À l’heure où les ruelles d’Avignon se parent des couleurs du théâtre et où les voix du Off résonnent sous les pierres séculaires, La Factory – constellation de lieux singuliers tels que le Théâtre de l’Oulle, la Chapelle des Antonins, la Salle Tomasi, l’Espace Roseau Teinturiers et le Collège Vernet – s’impose une fois encore comme l’un des foyers créatifs les plus féconds du festival.
Pour cette édition 2025, la Factory propose une belle sélection de spectacles.
La sélection officielle pendant le Off, du 5 au 26 juillet 2025
Explorations de l’intime et de l’identité :
À la Chapelle des Antonins
-
« Paris-Biarritz ou comment j’ai rencontré l’humanité » (14h20), de et avec Franck Lorrain, met en scène une odyssée intérieure entre humour, lucidité et tendresse.
- « Shakoul » (17h35), de et avec Céline Pitault. Un seul en scène profond et incarné, célébrant la résilience à travers un récit personnel d’une rare intensité. Collaboration artistique : Benoîte Vandesmet & Florence Cabaret – Création Lumière : Frédéric Fourny
-
« Cache-Cache » (19h05), signé Vanessa Aiffe-Ceccaldi, s’accompagne du parrainage bienveillant d’Alexandra Lamy. Cette création aborde, avec subtilité et sensibilité, les fêlures et renaissances de l’enfance.
Relectures d’un mythe :
-
« Hamlet – La fin d’une enfance » (18h05 – Théâtre Le Cabestan), créé par Christophe Luthringer, transpose l’angoisse shakespearienne dans un contexte contemporain. Avec Victor Duez, le trouble adolescent devient tragédie intime. Le pitch : Hamm, 19 ans, a perdu son père il y a deux mois et sa mère a déjà retrouvé quelqu’un.
Cette situation est insupportable. Hamm ne veut plus sortir de sa chambre...Un Hamlet brut, intense, poétique et vibrant.
Pièces chorales et forces collectives :
-
« Tout contre la terre » (12h – Espace Roseau Teinturiers). Camille Beaurain raconte au journaliste Antoine Jeandey le parcours de son mari, Augustin, agriculteur dans la Somme : leur rencontre, leur amour, leur travail à la ferme… Mais aussi, le terrible système qui humilie la paysannerie française : les relations avec la grande distribution, la volatilité des prix, les conditions d’emprunt bancaire…Si cette histoire passe en un clin d’œil d’une porcherie à un bureau aseptisé ou à une compagnie d’assurance, les cinq comédiens restent toujours piégés sur le plateau par un mur fait d’une vingtaine de bottes de paille et cette terre « qui prend tout, qui remontera jusqu’à tes draps ; la terre tu verras, elle te prendra tout ton temps »... La pièce est portée par une belle distribution (Merryl BEAUDONNET – Charlotte BIGEARD – Remi COUTURIER – Charlie FARGIALLA – Emmanuel GRUAT – Thibaud POMMIER – La mise en scène est signée Marie Benati et Rémi Couturier.
-
« Tel le fleuve rencontre la mer » (21h50 – Chapelle des Antonins), écrit et mis en scène par Elisa Sitbon Kendall, est un poème scénique sur l’identité, l’exil et la mémoire collective, enrichi par une écriture collaborative.
Présences singulières et formes hybrides :
-
« ÉLIA, Généalogie d’un faussaire » (15h35 – Théâtre Le Petit Chien). À travers l’histoire de la peinture du XXe siècle, découvrez le destin singulier d’Alain Laumonier. Enfant abandonné, il grandit comme il peut et devient faussaire...De Paris à New York en passant par Marseille, Elia, généalogie d’un faussaire, mélange les silences de l’Histoire, de la mémoire familiale à la passion pour l’Art. (Pièce présentée en avant-première le 4 juillet ). Mise en scène : Léonard Matton – Avec Magali Bros, Jean-Loup Horwitz, Gabrielle Lazure Costumes : Chouchane Abello-Tcherpachian Scénographie : Dan Azzopardi-Composition: Laurent Labruyere
Au théâtre de l’Observance
-
« Antoine Rabault » avec un seul en scène unique en son genre (à 19h30) et « Pablo Caillault » (à 21h05) humoriste azuréen, première fois au festival OFF, complètent cette belle programmation.
Une Factory fidèle à sa vocation d’éclaireuse
Depuis ses débuts, La Factory s’emploie à faire éclore des œuvres libres, audacieuses, souvent inclassables. En investissant les marges du théâtre autant que son cœur battant, elle compose une mosaïque humaine et artistique à l’image du Off lui-même : foisonnante, vive, habitée par le désir de dire et d’émouvoir.
En juillet, rendez-vous à Avignon, pour découvrir ces spectacles qui, chacun à leur manière, redonnent au théâtre sa fonction première : celle de faire résonner l’intime dans le commun, et inversement.