L’artiste d’origine sénégalaise expose une belle sélection de ses créations (tableaux et sculptures) au 80bis rue de Turenne jusqu’à la fin du mois de novembre.
Alioune Diagne est le fondateur du mouvement figuro-abstro.
Un mouvement qui valorise à la fois l’émotion portée par l’image et la forme figurative, elle-même formée de signes…
Les tableaux d’Alioune Diagne interrogent immédiatement celui qui les découvre …
On est impressionné et aussi surpris car le travail de cet artiste revêt une forme unique! Plus on s’éloigne, plus les signes se fondent en une forme figurative…
Par contre au fur et à mesure que l’on se rapproche …
… Et plus les signes se précisent…
J’ai eu grand plaisir à m’entretenir avec cet artiste. Mais, parce que je n’ai pas voulu l’interrompre tant son histoire était captivante, l’interview, au lieu d’un questionnement classique, a pris la forme d’un récit … passionnant!
De Fatick à Vienne, un parcours atypique mais néanmoins prévisible…
Je dis « prévisible » à cause de la réponse que m’a faite Alioune Diagne lorsque je lui ai posé cette première question :
Depuis quand dessinez-vous ?
A.D : « J’ai toujours aimé dessiner. Je dessine depuis tout petit… »
Et Alioune Diagne a poursuivi en me plongeant dans une histoire passionnante, la sienne :
« J’étais à l’école élémentaire, au CM1, et comme dans mon école, il n’y avait pas un livre pour chaque élève, le maître m’a demandé si je voulais bien dessiner au tableau de façon à ce que tout le monde puisse mieux voir ce dont il parlait… Je me suis donc exécuté et ce à partir de ce jour-là, j’illustrais chaque jour les leçons. Sciences, géographie … et je suis donc devenu un peu « le spécialiste du dessin » de l’école. Et mes camarades venaient aussi me voir pour que je leur fasse des dessins pour illustrer les poésies que nous avions à apprendre…
J’ai donc continué à produire des dessins pour les salles de classe, les cahiers, les chansons …etc jusqu’à l’âge de 13 ans où je suis parti à la recherche de mon père (N.D.L.R : Alioune n’avait plus aucune nouvelles de son père depuis le divorce de ses parents quelques années plus tôt ).
J’ai bien fait car cela m’a permis de vivre avec lui pendant les 6 années qui ont suivi, jusqu’à son décès en 2004.
À Dakar, je découvre les ateliers d’artisanat… Alioune Diagne
Je reste un peu avec mes grands-parents et quelques temps plus tard, je rejoins ma mère qui s’était installée à Dakar. Je suis toujours passionné de dessin. Là-bas, les artisans font leurs propres toiles et leurs couleurs. Curieux de savoir ce qu’ils utilisaient et comment ils s’y prenaient, j’ai demandé à ma mère de me payer un cours.
Quelques années plus tard, les Beaux Arts de Dakar…
Ma mère ne voyait pas d’un bon oeil cette décision de faire de la peinture mon futur métier mais, en même temps, elle voyait que j’étais passionné. C’est alors que je prépare -tout seul – le concours des Beaux Arts de Dakar où je suis reçu en 2008. J’y suis resté deux ans, puis je me suis envolé pour Vienne en Isère.
Accueilli par la ville de Vienne en Isère, je peux enfin me consacrer à ma passion: la peinture.
J’ai suivi ma femme à Vienne et je continue à dessiner et à peindre tout en donnant des cours et en travaillant comme animateur. Je finis par rencontrer le maire qui croit en mon art et qui met à ma disposition un immense atelier…
La peinture m’apaise … Alioune Diagne
Quand je rentrais de mon travail, je continuais à peindre avec passion et inspiration. Et ce quelle que soit l’heure.
Jusqu’en 2013 où je me dis qu’il me faut une identité, une signature!
Le mouvement « figuro-abstro », des signes et encore des signes…
C’est à cette période que mon grand-père – qui est mon homonyme et que j’admirais beaucoup – décède.
Jusqu’à cette époque, je ne dessinais pas au pinceau. Et c’est à ce moment-là – peut-être en souvenir de tous ces moments passés à le regarder écrire -le grand-père d’Alioune étant un grand maître coranique écrivait donc à la plume les sourates du Coran – je décide que je vais peindre avec des pinceaux et écrire des signes sur mes tableaux.
C’est l’origine du mouvement Figuro-abstro.
À partir de ce moment-là, je dessine et j’écris les signes comme ils arrivent dans ma tête. En fonction de l’émotion du message. Tout se fait de façon spontanée. Le choix des couleurs s’impose également à moi en fonction du message que je ressens et cela peut être à n’importe quel moment du jour ou de la nuit…
Quelques mots sur ce mouvement Figuro-Abstro …
Je l’ai appelé comme ça parce qu’il est à la fois figuratif et abstrait. Il me fallait trouver un mot qui définisse parfaitement ma technique et c’est exactement celui qui correspond à mon travail.
