigné dans la musique ou de savoir depuis tout petit ce que l’on veut faire qui me semble important, même si ce sont des questions que tout le monde se pose. Écouter sa lumière intérieure, apprendre à se centrer, apprendre à s’assumer soi et ses inspirations … Dans la création il y a ce côté « inspiration spontanée », ce côté « lâcher prise » mais après il y a le gros travail à assumer pour prendre en compte les codes tout en laissant respirer cette « inspiration spontanée ».

Cette « insouciance créatrice », pour exister sans rester dans un état de « gribouillage » demande beaucoup de travail.

Ce n’est pas une question de moment mais c’est une question de mode de vie, d’immersion dans une façon de vivre l’instant et de le transcrire. Alors oui, ça ressemble au final à de l’intuition mais c’est beaucoup de travail sur soi, sur la prise de confiance, de plaisir dans ses sensations…

Z.P : Ton premier concert ?

S.U: Mon premier concert a eu lieu au Jazz Club d’Amiens, en première partie de musiciens parisiens.

Photo ©Siphan Upravan

Il y avait un concert une fois par semaine au Jazz Club d’Amiens. Je me suis investi pour tenir la buvette du jazz club et mon premier orchestre était soutenu par les adultes de ce club, des passionnés de jazz, qui nous ont aidés et encouragés.

Z.P : As-tu une anecdote amusante à nous raconter? Quelque chose qui te fait sourire aujourd’hui mais qui à l’époque t’avait plutôt mis en panique?

S.U : Oh oui!!! (rires) Un jour le président de l’Association, lui-même joueur de clarinette, me propose d’aller jouer devant les Grands Magasins du Printemps à Paris (à 1h10 de train). Mais comme il était interdit de faire la manche…

À peine le premier morceau terminé, nous nous retrouvons embarqués par la Police jusqu’au commissariat du 9ème arrondissement où …

…nous avons passé l’après-midi en compagnie … de 3 prostituées!!!

Imagine le grand moment de gêne pour l’ado que j’étais…

Z.P : Quels sont selon toi les avantages de ce métier? … Et les inconvénients?

Siphan Upravan au Banckok Paris 2015

L’avantage principal c’est évidemment de se réaliser dans son art, dans sa passion. L’inconvénient c’est que c’est du plein temps. Siphan Upravan

S.U : Pour avoir pratiqué d’autres métiers, je peux t’assurer que c’est celui qui est le plus exigeant! Mais comme je le disais, c’est un mode de vie . J’ai d’ailleurs écrit une musique sur cela. Elle s’appelle « BOSSA MI TEMPS ».

(Vous voulez l’écouter ? Cliquez sur la vidéo ci-dessous!)

Bossa Mi Temps – Siphan Upravan

Z.P : Tes rapports avec les réseaux sociaux . Plus récemment nous avons évoqué les réseaux sociaux et j’ai cru comprendre que tu étais parfois « hors de toi »… Raconte…

S.U : En effet, Facebook me met parfois hors de moi. C’est un réseau qui « se dit réseau » mais lorsque tu as trop d’amis et que tu échanges vraiment beaucoup, il te coupe, te freine pour t’inciter à passer à une utilisation professionnelle avec des accès payants, des pubs …etc

J’essaye de ne pas être trop dépendant des réseaux.

Et puis j’essaye aussi de supprimer les gens qui sont censés être des amis, qui sont juste arrivés là par intérêt. Pour illustrer mes propos, rends-toi compte : sur plus de 2000 amis FB, il n’y a qu’une centaine qui se sont abonnés à ma chaine YouTube!

Z.P: Justement, peux-tu nous en dire plus sur cette chaîne YouTube?

S.U : Avec plaisir !

J’ai créé cette chaine YouTube depuis 9 mois environ.

En fait elle se décline en trois comptes :

(vous pouvez cliquer sur chacune des images pour accéder au compte correspondant)

Un compte BILLETS DOUX où j’édite tout ce qui concerne mon projet et mon travail autour de la chanson :

Un compte CHANNEL BANJO JAZZ NEW ORLEANS où j’édite toute ma vie autour du banjo New Orléans (concerts, tutos…etc) :

Et le compte ENSEMBLE NOTE BLANCHE où je publie tout ce qui concerne mes compositions musicales et mon travail autour du Beebop:

Z.P : Parlons plus spécifiquement de toi…

Tu ne sortirais jamais sans…

L’envie de rencontrer du monde!

Z.P : Si tu devais te définir en 3 mots ?

Passionné, bosseur, ouvert …

Z.P : Si tu devais vivre dans une autre ville que Paris tu choisirais …

S.U : Moscou

Z.P : Question assez compliquée à poser à un artiste musicien mais allez je la pose quand même : Quel type de musique écoutes-tu principalement ?

S.U : J’écoute un peu de tout mais principalement du jazz

Z.P : Le film que tu pourrais revoir 10 fois …

S.U : Tous les films car j’adore le cinéma mais je n’ai aucune mémoire.. (rires)

Z.P : Tu ne sortirais jamais sans…

S.U :L’envie de rencontrer du monde.

Z.P : Tes vacances, plutôt city trip, mer, campagne, montagne ???

S.U : J’adore la montagne, mais de plus en plus city trip.

Z.P : Tu gagnes 10 000 € là tout de suite, tu …

S.U : Je finance les répétitions et la sortie de l’album en cours de création BILLETS DOUX.

Z.P : …et si c’est 500 000 € ?

S.U :Je les confie à ma femme pour qu’elle protège la famille.

Z.P: Tu es élu président de la République. Ta première grande décision?

S.U : (Président ? Quelle tâche horriblement difficile. Mais je joue le jeu) : Je re-conçois l’Education Nationale en partant de l’enfant, de ses motivations… En lui faisant confiance. Je reverrais aussi la formation des enseignants car elle n’est pas suffisante selon moi. C’est un sujet qui me touche et qui me désole car je vois trop d’erreurs. Les enfants sont trop souvent mis en situation d’échec. Et en même temps, sans l’épanouissement de l’enseignant, pas d’épanouissement de l’enfant. C’est comme pour un artiste et son art ou une personne et son couple…

Z.P : Merci Siphan de nous avoir dévoilé une partie de ton monde (extérieur et intérieur) et j’invite ceux et celles qui souhaitent en savoir davantage sur tes vidéos musicales à se rendre sur ta chaine YouTube (et à s’y abonner bien sûr).