En passionnée de théâtre, c’est avec plaisir que j’évoque aujourd’hui la pièce A TORT ET A RAISON.
Une pièce choc à plusieurs titres.
Elle a d’ailleurs créé le buzz cet hiver, en partie à cause du retour sur les planches, du comédien Michel Bouquet âgé de plus de 90 ans.
À TORT ET À RAISON, de Ronald Harwood (scénariste du film Le Pianiste) est remarquablement mise en scène par Georges Werler. Vous pouvez voir la pièce jusqu’au 31 mars 2016 au Théâtre Hébertot à Paris.
Michel Bouquet incarne Wilhelm Furtwängler, le célèbre chef d’orchestre auquel il a été reproché d’avoir fraternisé avec Hitler, continuant à diriger la Philarmonie sous le régime nazi.
L’histoire :
Nous sommes en 1946 à Berlin, à l’heure de la défaite nazie.
Le commandant américain Steve Arnold (Francis Lombrail) s’apprête à interroger le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler (Michel Bouquet) accusé de compromission avec le régime nazi…
Selon Arnold, Wilhelm Furtwängler ne pouvait ignorer ce qui se passait: les persécutions des juifs, la déportation, les chambres à gaz…
Alors pourquoi n’est-il pas parti ?
Pourquoi a-t-il continué à diriger la Philarmonie allant même jusqu’à diriger le concert donné pour l’anniversaire du Führer???…
Le commandant américain interroge le vieil homme sans relâche.
Et dans ce douloureux dialogue, la vraie question est : Qui a raison et qui a tort ?
Mon avis :
Malgré quelques longueurs au début de la pièce, on est très vite emporté par le jeu des deux acteurs principaux. Des éléments secondaires: témoignages ou propos de personnages secondaires qui ont vécu l’histoire, intervention du jeune adjoint incitant son commandant à la clémence – bien qu’étant lui-même de confession juive – intervention de l’un des musiciens de l’orchestre de la Philarmonie…Autant d’épisodes qui viennent dérouter le spectateur qui finit par se demander lui aussi
« Mais … au bout du compte, qui a raison? ».
Michel Bouquet est magistral dans ce rôle de musicien qui eut son heure de gloire et qui est maintenant assailli.
Pitoyable aussi dans ses tentatives pour essayer de garder une certaine dignité en dépit de la faiblesse due à son âge. Essayant aussi de justifier ses choix alors que toute la question est de savoir s’ils sont défendables…
Et Francis Lombrail en commandant américain sans états d’âme, lui donne la réplique.
Son unique objectif : venger la mémoire de tous ces hommes détruits par le régime nazi.
Accusateur brutal, il rejette systématiquement les arguments fondés sur la défense de la culture évoqués par Fürtwangler, refusant de se laisser émouvoir par ce vieillard certes fragile mais qu’il considère comme un monstre..
Un jeu de comédiens : grandiose.
De ceux qui vous touchent au plus profond de vous-même.
En effet, s’il est vrai qu’en entrant dans la salle on a tous un avis bien déterminé sur ceux que l’on a coutume d’appeler « les collabos », la pièce dérange, ébranle nos convictions quant à l’humain, l’art et la culture qui selon Furtwängler « ne se mélangent pas à la politique »…
Du très grand théâtre, une pièce à voir absolument !
Crédits photos : LOT
[…] Cette pièce m’a rappelé une autre pièce dans laquelle j’avais vu avec plaisir Michel Bouquet remonter sur les planches du Théâtre Hébertot il y a quelques années. La thématique bien que n’étant pas exactement la même s’en rapprochait beaucoup. La pièce s’appelait d’ailleurs « À TORT ET À RAISON… »… […]