Ce qui est drôle c’est que Manel N’DOYE, un artiste sénégalais que j’allais voir travailler quand j’étais aux Beaux Arts à Dakar (il était en 4ème année alors que moi je n’étais alors qu’en 2ème année et le voir travailler me permettait de prendre de l’avance), eh bien Manel a rejoint mon mouvement Figaro-Abstro …
Ma première expo à la Loman Art House de Dakar…
« C‘est grâce à l’éducation que le monde évolue… » Alioune Diagne
J’y ai présenté mon tableau EDUCATION. Je voulais voir la réaction du public, des collectionneurs… c’est cette exposition qui m’a fait connaître.
Et ensuite les expositions se sont enchaînées : Vienne, St Etienne, la Biennale de Dakar, Aoste en 2017… Je garde un souvenir assez ému de cette exposition car outre le fait qu’il y a eu des affiche partout dans la ville, j’ai réussi grâce à cette expo, à faire se rencontrer deux hommes politiques qui s’évitaient. Ils se sont réconciliés et ont même accepté de poser sur la même photo, avec moi!
PERCEPTIONS, ma première expo monographique à Paris
J’ai déjà exposé à Paris au Salon d’Art Africain contemporain mais c’était une exposition collective. Nous étions plus de 20 artistes. Mes tableaux intriguaient les visiteurs. Et ils plaisaient aussi énormément. Du coup j’ai donné des interviews, j’ai été invité sur des plateaux télé… les réactions ont été très positives.
Je n’ai jamais voulu exposer aux « Foires d’Art » comme le Grand Marché de l’Art Contemporain, la Fiac…etc Alioune Diagné
Parce que je trouve d’une part qu’il y en a beaucoup trop, d’autre part que les tableaux ne sont pas mis en valeur on ne les voit pas bien, c’est comme une boutique…
D’ailleurs au début, je ne voulais même pas me séparer de mes tableaux… Alioune Diagne
… Ni les exposer dans les hôtels ou les grands espaces qui me le proposaient. Pour moi leur place est dans mon atelier ou éventuellement dans un musée. D’ailleurs je fais très souvent de grands formats un peu aussi pour cette raison. J’ai finalement accepté en 2015 d’en vendre quelques unes mais à a condition de pouvoir échanger avec les collectionneurs… J’ai toujours été attentif à valoriser mon travail et ne pas le brader.
J’ai peint environ une centaine de tableaux dont certains ont été faits en collaboration avec … mon fils …
J’ai deux enfant de 3 et 8 ans et l’aîné lorsqu’il avait 4 ans, je lui ai laissé un espace d’expression en lui disant :
« Dessine ce que tu as envie de dessiner … » Alioune Diagne
Pratiquement tous les tableaux auxquels il a collaboré ont été vendus.
Les enfants c’est l’essence même de la vie et il est très important de leur donner des valeurs. De leur expliquer les choses… c’est la raison pour laquelle ils apparaissent souvent sur mes tableaux.
Cet artiste est passionnant. On ne se lasse pas de l’écouter parler : lorsqu’il évoque son parcours, qu’il développe son mouvement figuro-abstro, il est intarissable sur ses sources d’inspiration et sur sa vision égalitaire du couple, il m’a aussi expliqué que ses sculptures imposantes représentent chacune un signe tiré de ses tableaux…
Je ne saurais que trop vous inciter à aller découvrir au plus vite l’oeuvre d’Alioune Diagne, 80bis rue de Turenne dans le 3ème arrondissement de Paris.
Je suis repartie ravie d’avoir rencontré cet artiste exceptionnel et doublement ravie qu’il m’ait dédicacé ce magnifique livre qui retrace son parcours et que vous pouvez vous procurer sur place.
Infos Pratiques
[…] de ses oeuvres. Une recherche qu’il privilégie depuis dix ans (…) Si la démarche d’Alioune Diagne, son disciple et ami, est géométrique ; Manel définit la sienne de « Lyrique » … […]
hello Béa
j’apprécie très chouette ce qu’il fait ☺
bisous et bonne soirée ☺
Coucou,
Ravie de te retrouver sur Zenitude!
Je suis tes aventures sur Facebook (notamment les histoires de voiture !!!) mais je suis toujours bien contente que tu prennes le temps de venir lire ma prose…
En effet cet artiste est top. Et d’une gentillesse et complètement passionné par sa peinture !
Si j’avais les moyens, c’est sûr que j’achèterais une de ses toiles – ou une de ses sculptures – Elles sont tellement originales !!!
Bonne soirée en tous cas et encore merci de ta visite chez moi !
Bisous !
Bravo Allouine bises
Bonsoir ma belle! J’espère que tu vas bien! Grosses bises et à bientôt j’espère !