Une version « contemporaine » de la tragédie de Racine avec Patrice Laffont et sa fille Mathilde
Le synopsis :
Nous sommes à Athènes dans un cybercafé.
La pièce débute par un flash info où le journaliste, Nelson Monfort, annonce en direct la disparition – lors d’un voyage diplomatique – de Thésée, chef d’état et véritable héros national.
Et en dépit des recherches, Thésée reste introuvable.
Est-il vraiment perdu, ou pire, mort ? Son épouse Phèdre, effondrée, dépérit à vue d’oeil.
Ce que son entourage ignore c’est que la vraie raison de cette douleur est la passion interdite et coupable qu’elle voue à son beau-fils Hippolyte, fils de Thésée, beaucoup plus jeune qu’elle. Une passion unilatérale car Hippolyte ne partage pas ses sentiments.
Phèdre animée d’une jalousie excessive ne peut supporter qu’Hippolyte la rejette et lui préfère la jeune Aricie …
Il convient, en premier lieu, de saluer le travail remarquable de l’auteure Véronique Maurey.
Elle réussit à donner une nouvelle vie à un texte du XVIle siècle, sans le trahir ni le dénaturer.
En effet, si les personnages originels se retrouvent dans la pièce, Véronique Maurey a pris le parti de les faire évoluer dans un monde contemporain.
L’auteure respecte la versification et le rythme des alexandrins, tout en les rendant fluides et accessibles au public d’aujourd’hui. Elle introduit également quelques touches d’humour et de légèreté, qui contrastent avec la gravité du sujet et soulignent l’ironie du destin.
Véronique MAUREY nous confie :
« J’ai toujours eu beaucoup de compassion voire d’admiration pour cette femme qui s’est emmurée dans un amour interdit, incestueux et coupable qu’elle ne peut contrôler !
Alors pour que l’on comprenne toute la complexité intemporelle de ce personnage, j’ai voulu faire vivre Phèdre dans une ambiance contemporaine.
Le cybercafé ?
Un lien évident entre virtuel et réalité !
Des alexandrins modernes ?
Un clin d’œil bien sûr à la langue de Racine mais aussi pour faire aimer le rythme et la musicalité uniques de la versification.
J’espère que « Phèdre Inattendue » sera un levier qui donnera envie aux adultes, mais aussi aux plus jeunes de lire ou relire les textes classiques. »
C’est Véronique Maurey qui incarne avec brio le rôle-titre

Son interprétation magistrale exprime toute la complexité et la souffrance de ce personnage tourmenté par son amour interdit.
Elle est accompagnée par des comédiens de qualité : Mathilde et Patrice Laffont dans les rôles d’Aricie (rivale de Phèdre) et de Thésée, mais aussi Valérie Ouerdane (Oenone),
Aurélie Bertho (Ismène), Jean-Cyrill Durieux (Hippolyte) et Melvyn Baron (Théramène).

Photo Zenitude Profonde Le Mag
Les comédiens sont tous parfaitement investis dans leur rôle.
Valerie Ouerdane Jean-Cyril Durieux
J’ai particulièrement apprécié les performances de Valerie Ouerdane (Oenone) et de Jean-Cyril Durieux. Ce dernier incarne Hippolyte en mettant l’accent sur sa sincérité aussi bien lorsqu’il repousse les avances de Phedre, que lorsqu’il affronte avec courage et désarroi l’injuste colère de Thésée… Jean Cyril Durieux est tout aussi sincère et attendrissant en amoureux sincère d’Aricie en dépit des obstacles…
Thésée, quant à lui, chef d’état habitué à tout contrôler, sent bien là que sous son toit et au sein même de sa propre famille, la situation lui échappe. Il s’interroge alors :
Que faire ? Comment reprendre le contrôle ? Qui croire ?
Patrice Laffont interprète le rôle de Thésée avec passion donnant à son personnage la fragilité qui transparaît en dépit de son charisme.

Théâtre Le Ranelagh
Photo Zenitude Profonde Le Mag
La mise en scêne de Romain KHA colle parfaitement à la volonté de moderniser la pièce.
L’écran géant en arrière plan ainsi que la moto d’Hippolyte sont deux éléments symboliques de notre époque contemporaine.
Le choix des costumes vient, lui aussi, accentuer le caractère contemporain de la pièce et les scènes sont souvent teintées d’humour (les événements sont annoncés par vidéo, musique, SMS, tweets).
Romain KHA, le metteur en scène nous révèle :
« Lorsque j’ai découvert cette version de Phèdre, pour le moins inattendue, j’ai été frappé par son accessibilité.
Je me suis aussitôt dit que c’était l’occasion de bien raconter cette histoire.
Le phrasé de l’illustre Racine est certes magnifique, mais date du 17ème siècle. Avec Phèdre Inattendue, nous allons pouvoir transposer cette histoire aujourd’hui. Les personnages auront des vies comparables aux nôtres. Et par, entre autres, un jeu d’écrans, et une versification contemporaine, nous accompagnerons l’intrigue dans sa dimension tragique. Ainsi, le spectateur sera immergé dans cette légende devenue moderne. Les passionnés pourront redécouvrir Phèdre autrement et les néophytes, la déguster pleinement. Perpétuons donc cette tradition vieille de plus de 2500 ans.
Après Euripide, Sénèque et Racine, le mythe de Phèdre et d’Hippolyte est raconté une nouvelle fois et n’a rien perdu de sa puissance. »
Je recommande vivement cette adaptation de Phèdre qui offre une lecture originale et captivante d’un chef-d’œuvre du théâtre français.
C’est une belle occasion de redécouvrir le génie de Racine, qui a su peindre avec force et élégance les passions humaines dans toute leur complexité.
INFOS PRATIQUES
PHÈDRE INATTENDUE
UNE VERSION ̏CONTEMPORAINE ̋ DE L’ŒUVRE DE RACINE
Un texte de Véronique Maurey
Mise en scène Romain Kha
Avec
Patrice Laffont : Thésée
Mathilde Laffont : Aricie
Véronique Maurey : Phèdre
Valérie Ouerdane : Oenone
Aurélie Bertho : Ismène
Jean-Cyrill Durieux : Hippolyte
Melvyn Baron : Théramène
Du 3 au 19 avril 2023 à 20h30 (représentations les mardis et mercredis et le lundi 17/04)
THÉÂTRE LE RANELAGH
5 rue des Vignes
75016 Paris
Réservations : www.talticket.com , dans les points de vente habituels
ou par téléphone au 01 42 64 49 40 (du lundi au vendredi de 10h à 18h)