Le jury a décerné ce mercredi 18 octobre le Prix Art et Environnement à Djabril Boukhenaïssi.

Sélectionné parmi 381 candidatures et cinq finalistes, l’artiste explore les notions de disparition et de fragilité, en proposant de nouvelles narrations liées à des souvenirs évanescents.

Le lauréat bénéficiera donc d’un accompagnement de six à huit semaines lors d’une résidence, suivie d’une exposition personnelle à la Fondation Lee Ufan Arles, l’été prochain.

Le Prix Art et Environnement entend valoriser le travail d’un.e artiste en récompensant, chaque année, un projet mettant au cœur de ses préoccupations les rapports entre la création artistique et l’environnement.

À propos de l’artiste

Djabril Boukhenaïssi est né en 1993 en banlieue parisienne. Il est diplômé de l’Universtät der Künste de Berlin et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris depuis 2018.

Désormais, il poursuit sa recherche à travers la peinture, le pastel et la gravure.

Son travail est essentiellement nourri par la littérature et la musique, et s’articule autour des notions de disparition et de fragilité.

Il a été invité dès sa sortie de l’école par Djamel Tatah et Marc Desgrandchamps à exposer au CACL.

Son travail a notamment été présenté dans le journal Le Monde et dans l’article d’ArtBasel « La jeune peinture française explose ».

Présentation

Son travail de peinture s’attache à reconstruire des images sensibles dont il fait l’expérience et qui, comme pour tout un chacun, nourrissent son rapport au monde. Si la peinture qu’il présente semble indécise, comme à mi-chemin d’une représentaFon abouFe, c’est qu’elle cherche à évoquer des événements qui sont eux-même évanescents, fragiles, mal dessinés et mal inscrits dans notre propre intériorité. C’est le cas d’un souvenir d’enfance, d’un paysage entr’aperçu, de la rêverie induite par un morceau de musique ou encore du visage d’un ami disparu. Autant d’événements logés dans les interstices de notre mémoire, qui s’y sont sédimentés et amoncelés, et qui échappent dès lors qu’on cherche à les saisir. Un matériau friable donc, difficile à appréhender, mais éminemment évocateur, puisque chacun d’entre-nous se construit et vit à travers l’amoncellement de ces images. La reviviscence d’un souvenir, lorsque nous nous le figurons, par exemple, n’est pas un décalque de la réalité, mais un résidu appauvri.

Pour autant, cette implicaFon du disparu dans le présent laisse des traces, et ces traces, nous les tenons pour vraies, en tant qu’elles sont ce qu’il nous reste de notre passé, et probablement le sable sur lequel nous voulons établir notre présent.

La peinture est probablement le lieu où peut s’espérer une telle récognition, précisément parce qu’elle s’autorise à déborder la vraisemblance pour tenter d’aller au plus proche de ces images sensibles. Le peintre fait l’hypothèse que la peinture, travaillée à travers des motifs « troués », poreux, eux-mêmes traversés par d’autres motifs, est peut-être en mesure d’évoquer la manière dont ces images intérieures nous reviennent à travers une durée qui nous est propre. Il fallait donc penser un ensemble qui épouserait cette dimension temporelle.

Les tableaux qu’il propose, évanescents, fragiles, où les motifs se disFnguent sans se dessiner véritablement, correspondent au caractère si singulier des événements, fugaces et chancelants, à partir desquels il cherche à travailler.

À cet égard, le recours au pastel a été essentiel.

C’est sa porosité, une fois appliquée sur les glacis de la peinture à l’huile, qui a permis un tel travail. En effet, le pastel permet, par la transparence, de ne pas ramasser sur un même plan les couleurs et les motifs de la composition. À ce titre également, l’utilisation de réserves est toujours en jeu dans ce procédé de travail.