Nous voilà de retour avec notre sélection mensuelle de spectacles…
ORGUEIL ET PRÉJUGÉS… OU PRESQUE
au THÉÂTRE ST GEORGES
Jane Austen re-visitée avec irrévérence…et talent!
Adapter Jane Austen sans la figer dans la dentelle victorienne : voilà le pari brillamment relevé par Johanna Boyé.
Dans cette version française du succès londonien Pride and Prejudice (sort of), l’univers d’Austen se déploie sous un angle aussi drôle qu’impertinent.
Le spectacle, mené tambour battant par un casting 100 % féminin, revisite les amours contrariées d’Elizabeth Bennet et de Mr Darcy depuis le regard des domestiques, observatrices ironiques et pleines de verve.
Entre chorégraphies déchaînées, énergie musicale et dialogues férocement drôles, cette comédie musicale insolente a tout pour séduire.
Une nomination aux Molière 2025 qui consacre son esprit vif et son audacieuse modernité.
Adapter Jane Austen sans trahir son esprit relève de la gageure.
La metteuse en scène Johanna Boyé y parvient avec éclat dans cette version française du succès londonien Pride and Prejudice (sort of).
Porté par un casting exclusivement féminin, le spectacle renverse les codes et fait résonner la voix des domestiques, témoins narquois des amours contrariées d’Elizabeth Bennet et de M. Darcy.
Rythme effréné, humour caustique et énergie musicale traversent cette comédie où la bienséance se heurte à la fantaisie la plus débridée.
Entre ironie et grâce, Orgueil et préjugés… ou presque s’impose comme une réjouissante parodie d’un grand classique, sublimée par la mise en scène inventive de Johanna Boyé et la plume espiègle de Virginie Hocq et Jean-Marc Victor.
Rien de surprenant à ce que cette pièce ait été nominée aux Molière 2025
Ne manquez surtout pas cette pépite !
INFOS PRATIQUES
ORGUEIL & PRÉJUGÉS… OU PRESQUE
Titre original : « Pride and Prejudice (sort of) »
De : Isobel MCARTHUR
Librement adapté du roman de Jane AUSTEN « Orgueil et Préjugés »
Adaptation française : Virginie HOCQ et Jean-Marc VICTOR
Mise en scène : Johanna BOYÉ (assistée de Stéphanie FROELIGER)
Avec : Emmanuelle BOUGEROL, Lucie BRUNET, Céline ESPERIN, Rachel ARDITI ou Magali
GENOUD, Agnès PAT’, et Melody LINHART (en alternance avec Caroline CALEN) à la guitare.
Scénographie : Caroline MEXME
Lumières : Cyril MANETTA
Costumes : Marion REBMANN
Perruques : Julie POULAIN
Musique : Mehdi BOURAYOU
Chorégraphies : Johan NUS
Théâtre St Georges
51 Rue Saint-Georges
75009 Paris
01 48 78 63 47
Du mercredi au vendredi 21h, samedi 18h et dimanche 17h
Relâche le 30 novembre 2025
8m²
Une comédie burlesque très touchante.
Bienvenue en prison !
Née d’un confinement devenu symbole d’enfermement collectif, cette comédie humaniste ose transformer la claustration en source de fraternité.
Dans une cellule devenue colocation improbable, quatre hommes apprennent à cohabiter, à s’affronter et à se comprendre… y compris avec le « maton ». Entre chamailleries et confessions la pièce évolue avec un rythme endiablé.
La mise en scène mêle situations rocambolesques et satire sociale, sans jamais oublier cette dose d’émotion qui constitue le fil rouge de la pièce.
Le texte est résolument empreint d’humour mais le propos profondément humain.
Les comédiens sont excellents! Ils livrent un jeu d’une sincérité désarmante, tour à tour cocasse et émouvant, accentué par les interactions avec le public.
Derrière les éclats de rire, c’est une sorte de tendresse qui affleure car nous finissons par éprouver une véritable empathie envers eux …
8m² est un bijou d’émotion et d’humour à la fois.
