H Gallery vient d’inaugurer la troisième exposition personnelle de l’artiste américain REUBEN NEGRÓN.
« C’est l’un des premiers artistes que j’ai rencontré en déménageant à New York […] » nous révèle Hélianthe Bourdeaux-Maurin directrice et fondatrice de H Gallery « Ses aquarelles et ses fusains continuent d’être étonnants, notamment dans la façon dont il capture la lumière. Les visiteurs les confondent avec des photos ou de la peinture. La ville de 300 000 habitants où il travaille, en Caroline du Nord, a été dévastée par l’ouragan Hélène et les dernières œuvres destinées à l’exposition ont été réalisées par l’artiste pendant l’ouragan avec une lampe frontale, des piles presque vides et quelques bougies. Il a eu la chance que son atelier résiste aux tornades et de réussir à fuir une ville sans routes, ni eau, ni électricité pour arriver jusqu’à Paris avec ses œuvres intactes ! »
Ses œuvres sont inspirées autant par son rapport à cette région très particulière, les Appalaches du Sud, qu’il apprend à décrypter depuis dix ans, après avoir vécu à New York presque toute sa vie, autant que par les légendes Cherokee de ce peuple autochtone qui entretient des liens étroits avec les habitants de cette ville connue pour sa grande communauté d’artistes, Asheville.
Pour l’anecdote, F. Scott Fitzgerald passa une partie des années 30 à Asheville.
A DIALOGUE WITH SPARROWS — REUBEN NEGRÓN
«Fantômes Et Méditations Depuis le Sud des États-Unis
Poursuivant mon utilisation de la narration visuelle, A Dialogue with Sparrows est le troisième volet d’une série de peintures et de dessins qui explorent directement ma relation avec le sud des États-Unis — et en particulier, avec les Appalaches du sud.
Depuis que j’ai emménagé dans les Montagnes Blue Ridge, à l’ouest de la Caroline du Nord, j’ai été fasciné par le paysage, les gens, l’histoire et le folklore qui contribuent à sa culture unique. En tant qu’observateur extérieur— car peu importe la durée de temps que vous habitez dans cet endroit, si vous n’êtes pas d’ici, alors vous n’êtes pas d’ici — j’ai utilisé l’art comme moyen de comprendre ce réseau complexe de particularités qui rend cet endroit si beau et impressionnant. Dans ma série Morganne de Toi, montrée en 2018 à H Gallery, j’ai abordé un sentiment de perte, d’isolement et de folie sublime inséparable des difficultés de survie dans les Appalaches. Dans ma série Echoes, j’ai exploré le caractère, le sentimental et l’atmosphère du lieu lui-même, dévoilant une sensibilité propre aux montagnes, quelque chose qu’on ne perçoit vraiment qu’en restant suffisamment figé pour s’y ouvrir.
Et maintenant, dans ma série A Dialogue with Sparrows, je me plonge dans la mémoire d’un lieu — un lieu qui est à la fois refuge et prison, un lieu qui sera un jour enterré dans le kudzu, emportant avec lui, les histoires des générations de ceux qui y habitaient autrefois.
Les habitants du sud des Appalaches ont une tradition profonde de respect et de crainte pour leur montagnes et leurs lieux sacrés.
Il s’agit de la plus ancienne chaîne de montagnes d’Amérique du Nord, abritant le point culminant à l’est du Mississippi. Ce territoire est le foyer de plusieurs peuples amérindiens, dont les Cherokee qui habitaient la région dans laquelle je vis actuellement, bien avant que les colons européens ne les chassent. Ces montagnes, malgré leur beauté, sont impitoyables. De nombreuses cultures qui se sont installées dans la région sont restées isolées pendant des générations, en raison des difficultés de déplacement (de manière ferroviaire ou routière) à travers ses crêtes et ses vallées. C’est aussi une terre riche en folklore, superstitions, phénomènes surnaturels et tragédies. Parmi les formes d’art typiques de la région, on retrouve les Murder Ballads — des chansons populaires traitant de la passion, de la mort, du meurtre, de la perte et du remords. La mort et l’agonie sont des aspects acceptés de la vie ici. Et connaître sa place est essentiel pour y survivre.
A Dialogue with Sparrows, bien qu’il ne traduise pas directement un morceau particulier du folklore, s’inspire de l’esprit général des récits appalachians des XIXe et XXe siècles. A Dialogue with Sparrows est un poème visuel, une sorte d’histoire de fantômes, qui commente l’isolement, la perte de mémoire au fil du temps, les traces évanescentes de notre existence et que notre seule constance est d’être des habitants temporaires sur une terre aussi ancienne que le temps lui-même.
Les principaux thèmes explorés comprennent : la mémoire, le lieu, l’isolement, le temps et la réparation… »
REUBEN NEGRÓN
Une Note sur les moineaux
Le moineau domestique (Passer domesticus) est un petit oiseau fortement associé à la présence humaine. Il se nourrit de plantes, d’insectes et de graines et fait régulièrement son nid dans les recoins des habitations humaines. Pour cette raison, la plupart des moineaux domestiques ne parcourent pas plus de quelques kilomètres au cours de leur vie. Bien que des migrations limitées aient lieu, surtout chez les jeunes oiseaux, la majorité des moineaux domestiques passent des générations entières dans une zone
restreinte.
Étant donné leur vaste répartition et du fait qu’ils sont étroitement associés aux humains, les moineaux ont acquis diverses significations au fil du temps. Pour beaucoup, à travers le monde, le moineau domestique est l’animal sauvage le plus familier et, en raison de cette proximité et de sa familiarité avec les humains, il est fréquemment utilisé pour symboliser le commun et le vulgaire, voire l’obscène. Les moineaux étaient associés par les Grecs anciens à Aphrodite, la déesse de l’amour, en raison de leur présumée sensualité, une association reprise par des écrivains ultérieurs tels que Chaucer et Shakespeare.
Le moineau mort symbolise le changement et les cycles de vie, nous rappelant que nous ne pouvons pas tout contrôler. On les trouve souvent à proximité des humains car ils représentent le lien entre l’humanité et la nature. Pour certains, cela peut représenter la liberté en général, ou la liberté du choix. Dans d’autres cultures, comme dans le folklore européen, un moineau dans une maison est de mauvais augure et était considéré comme un signe de mort pour le propriétaire ou les membres de sa famille. Enfin, les marins se faisaient tatouer des moineaux dans l’espoir que les oiseaux attraperaient leurs âmes en cas de décès en mer.
Photo de Une : Reuben Negrón, Momento Mori, 2024, aquarelle sur papier marouflé sur panneau de bois, 30,5 x 22,9 cm, Courtesy H Gallery, Paris
INFOS PRATIQUES
Exposition du 10 octobre au 23 novembre 2024, du mardi au samedi de 13h à 18h ou sur rendez-vous.
H GALLERY
39, rue Chapon
75003 Paris
+33 (0)9 78 80 43 05 galerie@h-gallery.fr www.h-gallery.fr