Du 28 février au 14 juillet 2020 à l’occasion de la réouverture des galeries de la mode, entièrement rénovées grâce au mécénat de Stephen et Christine Schwarzman, le Musée des Arts Décoratifs présente soixante créations de couture et de prêt-à-porter, issues essentiellement de ses collections, ponctuées de prêts de pièces iconiques prestigieuses.
Elles seront présentées en correspondance avec leur parution dans le magazine Harper’s Bazaar.
Man Ray, Salvador Dali, Richard Avedon, Andy Warhol, ou encore Peter Lindbergh ont, en effet, contribué à l’esthétique hors pair du magazine.
« Harper’s Bazaar. Premier magazine de mode » retrace l’évolution de cette revue mythique depuis 1867.
L’exposition rend hommage aux personnalités qui ont façonnée le Harper’s Bazaar : Carmel Snow, Alexey Brodovitch et Diana Vreeland.
Ce sont eux qui, à partir des années trente, ont propulsé le magazine dans la modernité de la mode et du graphisme.
Lancé en 1867 à New York par Harper & Brothers, Harper’s Bazaar a pour objectif d’instruire les femmes en matière de mode, de société, d’art et de littérature dans la tradition des gazettes de mode européennes.
Sa première rédactrice, Mary Louise Booth est suffragiste, abolitionniste et partisane de l’Union lors de la guerre civile américaine.
La francophilie de cette femme de lettre rejaillit dans toute l’histoire du magazine.
Au xxe siècle, Picasso, Cocteau, Matisse font partie des nombreux artistes français dont le magazine s’entoure. Bazaar consacre également des articles aux figures de l’École Américaine telles Jackson Pollock, Franck Stella ou William Burroughs.
Déployée sur les deux niveaux des galeries de la mode, l’exposition chronologique et thématique propose une immersion dans le magazine en plaçant des robes face à leur publication originale très agrandie.
Le cheminement souligne la contribution de Harper’s Bazaar à l’évolution de la silhouette depuis 150 ans et raconte comment ces images de magazine se sont construites. L’exposition intègre, en effet, croquis, photos et patrons qui ont précédé l’image de mode et nourri son inspiration.
La scénographie de l’exposition a été confiée à l’architecte et designer Adrien Gardère qui s’était déjà occupé de la rénovation et de l’aménagement des galeries.
Le parcours s’ouvre sur un bref rappel de l’histoire des périodiques de mode au XVIe siècle…
Mary L. Booth, première rédactrice en chef en 1867, donne le ton du magazine et introduit les créations du couturier parisien Charles-Frederick Worth très appréciées par les clientes fortunées américaines.
Le magazine prend part à l’évolution des styles en témoignant successivement du goût de l’Art nouveau, puis de l’orientalisme des Ballets russes et de Paul Poiret qui inspire les couvertures que dessine Erté dans
les années folles.
C’est à cette époque que les photographies du baron Adolphe de Meyer orientent le magazine vers une esthétique photographique que plus tard George Hoyningen-Huene ou George Platt-Lynes teintent de surréalisme, à l’unisson des illustrations de Cassandre paraissant en couverture.
Ce style répond aux créations d’Elsa Schiaparelli ou de Madeleine Vionnet donnant à la mode une dimension métaphysique et antique.
L’accent est mis sur l’importance des trois « Géants » qui, dans les années 1930, font de Bazaar un magazine de luxe avant-gardiste : Carmel Snow – rédactrice en chef s’allie le talent d’Alexey Brodovitch – directeur artistique – et de Diana Vreeland – chroniqueuse de mode.
Vreeland s’impose en styliste photographique ouvrant le magazine aux grands espaces et aux corps ensoleillés que Louise Dahl-Wolfe saisit en couleur Kodachrome.
Carmel Snow introduit de grands noms de la photographie tels Man Ray puis Richard Avedon, en accord parfait avec les tendances de mode : le lyrisme d’Avedon se prête à l’envolée des robes du soir d’après-guerre.
Elle baptise aussi la première collection « New Look » de Christian Dior en 1947 initiant un véritable Âge d’or.
Cependant, les années 1950 remettent en question Bazaar tel que le montre le film Funny Face avec Audrey Hepburn en premier rôle.
L’heure est à l’existentialisme et déjà aux premières illustrations d’Andy Warhol.
L’évolution de Richard Avedon et les nouvelles ressources optiques photographiques conduisent à la révolution Pop et Op du fameux numéro futuriste d’avril 1965.
L’arrivée de Glenda Bailey en 2001, en tant que rédactrice en chef, accompagnée par Stephen Gan et Elisabeth Hummer – directeurs artistiques, transforme le magazine. Bazaar se fait spectacle et s’ouvre à la fantaisie.
Les photographes tels Jean-Paul Goude ou Simon Procter sont meneurs de revue. L’heure est au backstage, aux coulisses, aux grandes compositions photographiques et aux ambitieuses prises de risque. La beauté et l’éclat du magazine s’accompagnent néanmoins d’un grand respect pour son histoire.
Cette exposition est la première consacrée à un magazine de mode…
…mais ne se limite pas à la simple présentation de photographies!
Elle évoque aussi bien la question de la direction artistique que l’impact du graphisme et de la photographie. On aborde également le rôle des femmes et des hommes qui, autant que ceux qui la créent et la portent, défendent une certaine idée de la mode.
Dans un musée qui a fait de la mode l’un de ses piliers…
… il n’est pas inutile de rappeler que le magazine de mode est très souvent le premier matériau qui permet d’en écrire l’histoire.
C’est aussi le premier véhicule de la diffusion et de la connaissance de la mode, un élément de définition de son identité, un acteur fondamental du système de la mode remis ici dans sa juste perspective.
Infos pratiques
Exposition HARPER’S BAZAAR
Premier magazine de mode / MAD Paris Musée des Arts Décoratifs
107 rue de Rivoli, 75001 Paris +33 (0) 1 44 55 57 50
Métro : Palais-Royal, Pyramides, Tuileries
Ouvert du mardi au dimanche
de 11h à 18h
(Nocturne le jeudi jusqu’à 21h : seules les expositions temporaires et la galerie des bijoux sont ouvertes)
entrée plein tarif : 11 €
entrée tarif réduit : 8,50 €