INFOS PRATIQUES
8 M2
Auteurs et comédiens : Martin Heuzard, Yanis Nouidé, Vincent Robin, Benoît Laubier et Jean Michel Bamas
Création musicale, Jean Michel Bamas
Metteur en scène : Evelyn David
Du 10 octobre 2025 au 28 décembre 2025
à 21h30 le vendredi 31/10
et le dimanche à 17h30 en novembre et en décembre
Théâtre de la Tour Eiffel
4 square Rapp – 75007 PARIS
LE ROI SE MEURT À L’ÉPÉE DE BOIS
Auteur : Eugène Ionesco
Un spectacle de Jean Lambert-wild et Catherine Lefeuvre
« Tu respires. Tu ne penses jamais que tu respires. Penses-y. C’est un miracle. » – Eugène Ionesco
Soixante ans après sa création, le chef-d’œuvre d’Eugène Ionesco conserve une force sidérante.
Dans cette nouvelle mise en scène, d’une clarté poétique, Bérenger Ier, roi dérisoire et symbole de l’humanité tout entière, s’éteint peu à peu tandis que son royaume s’effrite.
Le drame d’une agonie, c’est qu’on peut en rire jusqu’à en oublier les délabrements dont nous sommes responsables.
Le Roi se meurt est un conte – pour adulte et enfant – qui nous apprend, à l’usure du temps, qu’il faut prendre soin du corps du monde car il s’agit aussi finalement de notre propre corps. Il est toujours de mauvaise politique de l’ignorer et d’attendre la dernière orée pour oser affronter cette réalité.
Cet enjouement tragique de l’écriture de soi dans l’œuvre d’Eugène Ionesco est d’une modernité fracassante.
Eugène Ionesco expliquait dans une interview en 1963 que cette pièce était « Une sorte de libération de cette angoisse et de cette libération… »
Il rajoutait d’ailleurs que le roi Bérenger est « l’homme universel » car précise-t-il « Tout homme est une sorte de Roi au centre de l’Univers. L’univers lui appartient. Jusqu’au moment où justement tout cela s’écroule. »
Le roi Bérenger 1er s’effondre et tout s’effondre avec lui.
L’esprit clownesque de Eugène Ionesco fait du rire une larme désaltérante où notre conscience peut s’abreuver pour ne pas « mou-ou-ou- ou-ou-ou-ou-rir » . Il nous apprend que toutes agitations et culbutes sont inutiles lorsque l’inévitable surgit, qu’une société chancelante n’est que la traduction indifférente de nos aveuglements politiques.
Peu de temps avant sa mort Ionesco avait déclaré : « Soyons gais, mais ne soyons pas dupes. Une seule issue, peut-être ? C’est encore la contemplation, l’émerveillement […] tant que cela nous sera possible. »
Le roi Bérenger 1er n’est peut-être qu’un clown qui cherche un rire apaisant pour ne pas étouffer lorsque le temps fond dans ses mains.
« Avec lui, nous allons rire beaucoup, mais d’un rire élégant qui traverse le gouffre de l’agonie en dansant sur un fil ».
Catherine Lefeuvre & Jean Lambert-wild.
Le rire, salvateur, devient lucidité.
Allégorie de l’homme confronté à sa propre fin.
Entre comédie tragique et méditation métaphysique, Le Roi se meurt confronte le spectateur à l’inéluctable avec une drôlerie désarmante. On y rit, souvent, d’un rire lucide qui fait vaciller nos certitudes.
Ionesco, maître du paradoxe, transforme la mort en théâtre et le désespoir en matière comique.
Un moment d’une intelligence rare, où le tragique se pare d’une clarté presque mystique.
ATTENTION DERNIÈRES REPRÉSENTATIONS !
