Ce 16 juin 2017, jour anniversaire de l’arrivée du Néerlandais Anton Hirschig à Auvers-sur-Oise, l’Institut Van Gogh lui a rendu hommage en exposant deux de ses toiles dans la chambre qu’il occupait à l’Auberge Ravoux.
Anton Hirschig fut le témoin de l’agonie et dernier messager de son voisin de palier… Vincent van Gogh.
Il aura fallu 30 ans de recherches pour retrouver trace de « l’œuvre » d’Hirschig. C’est grâce à la complicité de l’Hôtel des Ventes Drouot (Me William Le Calvez) que Dominique-Charles Janssens a pu acquérir lors d’une vente aux enchères 3 toiles d’Anton Hirschig.
Les 2 toiles qui seront exposées à partir du 16 juin ont été remarquablement restaurées par Mme France de Viguerie. En clin d’œil à Van Gogh, les toiles ont été encadrées avec talent par deux artisans Valdoisiens, Jean-Paul Coguic et Jean Havard, qui se sont inspirés d’un cadre en « bois blanc » comme les aimait Van Gogh.
Mi-juin 1890, Anton Hirschig, peintre hollandais de 23 ans, en quête de conseils avisés, se présente à la galerie Goupil à Paris pour y rencontrer Theo van Gogh. Après l’entrevue, Hirschig décide de se rendre dans le village d’artistes d’Auvers-sur-Oise, où réside le frère de Theo, Vincent.
«Il y a un Hollandais qui viendra te voir, il était recommandé par de Bock qui lui avait recommandé Fontainebleau, mais il le trouve pas à son gout. Je ne sais pas s’il a du talent, il n’avait rien à montrer.» Extrait de lettre de Theo à Vincent- Paris – 15/06/1890
C’est ainsi que, le 16 juin, Vincent van Gogh fait la connaissance d’Anton Hirschig, qui devient son voisin de palier à l’Auberge Ravoux. Vincent ne tarde pas à donner sa première impression à Theo :
«C’est avec plaisir que j’ai fait connaissance avec le Hollandais qui est venu hier. Il a l’air bien trop gentil pour faire de la peinture dans les conditions actuelles. Si néanmoins il persiste à vouloir en faire je lui ai dit qu’il ferait bien d’aller en Bretagne avec Gauguin et de Haan parce qu’il vivra là-bas de 3 francs par jour au lieu de 5 francs et aura de la bonne compagnie.» Extrait de lettre Vincent à Theo – Auvers-sur-Oise – 17/06/1890
Quelques jours plus tard, il complète :
«Le Hollandais travaille assez assidument mais se fait encore illusion sur l’originalité de sa manière de voir, considérablement. Il fait des études à peu près comme en faisait Koning. Un peu de gris, un peu de vert avec un toit rouge, une route blanchissante.
Que faut-il dire dans un cas comme cela, s’il a de l’argent alors certes il fait bien de faire de la peinture. Mais s’il faut qu’il intrigue beaucoup pour en vendre je le plains d’en faire, de la peinture, comme d’autres d’en acheter à un prix relativement trop élevé. Là, si pourtant il travaille seulement bien assidument tous les jours, il arriverait. Mais seul ou avec des peintres qui travaillent peu il ne ferait pas grand-chose je crois.»
Extrait de lettre Vincent à Theo – Auvers-sur-Oise – 24/06/1890
De son côté, Adeline Ravoux, la fille des aubergistes se souvient :
«Tommy Hirschig […] était un joyeux garçon, pas un travailleur acharné, plus préoccupé par les jolies filles que par la peinture.»
Les Souvenirs d’Adeline Ravoux sur le séjour de Vincent van Gogh à Auvers-sur-Oise,
Les Cahiers de van Gogh (no. 1, 1956)
L’analyse de Vincent van Gogh se confirmera : Hirschig n’a pas marqué l’Histoire de l’Art par son talent de peintre !
En revanche, son nom est à jamais lié à celui de son illustre compatriote pour avoir été témoin de son agonie.
En effet, c’est Hirschig qui sera chargé par le Dr Gachet d’apporter à Theo un message expliquant le drame qui se joue à Auvers-sur-Oise.
Grâce à cette intervention, les deux frères sont réunis pour la dernière fois.
Vincent décède dans la nuit du 28 au 29 juillet dans les bras de Theo.