Avec Ça va chauffer !, actuellement à La Scène Parisienne, Sylvie Audcoeur, Bruno Chapelle et Olivier Yéni proposent une comédie qui aborde l’écologie là où on ne l’attend pas forcément : au cœur d’un couple, d’un immeuble… et d’une série de contradictions humaines aussi hilarantes que criantes de vérité.
Le sujet en soi est très sérieux — transition écologique, convictions personnelles, rénovation énergétique — mais les auteurs ont délibérément choisi la voie de la légèreté incisive : celle où les esprits s’échauffent plus vite que le climat, où les valeurs s’entrechoquent, et où l’idéalisme se heurte au quotidien dans un feu d’artifice de quiproquos.
Quand l’écologie fait irruption dans un couple… et dans un immeuble
Au centre de la pièce, une jeune femme passionnée, idéaliste, prête à transformer le monde. Pour boucler son Mémoire de Master Universitaire, elle s’est donné pour objectif de …transformer un immeuble qui est une pure aberration en matière d’écologie…Elle décide même de s’y installer avec son mari pour être plus au coeur de cette évolution. Mais voilà, non seulement il n’adhère que du bout des lèvre étant lui-même dirigeant d’une entreprise de transports routiers (et donc plus accro au diesel qu’aux bavardages avec les plantes).
Autant dire que les discussions de couple pourraient alimenter un protocole COP entier.
À cela s’ajoutent :
– les propriétaires de l’immeuble elles-aussi divisées sur la question de rénovation énergétique
– un “chasseur de subventions” aussi motivé par l’argent public que par les jeunes femmes
– des fonds détournés pour rembourser le fisc,
– et un enchevêtrement de situations où chacun défend sa logique… souvent au mépris de celle des autres.
La pièce excelle précisément dans cette tension : le décalage entre de grandes convictions et les petites réalités du quotidien, cet entre-deux où se fabrique la comédie humaine.
Une mise en scène rythmée et un casting impeccablement accordé
Jean-Luc Moreau signe une mise en scène dynamique, précise dans son tempo comique. Aucun temps mort : répliques qui fusent, entrées et sorties millimétrées, scènes collectives menées tambour battant.
Et la distribution contribue largement à l’efficacité de l’ensemble.
Aude Lener, Juliette Poissonnier, Emmanuel Donzella, Olivier Yéni et Benjamin Bollen forment un quintet parfaitement équilibré. Tous trouvent le ton juste : un jeu sans cynisme excessif mais avec ce grain de folie indispensable pour faire respirer une comédie de caractères. Ensemble, ils donnent vie à une galerie de personnages immédiatement reconnaissables — militants maladroits, sceptiques professionnels, arnaqueurs élégants — et toujours très drôles.
Une scénographie simple mais significative
Olivier Prost propose un espace scénique lisible, qui épouse l’énergie de la pièce sans la surcharger. Les costumes (Marie Credou) participent, eux aussi, à dessiner des silhouettes fortement typées, tandis que la musique de Sylvain Meyniac et les lumières de Jacques Rouveyrollis renforcent l’élan comique sans jamais l’appuyer lourdement.
Une comédie d’époque qui capture nos contradictions
Ça va chauffer ! s’inscrit dans cette veine de comédies contemporaines qui parlent d’un sujet brûlant — ici, l’écologie — non pas pour en faire un manifeste, mais pour en révéler les paradoxes au sein même de nos vies privées.
Le couple, l’immeuble, les finances, les intérêts personnels, les idéaux parfois mal assumés… tout agit comme un miroir comique qui renvoie chacun à ses propres contradictions.
Le résultat est vif, enlevé, populaire au meilleur sens du terme : un spectacle qui fait rire tout en pointant du doigt les absurdités de notre époque.
Un divertissement efficace, bien joué, qui prouve qu’on peut parler climat sans faire grise mine.
Un grand merci à l’attaché de presse Nadir Hammaoui pour cette invitation.
INFOS PRATIQUES
ÇA VA CHAUFFER
De Sylvie AUDCOEUR, Bruno CHAPELLE et Olivier YÉNI
Mise en scène : Jean-Luc MOREAU
Costumes : Marie CREDOU
Scénographie : Olivier PROST
Lumières : Jacques ROUVEYROLLIS
Musique : Sylvain MEYNIAC
Avec Aude LENER, Juliette POISSONNIER, Emmanuel DONZELLA, Olivier YÉNI, Benjamin BOLLEN
du 26 septembre 2025 au 3 janvier 2026
les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 19h30
34 rue Richer
75009 Paris