Avec Le Roi Bérenger 1er : Jean Lambert-wild
Marie (reine et deuxième épouse) : Nina Fabiani
Le médecin (chirurgien, bactériologue, bourreau et astrologue) : Vincent Abalain
Juliette (femme de ménage et de chambre, infirmière, cuisinière et jardinière) : Aimée Lambert-wild
Le fou du roi : le petit cochon Pompon
CE QUI RESTE D’UN AMOUR au Studio Hebertot
« L’amour – le vrai – ne meurt pas. Ce sont les relations qui prennent fin.»
Dans l’écrin feutré du Studio Hébertot, Carlotta Clerici orchestre une confrontation à la fois pudique et brûlante : celle d’un couple qui se retrouve un an après sa séparation.
Je vous recommande cette pièce alors même que je ne l’ai pas encore vue car je connais le talent de Caroline Devismes et Thomas Le Douarec que j’ai eu l’occasion de voir dans d’autres pièces. Leur interprétation étant toujours d’une justesse remarquable, je n’ai aucun doute sur le plaisir que j’aurai à découvrir cette pièce.
De ce que j’ai pu en voir lors de la présentation de saison du Studio Hébertot, cette pièce m’a semblé être un bijou d’humour, d’émotion et …d’élégance. Je vous en reparle très bientôt.
CE QUI RESTE D’UN AMOUR
De Carlotta Clerici
Mis en scène par Carlotta Clerici
Avec Caroline Devismes et Thomas Le Douarec
Musique : Aldo Gilbert
Lumière : Patrice Lecadre
Photographie : Attilio Marasco et Francis Grosjean
Décor : David Lionne et Jérôme Lebertre
Production : Compagnie Thomas Le Douarec, Protect Artistes Music et Talent Plus
RESERVATIONS : Studio Hebertot
Du 23 octobre 2025 au 08 février 2026
Relâches : 25 décembre, 01 janvier, 08 janvier et 18 janvier
Kennedy : Des hommes de courage à Rueil-Malmaison
« Le courage est la qualité qui détermine toutes les autres. » Winston Churchill
Deux représentations exceptionnelles les 19 et 20 novembre pour une pièce dont je vous ai déjà parlé ICI.
Sous tension feutrée, cette pièce singulière explore les dessous du pouvoir américain à travers quatre figures : un officier, un journaliste, un ancien chef de la CIA et son assistant.
Des hommes de courage revisite le mythe américain en explorant les zones obscures du pouvoir.
Deux comédiens y incarnent quatre figures du drame — un officier, un journaliste, un ancien chef de la CIA et son jeune assistant — dans une mise en scène dense où se croisent vérité historique et fiction politique.
Entre thriller politique et drame moral, conviction et compromission, le texte interroge le courage dans un monde où la vérité se paie cher.
Mise en scène soignée, atmosphère crépusculaire et interprétations remarquables sur fond de jazz : Kennedy : Des hommes de courage est un événement théâtral exceptionnel, à ne pas laisser passer
Kennedy, des hommes de courage
De Nicolas Kaplyn, Élise Ropert et Pierre Huntzinger
Mise en scène : Pierre Huntzinger.
Avec Pierre Azema et Nicolas Kaplyn
Musique originale : Pierre Huntzinger et Nicolas Kaplyn
Lumière : Sébastien Lanoue
Scénographie : Christophe Auzolles
Costumes : Julie Ehme
mercredi 19 novembre et jeudi 20 novembre 2025 à 20h45
Athénée – Le Petit Théâtre de Rueil
Ces cinq œuvres, dans leur diversité de ton et de forme, témoignent d’une même exigence : faire du théâtre un lieu d’humanité.
À travers le rire, la mémoire, la politique ou la passion, le théâtre parisien continue d’interroger notre époque — avec la ferveur, la beauté et la profondeur que seule la scène peut offrir.
Et s’il fallait une raison d’aller au théâtre ce mois-ci, ce serait celle-ci :
Parce qu’au milieu du vacarme du monde, il est encore possible d’écouter — et de ressentir!
