LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE AU THÉÂTRE DE POCHE MONTPARNASSE

“Je ne suis pas une sainte… J’ai connu bien des hommes et je sais, par expérience, toutes les folies, toutes les saletés dont ils sont capables…”

Le Journal d’une femme de chambre : un brûlot sensuel sur les planches du Théâtre de Poche Montparnasse

Après avoir conquis le public du Théâtre du Chêne Noir lors du Festival Off d’Avignon 2024, Le Journal d’une femme de chambre revient à Paris, dans l’écrin intimiste du Théâtre de Poche Montparnasse, là où il avait déjà rencontré un franc succès. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce spectacle n’a rien perdu de sa puissance.

Mise en scène avec une intensité troublante par Nicolas Briançon, et portée à incandescence par la comédienne Lisa Martino, cette adaptation du chef-d’œuvre d’Octave Mirbeau est un coup de poing théâtral : un «jeu de massacre jubilatoire », une confession charnelle et sociale qui secoue, dérange, fascine.

Au cœur du dispositif, Célestine, femme de chambre parisienne reléguée en province, nous livre le journal de ses pensées intimes. Entre dénonciation sociale et exploration du désir, elle évoque sans fard les petits arrangements, les pulsions inavouables et les hypocrisies d’une société corsetée.

Rien n’échappe à son regard acéré : ni les notables respectables, ni les domestiques humiliés – tous aussi corrompus les uns que les autres.

La vérité, crue et violente, se distille dans chaque mot, chaque silence.

Pas de gentils, nous sommes tous coupables !, rappelle Nicolas Briançon qui signe la mise en scène.

Il donne à entendre ce texte comme une descente lucide dans les tréfonds de l’âme humaine, sans fard ni rédemption. La mise en scène réduit la distance entre l’actrice et le public, nous enfermant dans la chambre de Célestine comme dans un confessionnal étouffant.

Mais loin de sombrer dans la noirceur gratuite, le spectacle distille une forme d’élégance sulfureuse : une sensualité omniprésente, un érotisme trouble, un humour féroce. L’interprétation de Lisa Martino, toute en subtilité et en tension, donne corps à cette femme à la fois victime et lucide, résignée mais vibrante, entraînée malgré elle dans les affres d’un monde sans pitié.

C’est là que réside sans doute la force du texte de Mirbeau : dans sa capacité à faire coexister le grotesque et la pitié, la beauté et la souillure. Un texte “sans hypocrisie, parce que c’est de la vie”, disait l’auteur. Et cette vie, dans ce qu’elle a de plus dérangeant, de plus humain, explose ici dans une langue puissante, servie avec une rigueur scénique remarquable.

Le Journal d’une femme de chambre, c’est un voyage nécessaire : une plongée en enfer pour entrevoir, peut-être, la possibilité d’un paradis. C’est surtout une leçon de théâtre, rare et salutaire.

INFOS PRATIQUES

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE
D’Octave MIRBEAU
Mise en scène Nicolas BRIANÇON
Avec Lisa MARTINO

Assistante mise en scène : Elena TERENTEVA

Décor : Bastien FORESTIER

Costumes : Michel DUSSARRAT

Lumières : Jean-Pascal PRACHT
Son : Emeric RENARD

Vidéo : Olivier SIMOLA


DU MARDI AU SAMEDI À 21H
À PARTIR DU 15 MAI

au Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
 Réservations recommandées
 Spectacle conseillé à partir de 14 ans

 

Un grand merci à l’Agence LM pour cette invitation.

 

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