DENALI DE NICOLAS LE BRICQUIR REVIENT AU THÉÂTRE JULIETTE RECAMIER

Une pièce au-delà de l’extrême

DENALI est l’un de ces rares spectacles qui vous attrapent dès la première seconde et ne vous lâchent plus.

Cette création de Nicolas Le Bricquir investit le théâtre Juliette Récamier – qui réouvre ses portes à cette occasion – transformant le plateau en un écran vivant.

Enquête policière haletante, portraits d’adolescents contemporains, musique et scénographie immersives et mise en scène qui flirte avec le langage des séries télévisées pour mieux nous piéger, DENALI c’est tout cela et bien plus encore!

 

L’histoire part d’un fait réel tragique

Le meurtre de Cynthia Hoffman en Alaska. Les derniers à l’avoir vue sont ses deux amis, Denali Brehmer (Rose Noël)  et Kayden McIntosh (Pierre de Brancion).

Les détectives Jessica Hais (Caroline Fouilhoux) et Lenny Torres (Romain Bouillaguet) vont devoir dérouler un fil complexe où victimes et coupables se confondent. Le parti pris est simple et vertigineux : ne pas pointer du doigt mais pousser le public à se poser les questions difficiles de la responsabilité, l’immersion numérique et la construction de soi à l’ère des réseaux sociaux.

Sur scène, tout fonctionne comme dans une série réussie.

La scénographie joue de la lumière et des projections ; un panneau central signale lieux et indices — photos, SMS, extraits — et devient un personnage à part entière. Les transitions entre forêt, chambre, voiture ou salle de classe sont épurées, rapides, presque cinématographiques. L’usage de la transparence et de modules mobiles permet des changements quasi immédiats dont la rapidité renforce l’illusion et la tension. On passe d’un espace à l’autre sans rupture, comme si l’on feuilletait les souvenirs d’un crime.

La musique de Louise Guillaume, composée et jouée en direct, est une force discrète et omniprésente. Elle installe des nappes sonores profondes et des motifs simples qui accompagnent l’entrée d’un personnage ou le basculement d’une scène. Ce dialogue permanent entre jeu, régie et bande-son offre aux comédiens une liberté rare et transforme chaque représentation en expérience singulière. Un choix tellement judicieux !

Le souci du détail, point clé au regard de la vraisemblance de la trame narrative

Nicolas Le Bricquir a mené un travail documentaire poussé sur Anchorage : images de la ville, regards sur les lycées, habitudes musicales et fragments de vies numériques servent de matériaux. Les réseaux sociaux des protagonistes ont été consultés pour mieux comprendre leurs motifs, ce qui donne au texte une étrangeté familière : on reconnaît ces codes, ces désirs d’apparaître, ces pulsions de célébrité qui peuvent mener au pire.

La pièce est structurée comme une longue enquête découpée en épisodes successifs, chacun s’ouvrant sur un générique (clin d’œil assumé aux plateformes de streaming).

Le rythme rappelle True Detective ou Twin Peaks mais sans les imiter: atmosphères lentes et tendues, montée progressive de l’inquiétude, trouvailles sonores et visuelles qui s’installent et déstabilisent. Ici, le théâtre ne cède rien à l’intensité télévisuelle ; au contraire, il la réinvente en direct.

Chacun des comédiens de par la justesse de son jeu, apporte sa pierre à cet édifice remarquable. Résultat : une création exceptionnelle!

Rose Noël, dans le rôle-titre, captive le public par sa capacité à exprimer une gamme d’émotions complexes, oscillant entre vulnérabilité et résilience.  Son interprétation est authentique, poignante, et permet aux spectateurs de s’identifier facilement à son parcours.

De son côté, Pierre de Brancion (Kayden) impressionne par son interprétation nuancée et sa capacité à incarner de façon très juste également ce jeune adolescent qui appréhende la vie comme « un monde des possibles » …

Leur complicité crée une alchimie dramatique, palpable, rehaussant ainsi la puissance émotionnelle de la pièce et captivant le public du début à la fin.

Les autres comédiens, dont les performances s’avèrent tout aussi remarquables, permettent propulsent cette création à un niveau d’exception.

Denali n’est pas une leçon morale.

Il s’agirait plutôt d’une proposition : entrer dans la vie de ces jeunes, essayer de comprendre ce qui les pousse… et ressortir bouleversé.

La complexité humaine y est montrée sans fard, dans un va-et-vient constant.

DENALI parvient à nous faire éprouver de l’empathie pour des personnages qui -normalement – nous dérangent et nous force à ré-interroger nos propres certitudes sur le bien et le mal.

On passe une soirée où le théâtre se fait aussi captivant que nos séries préférées, mais plus profond, plus immédiat, plus palpable.

Une création magistrale pour le retour au théâtre Juliette Récamier (dont on peut se réjouir de la réouverture après  tant d’années).

DENALI a déjà fait salle comble au Festival Off d’Avignon et au Studio Marigny en 2024 (avec une mise en scène et une distribution différentes mais également porteuses d’émotions).

Tirée d’un fait réel relativement récent – puisqu’il date de juin 2019 –  DENALI nous rappelle que les faits divers peuvent être un miroir de notre époque, et qu’un plateau bien pensé a le pouvoir de nous interroger longtemps après la chute du rideau.

Une pièce à ne pas rater !

Tous nos remerciements à l’Agence LM qui nous a invités à découvrir cette superbe création théâtrale.


INFOS PRATIQUES

DENALI

Auteur Nicolas Le Bricquir

Mise en scène : Nicolas Le Bricquir

Avec Rose Noël (DENALI), Sarah Cavalli (KATE), Caroline Fouilhoux ou Marine Barbarit (HAIS), Romain Bouillaguet, Pierre de Brancion (KAYDEN), Tom Boutry, Léa Millet (CALEB,CYNTHIA ET
LA MÈRE DE KATE) 

Création musicale: Louise Guillaume

Production : Jean-Marc Dumontet
Assistante à la mise en scène : Charlotte Levy

Scénographie : Juliette Desproges

Du 10 septembre au 19 octobre 2025

du mercredi au dimanche à 19H

Théâtre Juliette Récamier – 3 rue Récamier – 75007 Paris

RESERVATIONS ICI

 

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